Dimanche 28 octobre 2012
Football professionnel à l'Ouest : La longue traversée du désert
Par Adjal L.
Si les deux championnats de Ligue 1 et Ligue 2 venaient à s'arrêter,le MCO, le WAT, l'USMBA, l'ASMO,le CRT et le SAM rétrograderaient d'office, les trois premiers cités en Ligue 2, tandis que les trois autres retomberaient en division nationale amateur, perdant ainsi leur statut professionnel. Certes, depuis plusieurs années,le football de l'Ouest est en déclin, mais cette saison risque d'être catastrophique. Ne résistons pas à l'envie de citer un confrère qui a utilisé une belle et significative image : « Après des décennies de sècheresse hydraulique, l'Oranie vit sa traversée du désert footballistique » Après de nombreuses années de gloire, l'Ouest semble frappé par un sorte de malédiction, que nous résumerons en sept chapitres pour une lecture aisée.
DIRIGEANTS Avec les joueurs, ils représentent une grande partie du « corps » footballistique. Il existe de bons dirigeants, sincères et dévoués, à l'image des anciens que nous avons connus, mais ils sont minoritaires et subissent la loi des « dinosaures » sans foi ni loi. Ces derniers temps, la presse tire à boulets rouges sur la plupart des dirigeants, rendus responsables des malheurs des clubs. Quelques uns ont démissionné, mais beaucoup s'accrochent, alors que les supporters, excédés, exigent qu'ils partent. On doit bien se rendre à une évidence, c'est une classe dirigeante nouvelle, avec de beaux parleurs, qui est aux commandes, semant le désordre et la zizanie. Il n'y a qu'à voir la mauvaise gestion des clubs dont ils ont la charge, pour se rendre compte, qu 'ils font fausse route. Leur gérance englobe toutes les actions entreprises, dans les domaines financiers , structurels et même techniques, un volet où ils sont des proies faciles pour les prétendus « managers » de joueurs. Un vieux sportif, observateur éclairé, nous a déclaré : « Après tant d'années, mon opinion est faite, les dirigeants sont les plus grands responsables du déclin de notre football.
Les autres causes viennent après ! » Comment lui donner tort au vu de l'effarant constat de clubs sans âme menacés de relégation ?
JOUEURS Dans l'échelle des causes de ce marasme, on considère que les joueurs méritent leur place de « dauphins ». D'abord, la plupart n'ont pas le niveau requis par la pompeuse appellation de professionnels, ignorant totalement les devoirs qu'un tel statut implique. Au fil des années, la technique, vertu cardinale dans toutes les disciplines, s'est raréfiée. On se rend compte que le nombre de candidats footballeurs est inversement proportionnel aux aptitudes à exercer ce sport où les tricheurs et les faibles sont vite débusqués. Et pourtant, par défaut et faute de mieux, des contrats leur sont proposés contre des cachets qui donnent beaucoup de regrets et des maux de tête, aux footballeurs des décennies écoulées. Conscients de la bonne affaire, ils se comportent de façon mercantile, pour tirer le plus grand profit possible. Leur état d'esprit est déplorable. A titre d'exemple, ils n'acceptent pas d' être sur le banc, alors que dans les plus grands clubs du monde, d'authentiques stars y prennent place sans rechigner le moins du monde lorsque leurs entraineurs font ce choix. Sur le plan purement technique, l'esprit est fixé sur les résultats immédiats et les primes qui en découlent, ils évoluent en « sur -régime », à un rythme exagéré. Conséquence inéluctable, ils désapprennent à jouer, ce qui est le meilleur moyen d' égarer le peu de technique qu'ils avaient. N'oublions pas non plus les tricheurs, ce qui lèvent le pied pour une raison ou pour une autre, comme, par exemple, pour limoger un entraineur dont les méthodes ne leur conviennent pas,
FORMATION Début octobre, dans ces mêmes colonnes, nous avions consacré une page intitulée « Les prémices d'une mort annoncée » concernant le football de l'Ouest. Nous avons mis l'accent sur le volet de la formation et sur le recrutement,où, chaque été, les clubs de l'Oranie sont chapardés par les dirigeants du Centre et de l'Est mieux nantis en moyens financiers. Par le passé, on a rarement vu un joueur de l'ouest aller monnayer son talent ailleurs. Autres temps, autres moeurs, on abandonne son club formateur sans aucun état d'âme. L'amour du maillot ? Un principe obsolète et dépassé ! Les clubs forment de moins en moins pour une raison des plus évidentes. Il existe peu d'enfants réellement doués. Par ailleurs, la formation qui leur est dispensée est rarement en adéquation avec leurs profils. On a l'intime conviction que certains entraineurs font fausse route en dépersonnalisant leurs élèves qui perdent ainsi l'essentiel de leurs qualités et deviennent des « robots ». Autre constat accablant: Il se dit que pour cette caste de techniciens, un critère est le plus important à leurs yeux, à savoir... le métier du père du joueur ! Faut-il un dessin ?
