Ferrari : 22 pur-sang italiens sur les routes de France
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Jamel Administrateur
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Sujet: Ferrari : 22 pur-sang italiens sur les routes de France Dim 29 Juil - 11:46
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Ferrari : 22 pur-sang italiens sur les routes de France
Mis à jour le 27/07/2012 à 16:55 | publié le 27/07/2012 à 14:42
Les Ferrari 250 GTO devant le château de Vaux-le-Vicomte, la réunion de deux chefs d'oeuvre. Devenue au fil du temps une véritable oeuvre d'art, la Ferrari 250 GTO a fêté en grande pompe ses 50 ans. Le Fig Mag a suivi cet événement exceptionnel.
Champagne! La 250 GT0 a célébré début juillet son 50e anniversaire. Depuis sa présentation à la presse dans la cour de l'usine Ferrari, le 24 février 1962, c'est la 7e fois que cette automobile née pour asseoir l'hégémonie en compétition de la firme créée par Enzo Ferrari donne lieu à un rassemblement. De tels honneurs méritent une explication. À l'orée des années 80, cette berlinette quitte son statut de voiture de collection pour celui d'oeuvre d'art. Son prix s'envole et quitte la planète raison. C'est que la GT0 est un cas. À part. Dans la nomenclature Ferrari, ses trois lettres relèvent du sacré. Elle a écrit les pages les plus glorieuses du livre d'or du Cavallino Rampante. Le mythe Ferrari lui doit beaucoup. De 1962 à 1964, cette machine répondant à la définition réglementaire du Grand Tourisme s'est illustrée par son omnipotence - sanctionnée par trois titres consécutifs de championne du monde des marques. Cette bête de course a régné durant trois saisons sur toutes les épreuves sportives, sur route et sur circuit. Si elle a échoué, de justesse, à ajouter son nom au palmarès des machines victorieuses des 24 Heures du Mans, son parcours sarthois peut tout de même se prévaloir de deux 2es places au général et de la victoire en GT, en 1962 et 1963. Le Tour de France fut sa chasse gardée de 1963 à 1964.
Son parcours tressé de lauriers n'explique pas tout. L'effervescence régnant autour de cette ultime évolution de la lignée des 250 GT s'explique également par le fait qu'à l'époque Enzo Ferrari triait lui-même sur le volet les pilotes et les écuries privées autorisés à commander un exemplaire. Cette sélection draconienne est à l'origine de nombreuses anecdotes. Représentant pourtant déjà depuis quelques années avec brio les intérêts de la maison italienne, l'écurie SS (Scuderia Serenissima) Repubblica di Venezia du comte Volpi ne recevra jamais sa GTO commandée début 1962 en représailles à l'embauche de Giotto Bizzarrini, l'un des pères de la 250 GT0 licencié fin 1961 pour avoir participé à une fronde contre le Commendatore. Qu'à cela ne tienne, le comte Volpi demandera à son ingénieur de concevoir une berlinette capable de tenir la dragée haute à la GT0 à partir de sa 250 GT Passo Corto. Ainsi naîtra une carrosserie originale plus connue sous le vocable Breadvan.
Après l'expatriation californienne de 2007, les GTO retrouvent la France, qu'elles ont pris l'habitude de sillonner tous les cinq ans.
Le faible nombre d'élus découle aussi d'une conviction forgée par Enzo Ferrari à la suite d'une mise au point tumultueuse: peu de pilotes sont capables de tirer la quintessence de ce pur-sang doté de la dernière évolution du V12 3 litres. C'est ainsi que la GT0, dernière représentante d'une époque où un pilote pouvait encore rallier une course par la route, n'a été produite qu'à 36 exemplaires ; 38 en intégrant les deux modèles à mécanique 4 litres. Comment expliquer que cette déesse de la route nourrisse autant de fantasmes alors que des automobiles au moins aussi emblématiques ont été produites à beaucoup moins d'exemplaires? On pense notamment aux Bugatti Royale et 57 SC Atlantic. La GT0 convoite, avec ces monuments de l'âge d'or de l'artisanat français, le titre du modèle le plus cher du monde. Une somme à huit chiffres digne des tableaux des plus grands peintres. Une GT0 flirte désormais avec les 30 millions d'euros. C'est le prix que l'Américain Craig McCaw vient de débourser pour rejoindre le club des 36 auquel appartient déjà son frère John, mais aussi, entre autres, le créateur de prêt-à-porter Ralph Lauren, Nick Mason, le batteur des Pink Floyd, sir Anthony Bamford, président des matériels d'équipement JCB, Brandon Wang, l'un des leaders mondiaux de la couche-culotte, John Shirley, ancien président de Microsoft, Robson Walton, président de Wal-Mart, Lawrence Stroll, l'ancien propriétaire de Tommy Hilfiger et patron du circuit Mont-Tremblant, Peter Sachs, l'un des descendants de la banque d'affaires Goldman Sachs, la famille allemande Gläsel, Greg Whitten, un génie des programmes informatiques, Giuseppe Lucchini, le pape de la sidérurgie italienne, Carlo Vögele, héritier d'un empire du textile suisse!
