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L'UE et le FMI allègent la dette grecque de 40 milliards
Mis à jour le 27/11/2012 à 07:15 | publié le 27/11/2012 à 04:42
La dette grecque devra être ramenée à 124 % du PIB en 2020.
Après 14 heures de discussion, les créanciers d'Athènes se sont entendus sur des mesures permettant de ramener sa dette à un niveau soutenable d'ici dix ans, tout en évitant de parler d'effacement. Ils ont aussi débloqué 44 milliards d'aide.Les dix-sept pays de l'euro et le FMI ont validé dans la nuit un allègement d'environ 40 milliards d'euros du fardeau de la dette grecque et balisé pour au moins dix ans un retour du pays vers davantage de stabilité financière.
L'accord, «laborieux mais constructif» pour Christine Lagarde, a été scellé au bout de 14 heures de discussion, lors d'un quatrième rendez-vous extraordinaire depuis la mi-novembre. Il autorise le déboursement à partir du 13 décembre de trois tranches de crédits suspendues depuis l'été et permet au trésor grec d'éviter la banqueroute. L'enveloppe d'aide en retard atteint 44 milliards, dont 10 milliards que le conseil du FMI devra lui-même débloquer à son tour.
Dans le huis clos, l'objectif de l'allégement de dette a rapidement réuni l'adhésion des ministres des finances, de la directrice générale du fonds et du patron de la BCE Mario Draghi: il s'agit de ramener la Grèce sur une pente d'endettement qui lui laisse assez d'oxygène pour retrouver la croissance et, in fine, rembourser son dû. La dette devra être ramenée à 124 % du PIB en 2020 (au lieu de 145 % escompté). Elément nouveau, les Européens promettent de la réduire encore, «à moins de 10 %», en 2022. En filigrane, le scénario se profile d'une remise de dette en bonne et due forme d'ici quelques années. Après des mois d'incertitude politique et financière, Athènes et ses créanciers s'engagent pour le long terme.
Réduction du taux d'intérêt par les créanciers publicsRestait encore à préciser la nature et la répartition de l'effort immédiat demandé aux Européens: 20 % du PIB grec ou 40 milliards. Une bruyante controverse a retardé la conclusion jusqu'aux petites heures de mardi. Le FMI poussait à un abandon immédiat de créances publiques. Les trésors européens et le ministre allemand Wolfgang Schäuble s'y opposaient vent debout. L'hypothèque a été levée dans la nuit. Pour le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, le Fonds est désormais «complétement revenu à bord». Mario Draghi a annoncé «un retour de la confiance envers la Grèce et l'Europe». L'euro s'est ressaisi à l'ouverture des marchés en Asie.
Le plan arraché à l'Eurogroupe exclut pour le moment toute atteinte au principal de la dette. Mais il utilise les possibilités d'allègement de la part des trésors nationaux, de la BCE et du fonds de sauvetage européen. Afin de diminuer le fardeau, il réduit de 1 point le taux d'intérêt accordé à la Grèce par les créanciers publics. Il rallonge les échéances de ces prêts de 15 à 30 ans, c'est-à-dire au-delà de 2040. Il reporte de dix ans le paiement des intérêts au fonds de sauvetage FESF. Dès 2013, la BCE et les banques centrales nationales rétrocéderont quelque 11 milliards de profits réalisés sur les obligations grecques. L'Eurogroupe autorise enfin Athènes à racheter ses propres titres, avec une décote probable de plus de 60 %.
«L'accord de cette nuit met fin à une trop longue incertitude, lâche le commissaire à l'euro Olli Rehn avant d'ajouter la Grèce avait fini par s'imposer comme un test de crédiblité et d'aptitude à prendre des décisions». Aux yeux de Christine Lagarde, «la Grèce est à nouveau sur la voie d'une dette viable».