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Gaz de schiste : les écolos dictent leur loi
Mis à jour le 06/11/2012 à 10:18 | publié le 05/11/2012 à 20:05
«On sait que seules trois ou quatre mesurettes seront retenues mais le reste sera enterré», a déclaré le président du groupe EELV au Sénat, Jean-Vincent Placé, à propos du rapport Gallois.
Préconisée par le rapport Gallois, la proposition de recherches sur les techniques d'exploitation des gaz de schiste a provoqué la colère des écologistes. Matignon a dès lundi désamorcé le début de polémique.Le débat a été relancé… pour seulement quelques heures. Si on ne connaît pas encore exactement quelles seront les mesures de compétitivité que Jean-Marc Ayrault préconisera mardi après le séminaire gouvernemental, on sait déjà que la cinquième proposition du rapport Gallois concernant les gaz de schiste n'est même pas envisagée. Matignon a tenu à l'annoncer dès lundi après-midi alors même que le train de mesures ne sera connu que dans la journée de mardi. Proposition non retenue donc!
Cette rapidité de réaction de Matignon, qui s'apparente à une forme de fébrilité, peut s'expliquer par la levée de boucliers des écologistes après les déclarations lundi matin d'Arnaud Montebourg et surtout d'Alain Vidalies. Le ministre du Redressement productif avait dit lundi sur RTL vouloir «réfléchir» à l'exploitation de ce gaz, qui «sera certainement sur la table» même si l'exécutif s'oppose à la seule technique d'extraction actuellement disponible, la fracturation hydraulique, jugée trop polluante.
Interrogé au «Talk Orange-Le Figaro» sur les déclarations de son collègue, le ministre chargé des Relations avec le Parlement a assuré «qu'aucun d'entre nous (au gouvernement, NDLR) ne pense que le gaz de schiste est quelque chose qu'il faut pour l'éternité écarter».
Il n'en fallait pas plus pour que les Verts sortent l'artillerie lourde. En pointe du combat contre la proposition Gallois, Jean-Vincent Placé. Pour le président du groupe EELV au Sénat, les gaz de schiste «forment la ligne rouge infranchissable» qui remettrait en cause l'accord EELV-PS signé avant la présidentielle. «Nous avons déjà des sujets de mécontentement avec l'EPR, la fiscalité écologique, la transition énergétique et le projet de nouvel aéroport nantais de Notre-Dame-des-Landes. On ne peut pas revenir sur les gaz de schiste. Ce serait fait au mépris des engagements pris et au mépris de nous-mêmes. Et ça, nous ne le permettrons pas.»
Le sénateur EELV de l'Essonne estime par ailleurs que la communication gouvernementale sur le rapport Gallois se doit d'être «plus qualifiée», tout en ironisant sur la portée réelle du document. «On sait que seules trois ou quatre mesurettes seront retenues mais le reste sera enterré. Ce que propose le ­rapport, c'est en gros ce que Fillon, Baroin et Pécresse proposaient déjà dans le précédent gouvernement.» Selon lui, l'enterrement du rapport ne fait aucun doute, «sinon le PS n'aura pas de majorité. Ce rapport ne correspond pas à ce qu'est la gauche».
Une nouvelle cacophonieFrançois de Rugy enfonce le clou, et dénonce une nouvelle cacophonie au sommet de l'État. «Certains ministres ne se résolvent pas à soutenir les arbitrages que le gouvernement a déjà pris. Ils prennent un risque politique néfaste à la clarté. Ils ne rendent pas service au gouvernement.»
Le député européen EELV Yannnick Jadot se dit «pas inquiet pour le quinquennat actuel mais triste que le rapport Gallois oublie de parler de transition énergétique et de révolution industrielle qui en découlerait comme l'ont montré des pays tels que l'Allemagne, la Chine ou la Californie. La vision énergétique de Louis Gallois est tout simplement obsolète». Même la fondation Nicolas Hulot met en garde l'exécutif: «Le gouvernement doit, dès demain, réaffirmer sans ambiguïté son opposition aux gaz de schiste.»