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Amiante : Martine Aubry convoquée par la justice
Mis à jour le 08/10/2012 à 22:15 | publié le 08/10/2012 à 15:49
Martine Aubry avait été entendue en 2010 pour s'expliquer sur son rôle dans la gestion de cette catastrophe sanitaire.
L'ex-première secrétaire du PS sera entendue en tant qu'ancienne directrice d'un organisme chargé de la santé des salariés, en vue d'une possible mise en examen.Ce n'est pas en tant que simple témoin que Martine Aubry sera entendue cette fois dans l'affaire de l'amiante. L'ancienne première secrétaire du Parti socialiste a été convoquée en vue d'une possible mise en examen, a-t-on appris lundi.
La maire de Lille est convoquée par la juge d'instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy en sa qualité d'ancienne directrice des relations du travail de 1984 à 1987, un organisme chargé de la santé et de la sécurité des employés. La juge du pôle de santé public s'intéresse à la gestion par les pouvoirs publics de la catastrophe sanitaire provoquée par l'amiante dans les années 1970-1980. Utilisé en particulier dans le secteur de la construction, ce minerai est jugé responsable de 10 à 20% des cancers du poumon et pourrait provoquer 100.000 décès d'ici à 2025, selon les autorités sanitaires.
Le caractère cancérogène de l'amiante est connu depuis les années 1950, mais le premier décret réglementant son usage ne date que de 1977 et son interdiction de 1997. En 2005, un rapport sénatorial avait accablé l'État pour sa «gestion défaillante» de l'amiante. Or la période durant laquelle Aubry était directrice des relations du travail est déterminante, puisque le gouvernement a attendu quatre ans pour transposer une directive européenne de 1983 visant à abaisser les seuils d'empoussièrement dans les usines. L'État a d'ailleurs déjà été condamné devant la justice administrative pour sa lenteur à appliquer la directive.
Aubry apportera «tout son concours à l'enquête»Martine Aubry a assuré lundi qu'elle apporterait «tout son concours à l'enquête judiciaire». Elle expliquera «comment l'administration des relations du travail qu'elle dirigeait alors n'a eu de cesse de renforcer la protection des travailleurs de l'amiante», déclare son entourage, qui précise que la juge d'instruction «souhaite entendre Martine Aubry comme elle l'a déjà fait pour de nombreux fonctionnaires et hauts fonctionnaires des ministères de la Santé et de l'Industrie, ayant exercé leurs fonctions dans les années 1970 à 1990». Des dizaines de hauts fonctionnaires, dont Martine Aubry, ont en effet été entendus comme témoins depuis 2009 à ce sujet.
«Comme tous ceux qui travaillaient avec moi, j'avais la conviction que le décret de 1977, puis celui de 1987, nous permettaient de protéger efficacement la santé des salariés», avait dit Aubry lors de son audition. «Aucune alerte n'est venue de la Cnam, du ministère de la Santé, d'autres acteurs ou des chercheurs pour nous dire que ce n'était pas le cas». Elle avait également affirmé que «la nécessité d'interdire l'amiante est intervenue avec l'étude Peto», une étude britannique ayant mis en évidence en 1994 un risque de pathologies après des expositions de petite durée à l'amiante.
Parallèlement, plusieurs membres du comité permanent amiante (CPA), considéré par les victimes comme la structure de lobbying des industriels du secteur dans les années 1980, ont été récemment mis en examen pour homicides et blessures involontaires. Or parmi eux figure Jean-Luc Pasquier, qui était aussi l'un des adjoints d'Aubry à la direction des relations du travail.