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Téhéran joue la montre sur le nucléaire
Mis à jour le 05/02/2013 à 07:08 | publié le 04/02/2013 à 20:18
Hamidreza Dehghani, le représentant de l'Iran à l'Organisation de la coopération islamique, assiste à une réunion des ministres des Affaires étrangères lundi, au Caire.
L'Iran annonce une relance des pourparlers après avoir récemment multiplié les signaux inquiétants.Ce sont les premières ouvertures diplomatiques depuis l'échec des négociations de Moscou en août 2012. À Munich, où elles étaient réunies pour la 49e Conférence sur la sécurité, les grandes puissances ont proposé à l'Iran de relancer les pourparlers sur son programme nucléaire, le 25 février au Kazakhstan. Le vice-président américain Joe Biden a par ailleurs suggéré à la république islamique d'entamer des contacts directs et bilatéraux. À condition cependant que Téhéran considère cette ouverture comme une «offre vraiment sérieuse» et non «comme un alibi».
Le fait que le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, ait considéré «positivement» la demande faite à Munich ne préjuge en rien de l'avenir des négociations. Les propos du ministre, qui a répété à la tribune que l'Iran, «berceau de la civilisation», exigeait d'être placé «sur un pied d'égalité», de «déterminer lui-même son destin», sans «ingérence extérieure» et «ne discuterait pas avec quelqu'un qui le regarderait de haut», ne sont pas de bon augure. Au sujet des États-Unis, Ali Akbar Salehi a fait ce commentaire: «Cette fois, il faut que l'autre partie ait vraiment envie de parvenir à une solution» et cesse d'utiliser sa «rhétorique menaçante», c'est-à-dire de proposer de négocier tout en imposant des sanctions contre l'Iran.
Il n'y aura discussion, a prévenu le chef de la diplomatie iranienne, que lorsque «nous aurons confiance dans la sincérité des Américains». Certes, Ali Akbar Salehi n'est pas investi d'un pouvoir décisionnaire sur la question du nucléaire. Mais il ne s'est pas non plus déplacé à Munich sans un agenda bien préparé. Les récents signaux émis par Téhéran sur le sujet n'incitent guère à l'opti­misme. En août dernier, les négociations avaient achoppé sur le refus iranien de suspendre l'enrichissement à 20 % de son uranium à Fordow et d'exporter ses stocks existants. Depuis, les activités d'enrichissement, régulièrement constatées par l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique, n'ont fait que se développer.
Téhéran multiplie les annonces provocantes concernant son programme nucléaire, qu'il s'agisse du projet de nouvel avion de combat aux formes futuristes ou des tentatives de développer son programme balistique en envoyant des satellites en orbite. Les autorités iraniennes ont aussi fait part de leur intention de moderniser le site nucléaire de Natanz en y installant de nouvelles centrifugeuses. Info ou intox? Finalement, peu im­porte. «Les deux parties sont très éloignées l'une de l'autre», expliquait, sur le même plateau munichois, Vali Nasr, chercheur de l'université Hopkins. Il ne voit pas vraiment «d'opportunité d'aboutir» sur le sujet en 2013. En tout cas au niveau diplomatique.
«De bons joueurs d'échecs»Car, pour le reste, les choses n'ont pas changé après les élections à Washington et Tel-Aviv. Joe Biden, le vice-président américain, a prévenu que la «fenêtre diplomatique» allait «se refermer». Même Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, d'ordinaire très lisse, a exhorté les Iraniens à «réagir». Quant au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, il a réaffirmé que la question de la bombe iranienne serait l'un des défis majeurs de son nouveau gouvernement.
À Munich, son ministre de la ­Défense, Ehoud Barak, a rappelé que les dirigeants iraniens sont «de bons joueurs d'échecs», capables d'«anticiper le jeu». En d'autres termes, capables de trouver tous les moyens pour gagner du temps. Jusqu'à épuisement de la patience ­­­ad­verse.