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Un nouveau pape pour les coptes d'Égypte
Mis à jour le 04/11/2012 à 19:48 | publié le 04/11/2012 à 18:53 L'évêque Tawadros lors d'une conférence de presse au Caire, le 2 novembre.
L'élection de l'évêque Tawadros vise à rassurer dans un contexte de tensions confessionnelles.Prières, larmes, vapeurs d'encens… C'est dans un climat singulier que s'est déroulée dimanche l'élection du nouveau pape copte d'Égypte en la cathédrale Saint-Marc. «Un événement crucial à l'heure où notre communauté traverse une phase d'incertitude», relève la chercheuse Viviane Fouad, en référence au regain de violence à caractère confessionnel depuis la victoire d'un islamiste à la présidence.
Cette représentante de la minorité copte d'Égypte a retenu son souffle lorsqu'un enfant aux yeux bandés a pioché le nom de l'évêque Tawadros parmi les trois finalistes présélectionnés par un collège de quelque 2 500 religieux et personnalités coptes laïques. «Un choix judicieux», dit-elle en saluant la «modération» du successeur du pape Chenouda, décédé en mars dernier.
À 60 ans, l'évêque Tawadros de Beheira (delta du Nil) est un pharmacien qui a gravi tous les échelons de la hiérarchie ecclésiastique. Ordonné prêtre en 1989, il jouit du statut d'évêque depuis 1997. Ni moderniste ni conservateur, il incarne une ligne modérée qui pourrait favoriser le dialogue interconfessionnel. «C'est un homme sage, à l'écoute de sa communauté et ouvert aux autres. Plus important que tout, il préfère se cantonner aux questions de théologie et rester à l'écart de la politique», assure Viviane Fouad. De quoi rassurer la minorité copte, qui représente entre 6 % et 10 % des 83 millions d'Égyptiens.
Plusieurs églises ont été la cible d'extrémistesSous-représentés dans la fonction publique et restreints dans leur possibilité de construire de nouvelles églises à l'époque de Moubarak, les coptes se sentent plus vulnérables que jamais depuis la révolution de janvier 2011 et l'élection d'un président issu des Frères musulmans. Ces derniers mois, plusieurs églises ont été la cible d'extrémistes se revendiquant du mouvement salafiste, tandis que les condamnations pour «blasphème» se sont multipliées. Le mois dernier, un copte, professeur d'anglais, a écopé de six ans de prison pour avoir insulté le nouveau président et le prophète Mahomet sur sa page Facebook, tandis que le jeune blogueur Alber Saber, actuellement détenu, attend toujours le verdict de sa condamnation pour «insulte à l'islam».
Dans un message visant ostensiblement à rassurer les chrétiens d'Égypte, le parti Justice et la Liberté, branche politique des Frères musulmans, s'est empressé de féliciter le nouveau patriarche, se disant prêt à coopérer avec lui pour «répandre la bonne morale et mettre l'accent sur les valeurs de liberté, de justice et d'égalité».
«Mais tant que le gouvernement de Morsi ne présentera rien de concret pour mettre un terme aux tensions interconfessionnelles, les coptes resteront sur leurs gardes», remarque Gamal Eid, le directeur de l'Arab Network for Human Rights, qui documente les cas de violation des droits des minorités.