Otages : La France aurait versé une rançon de 17 millions de dollars
Par La Rédaction | 08/02/2013 | 10:09
La France aurait payé une rançon d’environ 17 millions de dollars, pour tenter d’obtenir – sans succès – la libération de quatre otages français enlevés au Niger en 2010 et probablement détenus en ce moment dans le nord du Mali.
C’est ce qu’affirme une ancienne ambassadrice des États-Unis à Bamako, dans un entretien exclusif à iTélé, diffusé ce vendredi.
Vicki Huddleston fut ambassadrice des États-Unis au Mali
de 2002 à 2005, chargée des affaires africaines au Secrétariat à la Défense de juin 2009 à décembre 2011.
” Il y a deux ans, Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a pris des Français en otages dans une mine d’uranium au nord du Niger, et pour faire libérer ces otages la France a payé une rançon d’environ 17 millions de dollars”, déclare-t-elle dans cette interview d’iTélé.
Rançons versées indirectementSelon elle, l’argent a transité par le gouvernement malien avant de finir, pour partie, dans les mains d’AQMI, qui a revendiqué l’enlèvement.”Les rançons, comme toutes les rançons, ont été payées indirectement. Elles ont terminé entre les mains du gouvernement malien et ensuite elles sont retournées, du moins une partie, aux salafistes”
, affirme-t-elle.
“Je suppose que la plupart des gens étaient au courant, les Algériens particulièrement savaient ce qui se passait quand des otages étaient libérés”, a ajouté l’ex-diplomate.
Selon Vicki Huddleston, dont l’interview a été enregistrée jeudi en duplex d’Albuquerque et diffusée vendredi, les Européens ont versé 89 millions de dollars entre 2004 et 2011 pour obtenir des libérations d’otages. C’est “le chiffre dont j’ai entendu parler et que j’ai vu écrit noir sur blanc”.
La France nie avoir payé des rançonsLa France a toujours nié avoir versé la moindre rançon pour résoudre des prises d’otages à l’étranger. Les quatre otages se trouveraient actuellement dans le nord du Mali avec les trois autres Français enlevés au Sahel.
“Quand les gouvernements nient avoir payé des rançons, tout le monde sait que de l’argent passe de mains en mains et par différents intermédiaires et que cela termine dans la trésorerie, pouvons-nous dire, d’AQMI et que cela leur permet d’acheter des armes et de recruter”, a déclaré Vicki Huddleston.
Sept otages français sans doute détenus dans le nord du MaliLes quatre otages pour lesquels une rançon aurait été versée ont été enlevés à Arlit (Niger) le 16 septembre 2010. Deux autres otages français ont été enlevés à Hombori (Mali) le 24 novembre 2011 et un autre le 20 novembre 2012 près de Kayes (Mali).
Les sept otages seraient détenus, dans le nord du Mali, dans le massif des Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes où selon des experts et des sources de sécurité, une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés.