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Mali-Syrie : nouvelles terres du djihad pour les Français
Mis à jour le 03/10/2012 à 22:20 | publié le 03/10/2012 à 17:25
Un islamiste instruit un enfant de 13 ans sur le maniement des armes, fin septembre au Mali.
On ne parle encore que de dizaines de cas, mais le phénomène inquiète déjà les spécialistes de l'antiterrorisme.Quelques dizaines de jeunes Français sont partis ces derniers mois de l'Hexagone dans l'espoir d'accomplir le «djihad» au Mali et en Syrie. Au Sahel, les candidats à la guerre sainte cherchent à rejoindre la nébuleuse rassemblée autour d'al-Qaida au Maghreb islamique, qui contrôle le nord du Mali. En Syrie, il s'agit d'aller combattre le régime «hérétique» de Bachar el-Assad, aux côtés de groupuscules salafistes ou djihadistes, apparus récemment.
Il y a quelques années, de nombreux jeunes partaient au Yémen, en Afghanistan ou en Irak, après avoir suivi un endoctrinement en France ou dans certains «centres de langues» en Arabie saoudite ou au Caire. La plupart de ces pays ayant perdu leur pouvoir d'attraction, «le Mali et la Syrie sont devenus les nouvelles routes du djihad», affirme le juge antiterroriste Marc Trévidic. «Avec le Mali, les départs ne sont pas encore aussi nombreux qu'en Irak après 2003,mais plusieurs enquêtes judiciaires ont toutefois été ouvertes», ajoute-t-il.
Combattants de la liberté?L'importante communauté malienne de France pourrait constituer un terreau propice au recrutement. La plupart des filières d'acheminement n'ont aucun lien avec les anciens groupes connus des services de renseignements. «Nous avons à faire à des mini-groupes de jeunes qui vont au Niger et qui essaient ensuite de passer au Mali, mais les démarches restent encore très éclatées», précise l'expert, qui évoque également quelques cas d'infiltration en Somalie.
En Syrie, plusieurs Français ont été repérés sur place. Le docteur Jacques Bérès, de Médecins sans frontières, en a soigné certains pendant son séjour clandestin cet été dans un hôpital d'Alep, où les rebelles affrontent l'armée régulière. Devant lui, certains n'ont d'ailleurs pas caché leur admiration pour Mohamed Merah.
Au printemps, Le Figaro avait révélé qu'une demi-douzaine de Français, descendus à l'aéroport de Beyrouth, avait ensuite été arrêtés par la sécurité libanaise, alors qu'ils s'apprêtaient à s'infiltrer en Syrie. Nul besoin de visa à l'aéroport de Beyrouth, et entre les deux pays, les passages sont organisés par les rebelles eux-mêmes. Pour la France, le djihad en Syrie pose un problème bien particulier. «Ce sont nos amis, difficile de parler de terroristes», sourit le juge Trévidic. La France est, en effet, en pointe dans le combat pour déloger «le massacreur en chef» Bachar el-Assad, selon l'expression de Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères. Jusqu'à présent, l'impératif d'un départ du raïs a primé sur toute préoccupation sécuritaire liée au retour de ces drôles de «combattants de la liberté», qui auront acquis sur place un dangereux savoir-faire.
Comment arrêter des jeunes prêts à aller en découdre avec un dictateur, qui plus est alaouite, donc proche du chiisme, la confession vomie par les djihadistes sunnites? Une chose est sûre: avec le pourrissement du conflit, nul doute que de plus en plus d'apprentis djihadistes auront envie de rejoindre la Syrie au nom d'une guerre sainte, tacitement défendue par l'Occident. «Je suis étonné qu'il n'y ait pas eu encore de djihadiste français tué en Syrie», confiait récemment un diplomate au Quai d'Orsay, qui suivit longtemps le dossier, avant d'ajouter «enfin presque». En effet, au printemps, un pseudo-journaliste franco-britannique, originaire d'Algérie, a été abattu près de la frontière turque, alors qu'il s'agissait en fait d'un djihadiste, dont le corps fut ensuite discrètement remis à l'ambassade d'Algérie à Damas.