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François Hollande a cédé devant Londres et Berlin
Mis à jour le 08/02/2013 à 22:06 | publié le 08/02/2013 à 21:25
Francois Hollande, vendredi à Bruxelles.
À l'issue du sommet européen sur le budget, la France n'a pas réussi à défendre ses positions face aux exigences de David Cameron, soutenu par Angela Merkel.Cela avait l'air simple, dit comme ça. Élu président de la République, François Hollande se ferait fort de «réorienter l'Europe». De la faire dévier de ses inclinations par trop libérales pour la remettre sur les rails du soutien à la croissance. Trois rencontres au sommet plus tard, force est de constater que l'opération se présente nettement moins bien qu'espéré.
En juin 2012, la renégociation du traité européen, que François Hollande s´était targué d'avoir obtenu de ses partenaires, avait pu faire un moment illusion. Mais des doutes s'étaient assez vite exprimés sur la réalité des 120 milliards d'euros arrachés par la France.
Vendredi, à l'issue du sommet européen sur le budget, la vérité est crûment apparue: la France n'a pas réussi à défendre ses positions face aux exigences de David Cameron, soutenu par Angela Merkel. Au sortir d'une nuit complète de négociations, la tonalité générale se résumait ainsi dans les couloirs du Conseil européen: «La France s'est couchée.» Et il fallait toute la force de persuasion des membres de la délégation française pour convaincre les observateurs de la position «responsable» qu'avait su adopter le président français dans les discussions. Notamment parce que la France aurait eu un intérêt objectif à l'échec du sommet. Dans un tel cas, le pays aurait conservé le même niveau d'aides agricoles que dans le dernier budget, alors qu'il s'agissait de les réduire.
En acceptant le compromis, donc une baisse de la PAC, François Hollande se serait donc montré «responsable». «C'est vrai qu'il y a une diminution», a reconnu le président de la République, tout en se félicitant que la PAC ait été «pour l'essentiel préservée».
Mais, quel que soit l'habillage destiné à lui donner des allures de victoire française, la lecture politique du sommet européen reste cruelle pour le chef de l'État. Le budget européen va baisser et ce pour la première fois de son histoire. La ligne de rigueur défendue par Cameron et Merkel l'a emporté. La réorientation vers le soutien à la croissance n'a pas eu lieu. Pour François Hollande, c'est un échec, même s'il s'en défend. «En réalité, si nous dépensons tout ce qui est prévu pour les sept prochaines années, nous dépenserons plus que durant les sept dernières», a assuré le chef de l'État en distinguant les paiements réels des crédits programmés (pas forcément dépensés). Bref, le budget européen baisse mais, en réalité, les dépenses augmenteraient.
La démonstration est subtile, et François Hollande lui-même n'en semble pas très convaincu. D'ailleurs, qualifiant l'accord de «bon compromis», le chef de l'État ajoute aussitôt une nuance: un bon compromis «dans les conditions que l'on sait et les circonstances que l'on connaît». Soit la crise et la rigueur. Au bout du compte, en forme d'aveu, François Hollande l'a déploré: «L'Europe n'a pas forcément gagné autant qu'elle aurait pu.»