Le batteur des Pink Floyd Nick Mason s'est offert une coquetterie. Sa 250 GTO porte l'immatriculation idéale.
La cote du bolide de collection provoquera la remarque de la famille de Vogüé qui accueillait les GTO au château de Vaux-le-Vicomte: «Nous pourrions effectuer beaucoup de travaux avec cet argent.» En cinq ans, ce chef-d'oeuvre a flambé de 10 millions. Un bien meilleur rendement que la Bourse, plombée par les crises qui secouent le monde depuis 2008. Au-delà de ses états de service en compétition, on discerne dès lors beaucoup mieux l'aura entourant cette Ferrari qualifiée de «Joconde de l'automobile». Les 36 numéros de châssis sont répertoriés et suivis à la trace. Chaque changement de propriétaire secoue la terre entière.
Les GTO arborent les couleurs portées durant leur carrière sportive Si croiser une 250 GT0 est un miracle, début juillet 2012, la découverte des 22 museaux de GTO, alignés comme à la parade devant les anciens stands du circuit de Reims-Gueux, ne relevait pas du mirage. Un record car aucun événement, même du temps de leur splendeur sportive, n'a jamais réuni autant d'exemplaires. Dire que deux propriétaires se sont excusés au dernier moment... Après l'expatriation californienne de 2007, les GTO retrouvent la France, qu'elles ont pris l'habitude de sillonner tous les cinq ans. Si, en 2002, la Bourgogne était la terre d'élection, pour le jubilé, l'objectif a été de revisiter le théâtre des exploits passés: le circuit de Reims, cadre des 12 Heures et des épreuves du Tour Auto ainsi que le circuit du Mans. Entre ces deux sanctuaires du sport automobile, les étapes furent rythmées par la découverte de quelques joyaux de notre histoire. Les propriétaires, à majorité américains et anglais, avouent une faiblesse pour la gastronomie et le patrimoine historique français, magnifiques témoignages de notre art de vivre. Bernard Carl et son épouse, propriétaires de la GT0 3387 GT, ont d'ailleurs invité les participants à déjeuner dans leur château de Champigny-sur-Veude.
Aux portes de la Touraine, ce splendide ouvrage édifié par la famille de Bourbon possède une réplique de la Sainte-Chapelle de Paris. Guidée par le souci de l'excellence et la volonté de laisser un souvenir impérissable, cette manifestation conduira cette incroyable caravane dans des lieux majestueux ou privés: l'abbaye d'Hautvillers, surplombant la Marne et Epernay, où le dîner de gala accompagné de Dom Pérignon 1962 et 1964 réunissait notamment Luca di Montezemolo, président de Ferrari, et Jean Todt, président de la FIA, mais aussi les cadres féeriques du Domaine des Hauts de Loire, à Onzain, du château de Chambord et des jardins de Villandry.
Au terme de cinq jours de balade, la fête se clôtura au Trianon Palace à Versailles.
Sur le circuit sarthois vivant au rythme du Mans Classic, les possesseurs de GT0 eurent la surprise d'un déjeuner préparé par des toqués d'automobiles: Jacques Lameloise, Michel Chabran, Michel Rostang, Michel Troisgros et Jean-Paul Lacombe, soit 11 étoiles au Guide Michelin! Après les agapes, place à la piste. Pendant quatre tours, les V12 ont entonné une mélodie envoûtante. Malgré toutes les précautions prises depuis le début de ce rallye touristique, 3445 GT manquait à l'appel, victime d'un banal accident de la route du côté de Blois. Résultat: un capot avant chiffonné et une cheville cassée pour madame. Décidément, la GT0 de Chris Cox portant les couleurs suédoises est maudite. En 1976, elle avait déjà été endommagée dans une collision.
Au terme de cinq jours de balade, la fête se clôtura au Trianon Palace à Versailles. Une dernière occasion d'immortaliser sur la pellicule 22 membres du club le plus sélect du monde qui accueillait pour la première fois en son sein une femme: Daniela Ellerbrock, héritière de l'empire allemand Gläsel et pilote émérite de la 4153 GT victorieuse du Tour 1964. Excusez du peu.
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