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Syrie : le raid israélien aurait visé un convoi d'armes
Mis à jour le 31/01/2013 à 15:41 | publié le 31/01/2013 à 14:21
Chasseurs-bombardiens israéliens
Israël avait prévenu que le transfert d'«armes stratégiques» au Hezbollah libanais pourrait justifier des frappes préventives.Les informations révélées dès mercredi par
Le Figaro , selon lesquelles l'aviation israélienne aurait mené, dans la nuit de mardi à mercredi, plusieurs raids aériens contre des cibles situées dans la zone frontalière entre la Syrie et le Liban, ont été confirmées par plusieurs sources. La Syrie a reconnu qu'une attaque avait eu lieu contre son territoire. Le Liban, qui avait fait état du survol de son espace aérien, a démenti que les appareils israéliens aient bombardé des cibles sur son sol. Pour l'heure, les informations restent fragmentaires, mais sont relativement concordantes. Le nombre exact et l'objectif des raids sont encore difficiles à évaluer.
De façon inhabituelle, les médias d'État syriens ont annoncé qu'un raid israélien avait eu lieu. Les appareils auraient pris pour cible un «centre de recherches militaires» à Jamraya, dans les faubourgs de Damas. Deux personnes travaillant sur le site auraient été tuées et cinq autres blessées. Le régime syrien a accusé les «gangs terroristes» syriens - le terme qu'il utilise pour désigner les insurgés - d'avoir aidé à la désignation et au guidage des appareils israéliens. Le centre de Jamraya, situé à quelques kilomètres à peine du palais présidentiel, pourrait avoir servi au stockage d'armes chimiques, et des défenses antiaériennes auraient été jusqu'à une date récente stationnées aux environs.
Mises en garde répétéesLes officiels israéliens s'en tiennent à leur règle habituelle: pas de commentaires. Mais les médias, qui citent des «sources étrangères» pour échapper aux règles de la censure, font état d'un ou de plusieurs raids visant un convoi se déplaçant en territoire syrien en direction de la frontière libanaise, et transportant des armes sophistiquées destinées au Hezbollah.
Cette attaque aurait eu lieu non loin d'un complexe militaire du nom de Yafour, près de la frontière libanaise, près de la ville de Zabadani. Selon l'analyste militaire israélien Amos Harel, du quotidien
Haaretz , ce convoi aurait pu être en train de transférer au Hezbollah libanais des missiles antiaériens de type SA-17, profitant du mauvais temps qui règne en ce moment dans la région et gêne l'observation aérienne.
Israël a récemment multiplié les avertissements à la Syrie, à l'Iran et au Hezbollah pour les dissuader de transférer une partie de l'arsenal syrien au Liban. Cette semaine encore, ces mises en garde ont été répétées par des «fuites» de réunions du cabinet de sécurité. Israël a tracé plusieurs «lignes rouges», qui, si elles sont franchies, pourraient justifier des actions militaires préventives. Elles portent en particulier sur le transfert d'armes «stratégiques» au Hezbollah, allié de la Syrie et bras armé de l'Iran sur la frontière nord d'Israël.
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Les «armes stratégiques» surveilléesL'expression d'«armes stratégiques» désigne plusieurs systèmes d'armes, qui pourraient altérer de façon significative l'équilibre militaire s'ils étaient livrés au Hezbollah.
Les armes chimiques. Israël ne veut pas que le Hezbollah puisse équiper ses missiles à moyenne portée - et notamment ses Scud - de charges chimiques, dont la Syrie détient d'importants stocks. L'arsenal balistique du Hezbollah est déjà suffisamment important, et l'ajout de têtes chimiques à ces missiles renforcerait leur capacité.
Les missiles antiaériens. Israël dépend largement de sa supériorité aérienne quasi absolue dans la région pour le renseignement et la dissuasion, et, en cas de conflit, pour détruire les rampes de lancement de missiles du Hezbollah. L'armée de l'air israélienne craint que le transfert au Hezbollah de systèmes de DCA tels que le SA-17 «Buk», livré ces dernières années par la Russie à la Syrie, ne rende l'espace aérien libanais plus dangereux pour ses appareils, renforçant les capacités du Hezbollah à dissimuler ses arsenaux et à protéger ses sites de lancement en cas de guerre.
Les missiles antinavires. Les Israéliens avaient eu la mauvaise surprise de voir l'un de leurs navires touché par un missile antinavire tiré par le Hezbollah pendant la deuxième guerre du Liban, en 2006. Ils craignent à présent que le mouvement libanais se dote de nouveaux missiles sol-mer, et notamment les missiles «Yakhont», livrés en 2011 par la Russie à la Syrie. Ces missiles pourraient atteindre les bâtiments militaires israéliens au large des côtes libanaises, mais aussi les plateformes de forage gazier sur les vastes gisements qu'Israël commence à exploiter en Méditerranée orientale.
Les nouvelles générations de missiles balistiques. Les Scud-B et les M-600, deux modèles à la précision et à la portée améliorées, en dotation dans l'armée syrienne, augmenteraient les capacités du Hezbollah à frapper profondément le territoire israélien en cas de conflit, et notamment à toucher des cibles choisies, au lieu de tomber un peu au hasard sur les agglomérations.