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Plusieurs dignitaires seraient prêts à quitter la Syrie
Mis à jour le 18/08/2012 à 17:25 | publié le 17/08/2012 à 19:01
Un portrait de Bachar el-Assad tagué.
En visite à Beyrouth, Laurent Fabius a annoncé «des défections spectaculaires». Le sort du vice-président al-Chareh est incertain.«D'après les informations que nous avons, d'autres défections spectaculaires se produisent» en Syrie, a déclaré jeudi soir le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius, en visite à Beyrouth. Le ministre français a rappelé la fuite, le 5 août, du premier ministre Riad Hijab et, avant lui, du général Manaf Tlass, ami personnel du président Bachar el-Assad. Selon lui, les futures défections annoncent «que le régime est en décomposition».
L'Armée syrienne libre (ASL) organisatrice de l'exfiltration du premier ministre, ne cache pas qu'elle prépare d'autres opérations du même genre. Les événements protocolaires à Damas sont scrutés à la loupe pour tenter de prévoir les prochains départs. Samedi matin, la télévision d'État a fait savoir que le vice-président syrien Farouk al-Chareh n'avait pas l'intention de quitter le pays, contrairement à ce qu'avaient annoncé des chaînes arabes. Des rumeurs instantes le donnent pourtant en Jordanie.
Dans son blog «Un œil sur la Syrie», l'ex-diplomate français en poste à Damas, Ignace Leverrier, note par ailleurs l'absence de Bousseïna Chaabane, l'inamovible conseillère, politique et médiatique, de Bachar el-Assad, lors de la réception d'une délégation iranienne. Pour sa part, l'ancien conseiller de Bachar, le réformateur Ayman Abdel Nour, aujourd'hui dans l'opposition, va jusqu'à affirmer sur son blog «All4Syria» que Bousseïna Chaabane serait en train de poser des jalons pour s'exiler aux États-Unis grâce à sa fille, mariée à un Américain d'origine syrienne.
Manipulation? L'ex-conseiller est bien informé. Pour lui comme pour Ignace Leverrier «le régime est rongé de l'intérieur». Selon l'ancien diplomate, de nombreux dignitaires seraient prêts à quitter la Syrie, mais ils ne peuvent le faire avant d'avoir évacué leur famille par crainte d'une vengeance du régime. Parmi ceux qui ont déjà franchi le pas, il faut noter la défection, moins spectaculaire que celle du premier ministre, mais plus significative, d'un important responsable de la sécurité, Yarub al-Chareh. Ce dernier, qui a appelé jeudi l'armée à «rejoindre la révolution» sur la chaîne saoudienne Al-Arabiya, était jusque-là chargé de la section de l'information du service de la Sécurité politique, c'est-à-dire de la surveillance du personnel politique. Il est aussi le cousin du vice-président sunnite Farouk al-Chareh, soupçonné de dissidence et aujourd'hui virtuellement prisonnier du régime.
«Assad ne mériterait pas d'être sur la Terre»D'autres défections sont attendues parmi ceux qui sont déjà à l'étranger, en particulier les diplomates. Une dizaine d'envoyés de rangs divers ont déjà abandonné publiquement leur poste, d'autres l'ont déjà fait secrètement ou s'apprêteraient à le faire. Inquiet, le pouvoir cherche à faire revenir temporairement ses envoyés à l'étranger, pour s'assurer de leur loyauté. Pour les convaincre, la plupart des diplomates syriens n'auraient pas été payés depuis deux mois et seraient prévenus que leur salaire les attend au pays…
Le nombre de «transfuges sur place» lui, est difficile à évaluer. Mais ils seraient nombreux à être passé en secret du côté de la rébellion. Les représentants de l'ASL assurent recevoir des informations d'officiers de haut rang. Les représentants des comités locaux de coordination, qui dirigent la révolution sur place, assurent être en contact dans les directions de tous les ministères, avec des fonctionnaires de rang intermédiaire qui sont déjà prêts à assurer la continuité de l'État après la chute du régime.
Un régime qui «doit être abattu rapidement», a dit Laurent Fabius, jeudi en Turquie. Le chef de la diplomatie française, à l'occasion de la visite d'un camp de réfugiés, a franchit un pas de plus dans la menace verbale contre le président syrien: «Après avoir entendu des témoignages bouleversants, et je suis conscient de la force de ce que je suis en train de dire: “M. Bachar el-Assad ne mériterait pas d'être sur la Terre”.» Sur le terrain, les affrontements se sont poursuivis vendredi, en particulier autour de l'aéroport militaire de Damas alors que des quartiers insurgés d'Alep, la deuxième ville du pays, étaient pilonnés.