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 Tunisie : le parti Ennahda dans le piège de la violence

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Jamel
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Jamel


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MessageSujet: Tunisie : le parti Ennahda dans le piège de la violence   Tunisie : le parti Ennahda dans le piège de la violence Icon_minitimeJeu 7 Fév - 7:52

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Tunisie : le parti Ennahda dans le piège de la violence

Mis à jour le 06/02/2013 à 21:10 | publié le 06/02/2013 à 19:12

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Manifestation devant le ministère de l'Intérieur ,dirigé par un membre d'Ennahda, mercredi à Tunis, après l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd.

L'assassinat, mercredi, de l'opposant Chokri Belaïd met en lumière la position ambigüe du parti islamiste au pouvoir vis-à-vis de la violence qui s'empare de toute la société tunisienne.

Sociale, politique et religieuse, la violence en Tunisie vient de franchir un nouveau palier avec l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd, le premier depuis que la révolution démocratique s'est installée dans ce pays il y a deux ans. S'il ne peut être tenu pour coupable, le parti islamiste modéré Ennahda, au pouvoir, en porte la responsabilité politique, pour n'avoir pas su juguler cette violence qui sourd de toutes parts - et l'avoir même parfois encouragée.

Lors de sa dernière réunion, vendredi 1er février, le parti Ennahda a ainsi manifesté son soutien aux personnes emprisonnées à Tataouine, celles-là mêmes qui sont suspectées d'avoir participé au lynchage, le 18 octobre 2012, de Lotfi Nagdh, représentant du parti d'opposition Nidaa Tounes dans cette ville du sud de la Tunisie.

Député Ennahda à l'Assemblée nationale constituante, Ali Fares est allé plus loin en justifiant ainsi cet acte criminel: «Ceux qui sont descendus à Tataouine cherchent à épurer le pays des vestiges du régime déchu. Ils n'ont fait qu'œuvrer pour la réalisation d'un des objectifs de la révolution, qui est la purge contre les ex-RCDistes».

Le responsable de Nidaa Tounes, Lotfi Nagdh, n'était pas un dirigeant du RCD, le parti du dictateur déchu Ben Ali. Il n'en a pas moins été la première victime politique de la Tunisie révolutionnaire. Il fut tué lors d'échauffourées fomentées par la «Ligue de protection de la révolution», le bras armé d'Ennahda, dont l'opposition a réclamé en vain la dissolution.

Le week-end dernier, la Ligue de protection de la révolution a perturbé deux réunions politiques de l'opposition, à Kairouan et au Kef, séquestré un responsable à Gabès et s'en est prise à des bureaux de Nidaa Tounes.

Impunité pour les salafistes

Membres d'Ennahda, les ministres de l'Intérieur et de la Justice sont montrés du doigt, y compris par les alliés laïques du parti islamiste qui réclament leur démission. Quand il ne protège pas ses ligues, le gouvernement d'Ennahda fait preuve de mansuétude à l'égard des salafistes, dont les thèses sont partagées par sa base électorale.

Se multiplient depuis plusieurs mois les destructions de mausolées soufis, actions imputables à des musulmans fondamentalistes, mais personne n'a été arrêté. Les auteurs de l'attaque de l'ambassade américaine, le 14 septembre 2012, n'ont été que partiellement condamnés, et pour la plupart libérés depuis. Même impunité pour les salafistes coupables d'agressions contre des laïques ou des opposants.

Cette violence, qu'il tente parfois d'orchestrer, peut aussi se retourner contre Ennahda. Les régions déshéritées, telles celles de Sidi Bouzid et Kasserine, là où est née la révolution, sont en proie à une agitation sociale permanente. C'est sous les jets de pierres que le chef de l'État et le président de l'Assemblée ont quitté les commémorations du deuxième anniversaire de la révolution, à Sidi Bouzid, en décembre dernier.

Cette fronde des déshérités se tourne naturellement contre les partis au pouvoir. Attentive aux mouvements sociaux, l'extrême gauche tunisienne, à laquelle appartenait Chokri Belaïd, pourrait être tentée de répondre à la violence par la violence.
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