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Les djihadistes rejettent la Coalition en Syrie
Mis à jour le 19/11/2012 à 15:50 | publié le 19/11/2012 à 11:52
Des opposants au régime de Bachar el-Assad contrôlent un point stratégique à la frontière entre la Turquie et la Syrie.
Refusant de passer sous le contrôle de l'Armée libre, les groupes djihadistes annoncent l'instauration d'un État islamique dans leur fief près d'Alep.Mauvaise nouvelle pour l'opposition à Bachar el-Assad. Plusieurs groupes islamistes armés ont annoncé ce lundi leur rejet de la Coalition nationale syrienne, formée il y a une semaine à Doha, sous très forte pression internationale, pour unifier les rangs des opposants et hâter la chute du régime de Damas.
Pire, dans une vidéo diffusée sur Internet, ces factions
«se sont prononcées pour un État islamique
», à partir de leurs bastions d'Alep et de sa province, où les rebelles djihadistes et salafistes se sont infiltrés depuis un an.
Cet appel a été signé par le Front al-Nosra, proche des thèses d'al-Qaida en Irak, Liwa al-Tawhid, très présent à Alep, mais aussi par le groupe salafiste radical Ahrar al-Cham, influent dans la région d'Idlib.
«Nous, les factions combattantes sur le terrain de la ville d'Alep et de sa province, annonçons notre rejet du complot que représente ce qu'on appelle la Coalition nationale et nous nous sommes mis d'accord à l'unanimité sur l'instauration d'un État islamique juste
», affirme la vidéo.
«Donner à la population une alternative crédible»C'est précisément pour leur couper l'herbe sous le pied que les pays occidentaux et les monarchies du Golfe, inquiets de la montée en puissance des radicaux islamistes, ont exercé à Doha de fortes pressions pour que l'opposition renforce son unité et élargisse sa représentativité afin de
«donner à la population syrienne une alternative crédible
» à Assad.
Doha
«est la dernière chance (pour cette opposition, NDLR)
, sinon ce sont les autres qui vont gagner
», avertissait, récemment, un diplomate français, familier de la Syrie.
«Les autres
» désignaient les djihadistes et les salafistes, qui défient ouvertement aujourd'hui l'autorité de la nouvelle «Coalition nationale».
Pendant des mois, l'opposition en exil et certains de ses parrains occidentaux n'ont pas voulu reconnaître le poids croissant des djihadistes et autres salafistes, qui ne veulent à aucun prix passer sous un commandement unifié de l'insurrection. Outre quelque 2000 combattants étrangers infiltrés en Syrie depuis un an, la mouvance radicale salafiste compte de nombreux sympathisants syriens, déçus par l'impuissance occidentale à les aider. Bénéficiant d'experts venus d'Irak, ils commettent les attentats les plus sanglants contre le régime, et leur détermination est sans borne.
Cette annonce risque de durcir encore les relations entre les deux pôles de la rébellion armée, qui s'affrontent parfois localement. Les combats fratricides ne tournent pas systématiquement à l'avantage des rebelles proches de la Coalition.
Cinq fronts pour renforcer les rebelles proches de la CoalitionAprès cette annonce, les parrains internationaux de la nouvelle structure de l'opposition n'ont d'autre choix que de renforcer les rebelles non islamistes proches de la Coalition. Ils ont commencé à le faire à Doha en créant «cinq fronts» - dans chacune des grandes villes et leur périphérie - où les rebelles proches de la Coalition devraient représenter les deux tiers au moins des combattants face au tiers restant, composé des ultras, djihadistes et salafistes. Depuis quelques jours, des négociations se tiennent à Riyad en Arabie saoudite pour accélérer cette mise sur pied des cinq fronts. Y participent les principaux généraux déserteurs venus de Turquie, Jordanie, des représentants de l'Armée libre de l'intérieur, et des militaires américains, français, britanniques et turcs.
Toute la question est de savoir de quel côté vont se situer les Frères musulmans, dans cette lutte d'influence entre rebelles sur le terrain. Une partie de la brigade Al-Tawhid est en effet liée à l'Armée libre et à certains dignitaires Frères musulmans. Une chose est sûre: cet éclatement de l'insurrection renforce le régime de Bachar el-Assad, et risque d'accentuer l'inquiétude de tous ceux qui à travers la Syrie ne veulent pas d'un État islamique radical, après la chute du régime de Damas.