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Quand Sarkozy parle à Fillon d'un nouveau vote à l'UMP
Publié le 26/11/2012 à 22:21 Nicolas Sarkozy et François Fillon (ici à Paris, en octobre dernier) ont déjeuné ensemble lundi.
L'ex-chef de l'État a déjeuné avec son ancien premier ministre lundi. Il lui a conseillé d'éviter toute action en justice.Le déjeuner rue de Miromesnil était prévu depuis trois semaines. Pendant une heure trente, Nicolas Sarkozy et François Fillon n'ont parlé que d'un seul sujet: la mort clinique de l'UMP. L'ancien président lui a confirmé qu'il n'avait pas l'intention d'aller lui-même sur le théâtre des opérations pour s'interposer entre les combattants. Il ne donne pour le moment que des conseils.
François Fillon lui a dressé le tableau apocalyptique d'un parti dans lequel des fraudes «industrielles» ont été organisées. Des fraudes telles que l'écart réel entre lui-même et Jean-François Copé serait, selon lui, «de cinq à dix points». Il lui a expliqué que ses équipes avaient mis du temps avant d'établir un mémorandum d'une centaine de pages qui pointe toutes les irrégularités.
Ce document devait être soumis à la médiation Juppé. Il établit notamment qu'il y a eu 30.000 procurations pour Copé et 10.000 pour Fillon. «Si nous avions seulement eu autant de procurations que Copé, Fillon aurait eu 10 000 voix d'avance.» Or le document souligne que dans certains bureaux de vote «il y a un nombre anormalement élevé de procurations par rapport au nombre d'adhérents». Dans ces conditions, hors de question pour Fillon de renoncer à lutter contre ce qu'il considère comme une élection volée. Un point dont il a pris la mesure seulement après la découverte des voix oubliées de l'outre-mer. «Avant, nous pensions qu'il s'agissait de fraudes mineures», expliquent ses proches.
Avant d'ouvrir une action judiciaire, Fillon veut appeler, sans illusion, à un nouveau vote. «Je suis favorable à une nouvelle élection entre vous deux», lui a répondu Sarkozy, selon un filloniste. Plusieurs proches de l'ancien chef de l'État reconnaissent que ce dernier défend cette idée «depuis le début». «Il a tout de suite considéré qu'il fallait revoter», explique l'un de ses visiteurs les plus réguliers. Mais Nicolas Sarkozy lui a aussi fait observer qu'il fallait éviter de se tourner vers la justice pour trancher ce différend en interne. «Laisse passer un peu de temps, Jean-François ne peut pas accepter aujourd'hui un nouveau vote. Si un recours est évité, on pourra peut-être reconstruire quelque chose sur une base apaisée», aurait fait observer Nicolas Sarkozy, selon un proche de l'ancien président.
Stratégie du fait accompliIl va de soi que François Fillon ne peut pas s'offrir le luxe de laisser Jean-François Copé imposer sa stratégie du fait accompli. Il a en tête le syndrome Ségolène Royal: établir des mois plus tard que le scrutin a été faussé ne sert à rien. Il faut faire éclater tout de suite «la vérité». L'ancien premier ministre considère désormais qu'il ne lui reste que le recours ultime, l'annulation de l'élection par voie judiciaire. En effet, Jean-François Copé ne veut pas refaire cette élection, comme le lui demande par exemple Nathalie Kosciusko-Morizet, qui vient de lancer une pétition dans ce sens sur internet.
La seule solution, estime l'entourage de François Fillon, est «un revote dans des conditions incontestables, le plus tôt possible, c'est-à-dire en janvier». Un tel vote supposerait d'annuler l'élection dans les plus brefs délais et de demander aux adhérents du parti de se prononcer à nouveau entre Fillon et Copé. François Fillon se dit «ouvert» à une autre solution qui permettrait de faire concourir d'autres candidats, ou même d'exclure Jean-François Copé et lui de cette nouvelle élection. Mais il estime qu'il faudra au moins un an avant d'y parvenir.
«Cela signifierait un changement des statuts, une nouvelle campagne de parrainage, et enfin un vote», analyse son plus proche conseiller. «Est-ce que le parti pourrait attendre aussi longtemps?» En attendant le résultat de son recours devant la justice, l'ancien premier ministre n'a pas du tout l'intention de quitter l'UMP. Mais si les choses tournent mal, il est «prêt à créer son propre parti», confirment ses proches. «Je ne peux pas accepter de rester dans un parti qui est dirigé par quelqu'un qui a conquis le pouvoir de façon totalement illégitime», a-t-il confié à ses proches.