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L'émouvant hommage aux 32 morts du Concordia
Mis à jour le 14/01/2013 à 07:11 | publié le 13/01/2013 à 18:14
Moment de recueillement, dimanche, sur l'île toscane du Giglio, un an après le naufrage du
Concordia.
Les familles des victimes ont été choquées par les déclarations de l'ex-commandant Schettino.La foule massée dans la petite église du port du Giglio entend, silencieuse et recueillie, le Kyrie et le Gloria de la «messe des anges». Un an après le naufrage, l'office dominical célèbre la mémoire des 32 victimes du Concordia, avec une sobriété et une profondeur qui voilent les regards de l'assemblée. Rescapés, familles des victimes et habitants sont venus nombreux, encadrés par l'évêque, six prêtres et les autorités civiles et militaires pour commémorer le premier anniversaire du drame.
«On ne peut pas dire que cela nous fait du bien mais on est content d'être là, c'est un grand jour pour tout le monde», dit Hilaire Blémand, le père de Mickaël, jeune homme retrouvé noyé avec Mylène, sa fiancée. Une centaine de Français ont fait le déplacement, épaulés par Anne Decré, la présidente du Collectif des naufragés français du
Concordia. Sur les 32 victimes, six étaient françaises. Le récit de la nuit du drame revient dans toutes les bouches des rescapés. La panique, l'obscurité, l'inclinaison, le mobilier qui chute, les enfants qui hurlent. «On a failli y passer, répète Danièle, passagère du
Concordia. Ça laisse des traces, croyez-moi!» Deux jeunes psychologues sont là pour la journée, sur l'initiative du collectif.
«C'est un fanfaron, en aucun cas un marin» «Pour recueillir des mots, leur émotion, à la volée, s'ils veulent», explique Lydie, l'une d'elles. Jean-Louis, un autre rescapé, dit avoir échappé aux phobies qui entravent aujourd'hui beaucoup de passagers. «J'y pense beaucoup mais je referai des croisières, dit ce marin retraité. C'était mon métier, la navigation.» Ancien timonier, il a passé 16 années à la barre de navires câbliers. Ce qu'il «n'avale pas», c'est «la folie» du commandant du
Concordia, Francesco Schettino. «C'est un fanfaron, en aucun cas un marin», accuse-t-il. Dimanche encore, Schettino s'est exprimé sur la chaîne italienne RAI 1 pour redonner sa version des faits, provoquant la colère des familles. «En ce jour anniversaire, il n'a même pas la décence d'observer le silence», cingle le père d'une victime.
La journée de commémoration du naufrage du Concordia s'est achevée sur une déception. La centaine de rescapés français venus pour l'occasion a dû repartir de l'île du Giglio avant que l'hommage le plus émouvant n'ait été rendu. Ils n'auront pas pu se recueillir à 20h45, l'heure du drame, dans le petit port où les sirènes des bateaux ont retenti, avec une solennité glaçante, en mémoire des 32 victimes. Epaulés par la présidente du Collectif des naufragés français du Concordia, Anne Decré, ils espéraient lâcher 32 lanternes volantes dans la nuit, après avoir observé une minute de silence.
Vivre leur douleur ensemble Après de longues négociations avec les autorités municipales, Anne Decré avait obtenu que le dernier ferry reliant l'île au continent soit repoussé de 18 heures à 22 heures afin de permettre aux familles de vivre ce moment intense. Une initiative contraire aux plans déterminés par Costa Croisières qui, «pour des raisons de logistique et de sécurité», n'avait souhaité que la présence des familles endeuillées sur l'île. Les rescapés étaient invités à se rendre à une messe à Paris, en l'église de la Madeleine. Une division qui avait révolté les familles, désireuses de vivre leur douleur ensemble «comme nous l'étions sur le Concordia», s'indigne Anne Decré.
Venue malgré les recommandations de Costa, la centaine de Français a quand même pu assister aux autres cérémonies qui se sont déroulées dans la journée. Seuls cinq d'entre eux n'ayant pu arriver que par le ferry de 17h30 ont dû repartir une demi heure après, n'ayant pu voir que l'épave du Concordia. «C'est vraiment triste, dit l'un d'eux en pleurant. Tout ça pour ça».
Au port du Giglio, à l'heure de l'accident, une procession aux flambeaux est partie depuis l'église pour aller observer une minute de silence près de l'épave et déposer dans l'eau 32 petites lumières.