WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > International
Hillary Clinton contre Joe Biden, le dilemme d'Obama
Mis à jour le 17/08/2012 à 21:01 | publié le 17/08/2012 à 19:45
La secrétaire d'État Hillary Clinton, le 11 août à Istanbul.
Une nouvelle gaffe du vice-président relance les spéculations sur son remplacement par la secrétaire d'État dans le prochain « ticket ».Si les républicains saluent le regain d'énergie apporté par la nomination du jeune loup conservateur Paul Ryan sur le «ticket» de Mitt Romney, les démocrates s'interrogent sur le vice-président sortant Joe Biden. Représente-t-il une force pour Obama, comme en 2008, où le candidat novice avait besoin de l'expérience du vieux sénateur, en politique depuis quarante ans? Ou est-il devenu un boulet dans une campagne de réélection qui peine à retrouver le dynamisme d'il y a quatre ans?
«Je peux vous dire que, selon mes sources, jusqu'à ces deux dernières semaines, l'équipe d'Obama n'a cessé de se demander si elle devrait échanger Biden contre Hillary Clinton», a lâché jeudi soir l'analyste Edward Klein à la télévision. «Bill Clinton était favorable à cette idée et a encouragé sa femme. Mais celle-ci est épuisée par ses quatre ans de secrétaire d'État», a précisé Klein.
Aveu de faiblesseHillary aurait déjeuné il y a deux semaines avec Valerie Jarrett, conseillère d'Obama, et donné une réponse néga­tive. «Hillary vise 2016» et n'est pas sûre qu'apparaître sur le ticket présidentiel soit une bonne stratégie, dit Klein. Pour Obama, il est aussi un peu tard pour changer de monture, commentent les analystes. Se débarrasser de Biden apparaîtrait comme un aveu de faiblesse.
Une nouvelle gaffe d'«oncle Joe», politicien chevronné et haut en couleur de 69 ans, qui n'a jamais eu sa langue dans sa poche, a pourtant remis la question au centre du débat. La «sortie de route» du vice-président mercredi en Virginie, ancien État de la Confédération du Sud, d'où il a accusé les républicains de vouloir remettre la nation dans «des chaînes», a suscité une vive polémique, certains dénonçant la connotation raciale de la remarque. Biden et le camp d'Obama ont eu beau souligner que le propos ne faisait pas référence à l'esclavage mais à Wall Street, les républicains ont saisi la balle au bond. L'ancienne candidate à la vice-présidence Sarah Palin a estimé que la campagne d'Obama devait profiter du scandale pour se débarrasser de ce colistier embarrassant. L'ancien rival d'Obama John McCain a lui aussi estimé qu'Obama devrait remplacer Biden par Hillary, doutant toutefois que cela se produise. «Ridicule», a répliqué la Maison-Blanche, soulignant que McCain était la dernière personne à consulter sur la vice-présidence, vu son choix de Palin en 2008.
Politique à l'ancienneCe n'est pas la première fois, loin de là, que Joe Biden met le président dans l'embarras. En mai, il s'était dit «très en phase» avec l'idée du mariage gay, forçant de facto le président à le suivre et à annoncer officiellement son souhait d'inscrire le mariage homosexuel à l'agenda de sa réélection… Plusieurs conseillers avaient laissé fuiter leur mécontentement, estimant que la «gaffe de Joe» avait forcé la main du chef de l'État, sans qu'aient été mûrement pesées les conséquences de cette position sur un sujet ultrasensible.
Dans un article intitulé «Contrôler Joe Biden, une mission impossible», le journaliste de Politico Jonathan Martins explique que la Maison-Blanche, inquiète des «dérapages» du vice-président, a donné mission à son entourage de «le sauver de lui-même». Mais le reporter s'interroge sur le bien-fondé de cette approche qui tend à lisser jusqu'à l'obsession les messages de campagne. Pour lui, la force de Biden, politique à l'ancienne qui parle «avec ses tripes», est précisément d'établir un contact direct avec les électeurs. «Les bombes de Joe», comme les conseillers d'Obama les appellent, ne sont que le corollaire de cette spontanéité qui fait cruellement défaut dans la politique moderne, avertit Martins.