WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ Politique
Marine Le Pen contre la kippa et le voile dans la rue
Mis à jour le 21/09/2012 à 14:11 | publié le 21/09/2012 à 12:53
Marine Le Pen mi-septembre au siège du FN, à Nanterre.
La présidente du Front national se prononce pour l'interdiction de ces signes religieux dans les magasins, les transports et même la rue. «Tout ce qui déchire, oppose, divise est maladroit», lui répond François Hollande.À la veille du lancement de l'université d'été du Front national (FN), l'actualité tendue autour de l'islam - film islamophobe aux États-Unis, caricatures de Mahomet dans
Charlie Hebdo - permet à Marine Le Pen de surfer sur ses sujets de prédilection. Dans un entretien au Monde publié vendredi, la présidente du parti d'extrême droite se prononce une nouvelle fois pour l'interdiction du voile dans l'espace public». Dans sa ligne de mire: «les magasins, les transports, la rue». Alors qu'elle avait déjà adopté cette position pendant la campagne présidentielle, elle y adjoint cette fois l'interdiction de la kippa. «Il est évident que si l'on supprime le voile, on supprime la kippa dans l'espace public», affirme-t-elle, sans évoquer les signes ostentatoires des chrétiens.
Dans son projet pour la présidentielle de 2012, Marine Le Pen n'avait toutefois pas été aussi loin. Certes, elle prônait déjà l'interdiction du «port du voile ou de tout autre signe religieux ostentatoire», mais elle la cantonnait aux «services publics administratifs dépendant de l'État ou des collectivités territoriales». Elle avait en outre annoncé une réflexion «pour étendre cette disposition aux transports publics». Interrogée vendredi sur le caractère «liberticide» de son projet, la fille de Jean-Marie Le Pen reste ferme: «Ça dépend de ce que vous considérez comme la liberté. On vous interdit de vous balader nus dans la rue... C'est liberticide?», ironise-t-elle.
«La limite de la liberté d'expression est la diffamation et l'injure»La chef de file du FN se redit également en faveur d'«une application stricte de la loi de 1905» sur la laïcité. «Plus de financement, direct ou indirect, des mosquées. Plus de financement étranger. Sauf cas spécifique de convention de réciprocité», réclame-t-elle. Et de préciser son propos: «Je veux bien qu'un État finance une mosquée dans notre pays s'il n'interdit pas sur son territoire le financement des églises ou de n'importe quel autre culte». En dehors de ces cas, les mosquées doivent être financées «avec l'argent des fidèles», conclut Marine Le Pen.
Revenant sur les caricatures de
Charlie Hebdo , Marine Le Pen affirme ne pas voir «l'intérêt d'aller heurter les gens dans ce qu'ils ont de plus intime», tout en se félicitant que «le délit de blasphème n'existe plus». Pour celle qui a engagé une procédure judiciaire contre l'hebdomadaire satirique pour un dessin la représentant sous forme de déjection, «la limite de la liberté d'expression est la diffamation et l'injure».
Marine Le Pen est «la première des intégristes»Les réactions de la classe politique aux propos du leader frontiste, notamment sur le voile et la kippa, ne se sont pas fait attendre. Le président François Hollande a été le premier à réagir, en marge de l'inauguration à Drancy d'un mémorial de la Shoah. «Tout ce qui déchire, oppose, divise est maladroit et donc nous devons appliquer les règles, les seules règles que nous connaissons c'est les règles de la République et de la laïcité», a assuré le chef de l'État. Présent à ses côtés, le ministre de l'Éducation nationale, Vincent Peillon, a qualifié Marine Le Pen d'«intégriste». «Tous ces amalgames, ces imprécisions, font le lit de l'obscurantisme et de la haine. Réagissons (...). Marine Le Pen jettera de l'huile sur le feu sur tous les intégrismes. Elle est la première des intégristes», a-t-il lâché.
Pour Abdallah Zekri, le président de l'Observatoire contre l'islamophobie, si les propos de la présidente du FN ne sont que des «gesticulations», ils pourraient toutefois s'avérer dangereux. Et celui-ci de mettre en garde: «C'est un extrémisme qui alimente un autre extrémisme: le fondamentalisme. Ils risquent de dire: “Regardez, les Français vous en veulent, ils en veulent à vos pratiques, etc”.»