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Algérie : l'opération terroriste a été préparée de longue date
Mis à jour le 18/01/2013 à 22:03 | publié le 18/01/2013 à 19:16
Le site d'In Amenas, ultrasécurisé, est impénétrable sans complicités internes.
Le mode opératoire des djihadistes, qui connaissaient bien le terrain, montre qu‘ils avaient planifié leur raid.Les conditions dans lesquelles a été réalisée la prise d'otages d'In Amenas, dans le désert algérien, sont encore entourées d'un grand flou, mais tout porte à croire qu'elle avait été organisée longtemps à l'avance. «Cette opération a vraisemblablement été préparée de longue date. L'accélération des événements au Mali n'a fait que précipiter les choses, pousser les terroristes à agir», explique, sous couvert d'anonymat, un ancien haut responsable du département du renseignement et de la sécurité (DRS) algérien.
Selon des anciens membres des services de renseignements interrogés par
Le Figaro, «il est tout simplement impossible d'improviser en quelques jours une telle opération». L'un d'eux, qui a longtemps baroudé dans ces coins d'Afrique, raconte que ce type de site, ultrasécurisé, est impénétrable à toute personne étrangère à l'usine. «À moins d'avoir réussi à créer des complicités internes, à tous les niveaux.» La zone est surveillée par les satellites français et américains. Les militaires algériens ont établi des points de contrôle dans tout le secteur.
Dans cet immense espace désertique, les questions de logistique sont très compliquées. «Les terroristes ont forcément utilisé la tactique du Petit Poucet, enterrant longtemps à l'avance dans le désert, sur des sites qu'ils retrouvent ensuite facilement grâce aux GPS, tout ce dont ils auraient besoin pour mener à bien l'opération et pouvoir rapidement traverser le désert: armes, vivres, essence, radios, téléphones portables…», poursuit la même source.
Une «politique de la fourmi» sans doute mise en place, selon lui, depuis plusieurs mois. «S'ils avaient débarqué il y a trois jours avec des dizaines de 4 × 4 bourrés d'armes, ils n'auraient jamais pu franchir les contrôles. Ils y sont allés au compte-gouttes», conclut-il.
Complexité logistique énormeLes premières bribes de témoignages provenant d'In Amenas semblent corroborer la thèse d'une opération préparée bien en amont. Les terroristes, racontent les témoins, paraissaient très organisés. Ils connaissaient visiblement le site et la base. Ils ont agi méthodiquement, coupant, par exemple, la production de l'usine après en avoir pris le contrôle. Certains avaient revêtu des uniformes de l'armée pour se faire passer pour des militaires algériens.
Au ministère français de la Défense, cette thèse ne fait aucun doute. «L'opération était d'une complexité logistique énorme. La prise d'otages a eu lieu à la frontière libyenne, de l'autre côté du Mali. Les terroristes n'ont pas pu traverser le désert en vingt-quatre heures. Ils venaient probablement d'Algérie», explique une source dans l'entourage du ministre.
Ces informations suffisent-elles à en faire une affaire strictement algérienne? Les terroristes n'auraient-ils agi que pour déstabiliser le gouvernement d'Alger? Ce serait oublier que, dans la région, tout le monde se préparait depuis longtemps à la possibilité d'une intervention militaire française au Sahel.
Cette éventualité a permis aux autorités algériennes de réfléchir longuement avant d'accepter d'ouvrir leur espace aérien aux chasseurs français. Elle peut aussi avoir permis aux djihadistes de fomenter, depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois, une opération qui toucherait tout le monde à la fois.