WEB - GOOGLE - Actualité > Santé
Ces maladies qui viennent des animaux
Publié le 20/11/2012
Les chiens peuvent transmettre la pasteurellose, la rage, la maladie de Lyme et l'encéphalite à tique.
INFOGRAPHIE - Responsables de plusieurs milliers d'infections chaque année, les zoonoses alimentaires sont placées sous haute surveillance
«Les zoonoses sont des maladies transmises directement ou indirectement de l'animal à l'homme. Cela peut arriver, soit lorsque l'on consomme des produits d'origine animale (viande, œuf, produits laitiers), soit au contact rapproché d'un animal ou de ses déjections, soit par le biais d'un vecteur (insecte ou tique), l'animal servant alors de réservoir au virus ou à la bactérie», expliquent le Pr Jean-Paul Stahl, chef du service d'infectiologie au CHU de Grenoble, et les Dr Alexandra Mailles et Véronique Vaillant, spécialistes des zoonoses à l'Institut de veille sanitaire (InVS).
De toutes ces zoonoses, les alimentaires sont de loin les plus fréquentes: on recense ainsi chaque année en France, plusieurs milliers d'infections par des bactéries de type salmonelles et campylobacter (avec un pic estival) qui se traduisent par des gastro-entérites le plus souvent bénignes. «Le nombre de ces maladies identifiées par les systèmes de surveillance, basés sur des réseaux de biologistes - plus de 7400 pour les infections à salmonelles et plus de 4300 pour les infections à campylobacter, en 2010 - est sous-estimé. En effet, toutes les personnes souffrant de gastro-entérites ne vont pas systématiquement consulter et parmi celles qui voient le médecin, toutes n'ont pas d'analyse des selles», remarque le Dr Véronique Vaillant.
Des infections de mieux en mieux repérées
D'autres zoonoses alimentaires, plus rares mais plus graves, sont mieux comptabilisées car elles donnent lieu à une hospitalisation et donc à des analyses. C'est notamment le cas des listérioses, surtout dangereuses pour les femmes enceintes (en particulier pour le fœtus) et les personnes immunodéprimées chez qui elles peuvent se manifester par une méningo-encéphalite (283 personnes touchées en 2011). C'est aussi le cas du Syndrome hémolytique urémique (SHU) dû à une variété d'Escherichia coli produisant des toxines. Se traduisant par la destruction des globules rouges et par une insuffisance rénale aiguë, les SHU touchent plus d'une centaine d'enfants chaque année, mais l'an passé (mai 2011), une «épidémie» de plus grande ampleur partie d'Allemagne avait fait la une de l'actualité, avec des centaines de personnes touchées en Europe. Ces zoonoses alimentaires graves et les zoonoses alimentaires qui touchent plusieurs personnes à la fois sont les mieux repérées.
«Dès qu'un médecin soupçonne une toxi-infection alimentaire collective (Tiac), notamment parce qu'au moins deux personnes ayant consommé des aliments communs présentent des symptômes similaires, il doit en référer auprès de son Agence régionale de santé (ARS). De leur côté, les 47 Centres nationaux de référence (CNR) et les 33 laboratoires associés, qui collectent toutes les analyses suspectes et en réfèrent à l'InVS, vérifient en permanence qu'ils ne sont pas face à un pic d'examens positifs plus élevé que les années précédentes à la même période. Lorsque c'est le cas, des investigations sont menées pour retrouver la trace des aliments potentiellement coupables et les analyser. Peu de personnes le savent, mais, à cette occasion, les cartes de fidélité des grandes surfaces sont très utiles! En effet, elles permettent de retrouver la liste des aliments récemment achetés et de chercher des produits communs aux différents malades. Malgré tout, ce type d'enquête peut prendre du temps et entre le moment où les cas suspects sont signalés et celui où des produits sont rappelés ou retirés de la vente, il peut s'écouler plusieurs jours», précise le Dr Vaillant.
Entre-temps, d'autres contaminations peuvent se produire… à moins de changer nos habitudes alimentaires! En effet, le Pr Stahl, le Dr Mailles et le Dr Vaillant sont unanimes sur la question. «La grande majorité de ces infections pourraient être évitées avec quelques gestes simples comme se laver les mains avant de préparer les repas. Laver soigneusement les légumes, les fruits et les herbes aromatiques consommés crus. Ne jamais rompre la chaîne du froid. Bien cuire la viande, en particulier la viande hachée des enfants, car c'est l'une des causes principales de SHU à cet âge, or les Escherichia coli les plus dangereuses sont détruites à la chaleur. Ne pas donner de produits à base de lait cru aux jeunes enfants, aux femmes enceintes et aux personnes immunodéprimées et pour les mêmes raisons (risque de listériose), ne pas donner non plus de poissons fumés et de produits de charcuterie crus. Enfin, il faut penser à bien laver ses ustensiles de cuisine et le plan de travail, en particulier lorsqu'ils ont été en contact préalablement avec de la viande crue… Soit rien de bien compliqué»!