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Les règles non écrites des violences à Gaza
Mis à jour le 19/11/2012 à 19:12 | publié le 19/11/2012 à 16:44
Une femme pleure après un bombardement des forces aériennes israéliennes qui a détruit sa maison, dans le nord de Gaza.
DÉCRYPTAGE - Les préoccupations d'ordre intérieur dominent. Ce qui rend d'autant plus difficile toute solution négociée entre Israël et le Hamas.À Gaza, les rumeurs d'activités diplomatiques sont comme les drones qui tournent dans le ciel, lointaines et permanentes. L'Égypte use de toute son influence pour résoudre cette première crise régionale majeure depuis l'arrivée au pouvoir des Frères musulmans. Mais les guerres sont toujours plus faciles à commencer qu'à terminer, et le conflit entre Israël et le Hamas ne fait pas exception.
Outre que les deux ennemis ne se parlent pas directement, le cycle de violences entre Israël et Gaza obéit à des règles non écrites très spécifiques qui rendent particulièrement épineux toute solution négociée. Israël et Hamas ont l'un et l'autre des préoccupations d'ordre intérieur, qui priment sur le reste. Les objectifs de chacun, vagues et indéfinis, sont souvent plus une affaire de perception que de résultats concrets sur le terrain. Le Hamas comme Israël veulent un cessez-le-feu qui leur soit favorable. Mais surtout qu'il apparaisse comme une victoire symbolique sur l'ennemi.
Chaque camp est persuadé de ne faire que riposter à l'agression de l'adversaire. Israël a lancé son opération «Pilier de défense» en réponse à l'augmentation, au cours des derniers mois, des tirs de roquettes contre son territoire. L'assassinat ciblé d'Ahmed al-Jaabari, le charismatique chef de la branche militaire du Hamas, a été un coup sérieux porté au Hamas. Il a été aussitôt suivi par une série de raids contre des sites de lancement de roquettes. Israël avait à ce stade atteint son objectif: infliger une punition au Hamas et «rétablir la dissuasion».
La réalité des faits et l'impression laisséeDésorganisé, le mouvement palestinien s'est ressaisi pour venger son chef en tirant des centaines de roquettes patiemment dissimulées dans le tissu urbain très dense de Gaza. Malgré l'efficacité du système de défense israélien Dôme de fer, la chute de quelques-unes de ces roquettes sur Tel-Aviv et Jérusalem a de nouveau changé la donne. Pour le Hamas, son objectif de représailles était atteint à ce stade, et toucher les grandes villes israéliennes constituait une vengeance satisfaisante.
Mais il était impossible pour Israël de laisser l'impression que l'on peut tirer impunément sur ses grands centres urbains. L'aviation israélienne a donc intensifié ses bombardements, ainsi que ses préparatifs pour une offensive terrestre. Sans compter les imprévus inhérents à une opération terrestre, même limitée, le gouvernement israélien n'a aucune intention de renverser le Hamas et d'occuper à nouveau Gaza. Mais il ne peut pas non plus se permettre de suspendre les opérations sans une garantie que les tirs des roquettes ne reprendront pas dans quelques semaines ou quelques mois. Outre la fin des tirs, Israël veut une trêve de longue durée, garantie par l'Égypte.
Le Hamas exige quant à lui une levée du siège, une ouverture des frontières et la fin des assassinats ciblés. Les négociations indirectes, déjà délicates, sont encore compliquées par les opérations en cours. Même si elles aboutissent, demeure la nécessité d'un cessez-le-feu simultané, toujours difficile à établir, notamment du côté palestinien, où de petites organisations hostiles à une trêve n'ont qu'une roquette à tirer pour faire tout capoter.