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Jérôme Ferrari, prix Goncourt
Mis à jour le 07/11/2012 à 15:02 | publié le 07/11/2012 à 12:59
L'accueil enthousiaste de la presse a contribué à lancer le roman, considéré par de nombreux critiques comme l'un des plus aboutis de la rentrée littéraire.
Le prix Goncourt a été attribué à Jérôme Ferrari pour son roman, Le Sermon sur la chute de Rome, paru aux éditions Actes Sud. Le lauréat a été choisi au deuxième tour.Qui est l'auteur? Jérôme Ferrari est né à Paris en 1968. Il est allé au lycée à Ivry-sur-Seine, en classes préparatoires à Paris et a passé sa licence de philo à Paris I. Son enfance et sa jeunesse se sont déroulées entre Paris et la Corse, où il se rendait régulièrement avec sa famille. Titulaire de l'agrégation, il a enseigné d'abord dans l'Ile de beauté, avant d'accepter un poste au lycée français d'Abou Dabi.
Comment en est-il arrivé là? Comme les autres finalistes du Goncourt, Patrick Deville et Linda Lê, et à l'exception de Joël Dicker qui n'en est qu'a son deuxième roman, Jérôme Ferrari a une œuvre derrière lui. Ses débuts n'ont pourtant pas été des plus faciles. Son premier roman
Dans le secret est remarqué par quelques critiques en 2007, mais son deuxième roman,
Balco Atlantico, paraît l'année suivante dans une indifférence quasi-absolue.
Il faut attendre
Un dieu un animal, (2009) et
Où j'ai laissé mon âme (2010) pour que la critique décèle les subtiles qualités d'écriture de Jérôme Ferrari. À noter: dans
Le Sermon sur la chute de Rome, l'auteur a repris des personnages de
Balco Atlantico.
Que raconte le livre? Sur fond d'un roman à plusieurs voix, l'auteur se livre à une réflexion sur le déclin du monde occidental. En contrepoint historique, Jérôme Ferrari rappelle une autre chute, celles de la Rome antique, que saint Augustin commenta dans plusieurs sermons et dont le message le plus connu est: «Le monde est comme un homme: il naît, il grandit, il meurt.» D'où le titre du livre. Mais ce roman puissant, malgré son caractère ambitieux, n'est jamais ennuyeux. Car il est porté par des personnages superbement incarnés et par une écriture extrêmement travaillée. L'action se passe dans un village corse, où deux amis parisiens originaires de l'île décident d'abandonner leurs études pour reprendre un bar perdu dans la montagne. Ils veulent faire de leur établissement un paradis sur Terre. En bons étudiants de philo qu'ils ont été, ils veulent mettre en pratique la philosophie de Leibniz en faisant de leur troquet «le meilleur des mondes possibles». Mais cette quête d'une vie meilleure sera-t-elle menée à bien?
Pourquoi ça marche? L'accueil enthousiaste de la presse a contribué à lancer le roman, considéré par de nombreux critiques comme l'un des plus aboutis de la rentrée littéraire. De plus, le roman a été donné depuis le mois de juin, donc bien avant sa mise en vente, comme favori du Goncourt. Présent dans la sélection du Goncourt, il figurait aussi sur les sélections d'autres grands prix littéraires. Beaucoup de lecteurs sont sensibles à la belle écriture, constituée de longues phrases, parsemées d'incises, de Jérôme Ferrari. L'écrivain a une autre qualité: il sait alterner les tons, passer de la gravité à l'ironie, sans que le lecteur ne soit heurté par ces changements de registre. Le succès est donc au rendez-vous, cette fois, pour Ferrari, puisque qu'avant de recevoir le prix, 85.000 exemplaires de son roman ont déjà été vendus.
Ce qu'en pense le Figaro littéraire Dès le numéro de rentrée du Figaro littéraire, paru le 30 août, Astrid de Larminat conseillait la lecture du Sermon sur la chute de Rome, «un roman très corse aussi universel que la tragédie grecque». «Les paysages, abrupts, originels, paradisiaques, invitent à un questionnement radical. L'auteur écrit une langue torturée, mais emportée par la grâce. Il cherche une réponse à ses questions métaphysiques.»