Les médecins ont réussi leur mobilisation

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Les médecins ont réussi leur mobilisation

Mis à jour le 12/11/2012 à 21:59 | publié le 12/11/2012 à 20:23


Pas moins de 5 000 internes ont défilé en blouse blanche à Paris aux cris de «Marifol sinistre la santé».

Lancé à l'appel d'une trentaine d'organisations mécontentes de l'accord conclu sur les dépassements d'honoraires, le mouvement de grève reconductible a perturbé le fonctionnement des cliniques et hôpitaux lundi.

Les semaines passent et ne se ressemblent pas pour Marisol Touraine. Il y a un mois, la ministre de la Santé se disait satisfaite de ses débuts avenue de Ségur. «Ça se passe bien», confiait-elle même juste avant l'examen à l'Assemblée du projet de loi de financement de la Sécu pour 2013. Depuis, rien ne va plus. L'accord «historique» sur les dépassements d'honoraires conclu fin octobre ne passe pas. Notamment auprès des internes, des chirurgiens et de nombreux spécialistes qui étaient en grève lundi.

Ce mouvement reconductible à l'appel d'une trentaine de syndicats et d'organisations est une réussite. Pas moins de 5.000 internes ont défilé en blouse blanche à Paris aux cris de «Marifol sinistre la santé». Plus de 700 cliniques ont tourné au ralenti ou fermé leurs portes en reportant des opérations prévues. À Paris, les 37 établissements de l'AP-HP ont été obligés de réquisitionner du personnel pour faire tourner leur service d'urgences… Du jamais-vu en quinze ans!

La majorité doute

«Le service public hospitalier devra répondre aux besoins des patients en matière de soins urgents mais aussi sans doute de report d'interventions programmées», s'est plaint Frédéric Valletoux, le président de la Fédération hospitalière de France, qui demande à Marisol Touraine «de prendre les réquisitions nécessaires vis-à-vis des praticiens des cliniques» pour le bon fonctionnement de l'hôpital public. «La mobilisation est très forte», a reconnu Xavier Gouyou-Beauchamp, l'un des responsables du syndicat de chirurgiens Le Bloc. La grogne devrait prendre de l'ampleur d'ici au rassemblement programmé demain après-midi sous les fenêtres de la ministre. «Les jeunes médecins doivent être décideurs de leur avenir et être intégrés aux négociations conventionnelles», a rappelé Mikael Agopiantz, du syndicat d'internes Isnih. Pour lui, cette mobilisation est représentative d'un «ras-le-bol des futures générations de médecins» qui se sentent déconsidérées avec leurs «1.500 euros par mois, bac 6 et 70 heures par semaine». Même «ras-le-bol» de Jean-Paul Hamon, le patron de la Fédération des médecins de France, qui dénonce la campagne du gouvernement contre les dépassements d'honoraires «alors que le vrai problème est la réorganisation du système de soins et la chute de la démographie médicale».

Marisol Touraine est en tout cas restée droite dans ses bottes. «Grâce à cet accord les Français pourront demain être mieux pris en charge, mieux accompagnés et les dépassements abusifs seront désormais impossibles», a défendu la ministre qui va étudier la «question des assurances» qui plombent les charges des chirurgiens. «Ce n'est pas le sujet», lui a répondu Philippe Cuq, coprésident du Bloc. Marisol Touraine a aussi rappelé ne pas avoir l'intention de contraindre les jeunes médecins à s'installer dans des déserts médicaux. Une crainte parmi les internes mais «des rumeurs infondées».

Qu'importe, le doute a commencé à germer dans la majorité. Claude Bartolone, le président de l'Assemblée, a invité Marisol Touraine à ouvrir des discussions avec les médecins.