WEB - GOOGLE - ACTUALITE > SantéMétastases osseuses (en vert) d'un cancer primitif du poumon.
Métastases : une protéine ouvre des perspectives
Publié le 09/12/2011
La périostine donne le coup de départ de la croissance des tumeurs secondaires. Un anticorps testé in vitro bloque son action et ouvre des pistes de traitement préventif.
Les métastases sont la principale cause de décès par cancer. Ces tumeurs secondaires, qui peuvent apparaître dans tous les organes, naissent après migration de certaines cellules du cancer principal. En dépit de leur importance fondamentale, les mécanismes à l'origine de leur prolifération ne sont étudiées que depuis une dizaine d'années. Dans un article paru jeudi dans
Nature, les chercheurs suisses de l'Institut suisse de recherche expérimentale sur le cancer (Isrec) et de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) ont identifié une protéine jouant un rôle-clé dans le processus : la périostine.
«Sa présence dans les tissus agit comme un panneau indiquant aux cellules cancéreuses qu'elles peuvent s'installer ici pour se reproduire», explique Patrick Mehlen, directeur de laboratoire au Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard à Lyon. «C'est une avancée importante dans la compréhension de la colonisation métastatique des tissus sains.»
On savait depuis longtemps que les cellules cancéreuses sont nombreuses à migrer dans le sang mais que très peu parviennent à s'implanter. Un des éléments d'explication au manque d'efficacité du processus était que seul un type de cellules appelées «cellules-souches cancéreuses» pouvait amorcer la naissance de métastases. «C'est un peu comme chez les abeilles : seules les reines peuvent donner naissance à une nouvelle ruche», raconte Patrick Mehlen. Désormais, les chercheurs savent aussi pourquoi ces «reines» du cancer, assez rares, ne s'implantent pas systématiquement.
Les traitements préventifs peinent à atteindre le stade cliniqueLes chercheurs suisses ont travaillé sur des souris atteintes d'une forme virulente de cancer du sein humain qui métastase rapidement vers les poumons. Ils ont démontré que le nombre de métastases est grandement limité - jusqu'à cinq fois moins de tumeurs - chez les souris présentant une déficience en périostine. Les chercheurs ont par ailleurs trouvé un anticorps qui s'attache à la protéine et en inhibe les propriétés. En présence de cette molécule, les cellules-souches cancéreuses ne parviennent plus à se reproduire efficacement in vitro. L'équipe suisse cherche maintenant à prouver l'efficacité et l'absence de toxicité de la molécule chez l'animal.
Mettre au point une thérapie préventive capable d'empêcher l'apparition de métastases chez l'homme serait une avancée fondamentale. Si la théorie est belle, la mise en pratique pourrait malheureusement s'avérer compliquée. «Les essais cliniques de médicaments contre le cancer se font presque toujours sur des personnes en phase terminale chez qui rien d'autre n'a fonctionné», relève Patrick Mehlen. «Or, pour démontrer l'efficacité d'un traitement préventif, il faudrait des patients à un stade précoce de la maladie. Beaucoup de recherches similaires n'arrivent malheureusement jamais au stade clinique pour cette simple raison», regrette-t-il.