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Le marathon de New York annulé sous la pression
Mis à jour le 02/11/2012 à 22:36 | publié le 02/11/2012 à 18:55
Des coureurs italiens se préparaient au marathon de New York, finalement annulé vendredi soir.
Politiques, résidents, concurrents… De nombreuses voix s'inquiétaient que d'éventuels moyens mis en œuvre après la catastrophe puissent être utilisés pour l'épreuve sportive au détriment des victimes de l'ouragan.La colère des New-Yorkais aura eu raison du marathon. Quatre jours après le passage dévastateur de l'ouragan Sandy, la tension montait à New York, notamment après l'annonce par le maire de la ville, Michael Bloomberg, du maintien, dimanche, du marathon. Pour sa 43e édition, cette course, qui incarne «l'esprit de New York» selon ses organisateurs, devait sillonner les cinq quartiers de la ville, en dépit des dégâts provoqués par la catastrophe naturelle, qui a fait 41 morts dans la Grosse Pomme.
Mais coup de théâtre vendredi soir: la mairie décide finalement d'annuler l'épreuve. «Le marathon fait partie intégrante de la vie de New York depuis 40 ans. (...) Mais il est clair qu'il est devenu une source de controverses et de divisions» après la méga-tempête qui a meurtri la ville, a déclaré le maire. «Nous ne voulons pas de nuages sur la course et ses participants».
Les promoteurs du marathon et Michael Bloomberg avait pourtant fait de celle-ci une question de fierté et un symbole du redressement de la ville, malgré la multiplication des appels à l'annulation. Alors que 570.000 foyers étaient toujours privés d'électricité vendredi et qu'un bon nombre d'entre eux pourraient le rester dix jours de plus, certains criaient à l'hérésie après la décision du maire. Celui-ci jugeait que New York avait besoin des dollars que le marathon injecte dans l'économie locale. Une somme qui s'élèvait, selon lui, à 300 millions de dollars.
Selon CBS News, le New York Road Runners (NYRR), club qui organise le plus célèbre marathon du monde, comptait également profiter de l'événement pour lever des fonds pour les victimes de l'ouragan. L'organisme avait annoncé qu'il donnerait un million de dollars pour aider à la reconstruction de la ville. Il avait également indiqué que plus de 1,5 million de dollars de promesses de dons avaient déjà été obtenues de la part des sponsors.
«S'ils détournent un seul secouriste pour le marathon, je vais hurler»Malgré la mobilisation des secours et l'annonce de la distribution d'un million de repas aux populations fragiles, la frustration restait vive dans les zones les plus affectées comme Staten Island. «S'ils détournent un seul secouriste ou un seul policier pour le marathon, je vais hurler», s'était indigné vendredi James Oddo, un conseiller municipal représentant ce quartier. «Les gens ici n'ont plus de maison et plus d'espoir», avait-il ajouté. «Des vies ont été perdues, des familles sont sans toit, des maisons sont détruites et la ville se préoccupe du marathon. Où sont nos priorités?», s'était de son côté interrogé le membre du Congrès américain Michael Grimm sur son compte Twitter.
Michael Bloomberg était également la cible de la presse locale, qui titrait vendredi au vitriol sur sa décision. «Abuse of power» (jeu de mots sur «abus de pouvoir» et «mauvaise utilisation du courant»), pouvait-on lire sur la une du
New York Post, illustré par une photo de générateurs mis en place par les organisateurs de la course. «L'idée même que la moindre lampe torche soit consacrée à un événement sportif est en soi scandaleuse», s'insurgait encore le journal dans son éditorial.
New York «est une ville où il faut aller de l'avant»La controverse avait aussi gagné les concurrents du marathon eux-mêmes. «Je comprends l'impact économique d'une telle course, mais j'estime qu'un report d'une semaine ou deux ou une reprogrammation aurait été préférable», avait souligné Christina Wallace, 28 ans. Même analyse de Jared Thigpen, un ingénieur de 32 ans venu de Washington pour courir l'épreuve: «Il y a encore des gens qui ont besoin de soutien de la police et de l'aide des autorités», avait-il déclaré, estimant que l'épreuve devait «être annulée».
Devant l'ampleur de la polémique, Michael Bloomberg s'était voulu rassurant, en promettant que les moyens de secours ne seraient pas détournés des vrais nécessiteux. «Le marathon ne va pas nous détourner de nos vraies priorités», avait-il assuré. «Mais dimanche l'électricité sera de retour partout, ce qui va libérer de nombreux policiers (...). Cette ville est une ville où il faut aller de l'avant.» Le NYRR avait prévu d'engager des sociétés privées pour remplacer les agents municipaux normalement affectés à l'encadrement (sécurité et médical), mais accaparés cette semaine par les efforts de redressement. Ce ne sera finalement pas nécessaire.