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Le MoDem multiplie les appels du pied à la majorité
Mis à jour le 15/11/2012 à 17:18 | publié le 15/11/2012 à 16:36
François Bayrou, à la sortie de l'Elysée, en juin.
Alors que François Bayrou ne tarit pas d'éloges sur le gouvernement, une délégation d'élus du MoDem a été reçue mercredi à l'Elysée. Avec en ligne de mire les échéances électorales de 2014.François Bayrou serait-il devenu le meilleur soutien de François Hollande? Depuis que le gouvernement a opéré sa «révolution copernicienne» sur le dossier de la compétitivité, en choisissant notamment d'augmenter la TVA, le patron du MoDem ne tarit pas d'éloges. Les mesures annoncées suite à la remise du rapport Gallois? «Peut-être un changement historique de politique», prétend Bayrou. Le rapport Jospin sur la modernisation de la vie politique? «Une chose très positive». La prestation de François Hollande lors de sa conférence de presse? «Il a été précis, maîtrisé dans son expression et montré sa connaissance des sujets qu'il abordait, donc convaincant». N'en jetez plus! Après six mois de présidence socialiste, le concert de louanges venu du centre tranche avec le scepticisme affiché des partenaires de gauche de la majorité.
«Bientôt se posera la question de savoir quelle est la vraie majorité, étant donné qu'un certain nombre d'alliés des socialistes ne votent pas avec eux sur des sujets importants», estime Jean-Luc Benhamias, partisan d'un rapprochement du MoDem avec la majorité. Avec une dizaine d'élus du parti centriste, l'eurodéputé a été reçu mercredi à l'Elysée par Bernard Poignant, proche conseiller de François Hollande, chargé des relations avec les élus. «Cet échange tombait à point nommé après le virage du président de la République vers un positionnement social-libéral qui nous correspond», explique Jean-François Martins, conseiller de Paris MoDem, présent lors de la réunion. Pour lui, «le mur de verre entre la gauche et nous pourrait tomber».
Une coproduction au SénatAu cœur des négociations figure la question des municipales de 2014. En 2008, le PS avait choisi de s'allier avec le MoDem dans un certain nombre de grandes villes, comme Lyon, Lille ou Montpellier. Si la perspective d'un accord national entre partis est pour le moment exclue, ces pactes locaux ont vocation à être reconduits, indique-t-on au MoDem, même si le parti centriste se réserve aussi le droit de soutenir des maires de droite, comme Alain Juppé à Bordeaux.
Le PS pourrait aussi choisir d'associer de manière plus active les - quelques - élus MoDem au Parlement. Alors que le gouvernement, privé du soutien communiste, a subi plusieurs revers à la chambre haute, la sénatrice Jacqueline Gourault, fidèle parmi les fidèles de François Bayrou, a par exemple été chargée par le président du Sénat Jean-Pierre Bel de coproduire une proposition de loi sur le statut de l'élu avec le socialiste Jean-Pierre Sueur. Pour elle, «la notion droite-gauche est dépassée».
Entre PS et UDI, Bayrou refuse de trancherReste la question de la participation gouvernementale, encore loin d'être tranchée. «Elle ne se pose pas encore», a botté en touche le très hollandais ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, interrogé mercredi sur LCP. Une prudence de mise, car rue de Solférino, la perspective d'un rapprochement avec le MoDem divise les socialistes depuis 2007 et provoque régulièrement des remous. Proposer de gouverner avec Bayrou au moment où l'aile gauche du parti s'agace du cap économique fixé par le gouvernement pourrait mettre le feu aux poudres. Et consommer définitivement la rupture au Parlement entre socialistes d'une part et écologistes et communistes de l'autre.
Le parti centriste est également partagé sur le sujet. «Volontaire» pour participer à la gestion gouvernementale, Jean-Luc Benhamias reconnaît qu'il n'est «pas majoritaire» au MoDem. Sa ligne, soutenue par le vice-président du parti Robert Rochefort, ne convainc guère les centristes «historiques», issus du l'UDF, et favorables à un rapprochement avec l'UDI de Jean-Louis Borloo. Certains, comme le sénateur Jean-Marie Vanlerenberghe ont sauté le pas et rejoint le nouveau parti de centre-droit. Qu'en dit François Bayrou? Le leader centriste refuse de choisir: tout en multipliant les signaux à l'égard de François Hollande, il se dit prêt à travailler avec l'UDI. Philosophe, Benhamias commente: «De toute façon, la balle n'est pas dans notre camp mais dans celle du gouvernement».