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Les staphylocoques résistants viennent des grands hôpitaux
Publié le 15/05/2012
Les staphylocoques dorés résistants aux antibiotiques, vus ici au microscope électronique, ont été détectés en 1961 en Grande-Bretagne.
Une étude génétique réalisée en Grande Bretagne montre que les souches de staphylocoques dorés résistants aux antibiotiques que l'on retrouve dans tout le pays sont principalement issues des hôpitaux des grandes villes.
Malgré d'importants efforts pour tenter de les éradiquer, les staphylocoques dorés résistants à la méticilline (un antibiotique) sont encore aujourd'hui l'une des principales causes de décès par infection à l'hôpital. Des chercheurs du Roslin Institute de l'université d'Édimbourg en Écosse ont utilisé des méthodes modernes de criblage génétique à haut débit pour tenter d'identifier le mode de contamination de ces microbes résistants aux antibiotiques.
Par un hasard qui simplifie l'enquête des scientifiques, les infections en Grande-Bretagne par des staphylocoques dorés (Staphylococcus aureus) résistants à la méticilline (SARM) sont issues d'un nombre très restreints de souches, et les chercheurs ont pu reconstituer l'évolution et le déplacement géographique de l'une d'elles en regardant ses mutations sur une période d'un peu plus d'un demi-siècle. Les premiers staphylocoques dorés résistants à la méticilline ont été découverts en 1961 en Grande-Bretagne, juste deux ans après l'invention de cet antibiotique.
Grâce à l'étude génétique de 87 échantillons, le Dr Ross Fitzgerald du Roslin Institute à Édimbourg et son équipe ont établi que les staphylocoques dorés résistants que l'on retrouvait dans toutes les régions de Grande-Bretagne étaient issus des grands hôpitaux des plus grandes villes.
Échanges entre les malades«Notre conclusion est finalement assez logique, explique au
Figaro le Dr Fitzgerald. Les grands centres hospitaliers des plus grandes villes, comme Londres ou Glasgow, sont ceux où il y a le plus d'allers et venues de patients, et le plus d'échanges possibles entre les malades. C'est aussi dans ces grands établissements de référence qu'arrivent les patients les plus sérieux venant des hôpitaux régionaux. Et nombre de patients qui sont à cette occasion infectés par des SARM sont ensuite renvoyés dans leurs hôpitaux d'origine, où ils transmettent à leur tour les microbes résistants.»
Ces premiers travaux, publiés cette semaine dans la revue de l'Académie des sciences américaines (PNAS), sont assez préliminaires et ne concernent que quelques régions autour de Londres et de Glasgow mais ils seront poursuivis sur un plus grand nombre de souches. «Notre étude ne concerne pas la France, mais je pense que la situation ne devrait y être tellement différente», remarque le Dr Ross Fitzgerald. «Pour l'instant le principal moyen de lutte contre les staphylocoques dorés multirésistants est d'améliorer encore l'hygiène à l'hôpital, principalement en insistant sur le lavage des mains, mais après notre étude, on peut aussi imaginer de faire des tests sur tous les patients avant de les renvoyer dans les hôpitaux régions dont ils sont issus,» propose le chercheur.