RECRUTEMENT Chaque été et chaque hiver, un mot à la mode, mercato, revient. Les dirigeants s'agitent, chacun étant convaincu d'avoir réalisé la meilleure affaire. Au départ déjà, il s'agit d'une anomalie,cette opération devant revenir à l'entraineur qui connait les manques de l'effectif. Mais, aiguillonnés par une concurrence féroce, les dirigeants mettent la charrue avant les boeufs, recrutant à tour de bras avant d'engager un entraineur. Cette façon de faire a été déplorée de tout temps, sauf par quelques techniciens tout heureux d'être aux commandes. Mis devant le fait accompli, les premiers cités sont contraints d'accepter ce cadeau empoisonné. Très souvent, tous les dirigeants s'immiscent dans un domaine qui n'est pas dans leurs compétences. A ce propos, nous avons en mémoire une anecdote concernant un club de Ligue 1.Le président s'est prévalu de son savoir-faire technique auprès de son entraineur. Réponse cinglante de ce dernier : « Alors, pourquoi m'avez-vous engagé ? Voilà mon survêtement, je vous en fais cadeau et entrainez votre équipe ! »
VALSE Ces ingérences pour le moins intempestives débouchent fatalement sur la valse des entraineurs qui fait tant de ravages. Il n'y qu'à voir le nombre de techniciens dégommés dans les deux ligues professionnelles alors que les deux championnats n'en sont qu'à la huitième journée. Même les techniciens étrangers, pourtant courtisés avec fortes devises, sont poussés vers la porte de sortie.
Comment expliquer ces soudains revirements d'opinions à propos de ces entraineurs compétents hier et bons à jeter le lendemain ? Comment admettre de telles volte-face qui ne visent qu'à satisfaire, pour une courte période, les supporters, de plus en plus exigeants. Ces changements, quoi qu'on dise, se répercutent de façon négative sur le rendement des joueurs contraints de passer d'une méthode à une autre. Or, chaque entraineur possède sa propre conception du travail et son système de jeu préféré. Et comme l'assimilation n'est pas la vertu première des joueurs, on comprend leur désarroi et les bourdes commises sur le terrain.
NOMADISME L'instabilité prévalant au sein des clubs de l'Ouest pousse les meilleurs à aller monnayer leurs services ailleurs où, il faut le reconnaître, ils sont mieux considérés et mieux traités. La loi de l'offre et de la demande est implacable. Par rapport aux clubs du Centre et de l'Est , ceux de l'Ouest sont délaissés par les sponsors lesquels entendent faire fructifier leur image en s'associant à des clubs à forte assise populaire et, de préférence, jouant les premiers rôles. Pour ces entreprises, il n'y a que le présent qui compte et non pas les succès antérieurs. A titre d'exemple, un club comme le WAT, qui a remporté des trophées il n'y a pas si longtemps, est ignoré par les structures. Or, ne disposant pas d'un budget en conformité avec ses ambitions, le Wided végète dans les profondeurs du classement, car ses meilleurs éléments, formés ou recrutés, ont quitté le bateau. C'est la même situation, à des vatiantes près, qui prévaut au sein des autres clubs, étant entendu que le MCO n'a pas encore bénéficié du partenariat de Naftal. Faute de nerf de la guerre si «cher» aux dirigeants en place, les clubs de l'Ouest engagent une floppée de joueurs de deuxième et de troisième choix à l'esprit loin d'être irréprochable.Or, une équipe doit reposer sur une solide ossature pour prétendre à l'excellence.
CORRUPTION Avec la corruption qui fait des ravages, la boucle est bouclée. La récente affaire CAB-JSS en est un exemple type et, selon les milieux bien informés, ce n'est qu'une partie de l'iceberg. Les médias sont d'accord pour dire que des titres et des «sauvetages» n'ont été obtenus qu'à l'aide de pratiques délictueuses. Fabriquer donc des palmarès factices ne trouble aucune conscience chez certains dirigeants. Sur le dos des supporters, combien d'arrangements douteux ont été conclus ? Une grande quantité sans doute. La corruption donne une fausse image du niveau des équipes et, par voie de coséquence, du football.
MOYENNES On dit que les chiffres parlent. Nous avons calculé les moyennes des six clubs évoqués dans cette analyse. Ces moyennes sont effarantes et attestent le parcours désastreux de ces clubs. Le moins que l'on puisse dire,c'est qu'on ne peut contester ces chiffres. A défaut d'une réaction, il y a fort à parier que de mauvaises surprises risquent de se produire au terme de la saison. A titre d'information, voici ces moyennes.