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Birmanie : rencontre historique entre Hillary Clinton et Aung San Suu Kyi
Publié le 02.12.2011, 07h19 | Mise à jour : 08h50 La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'est entretenue à Rangoun avec l'opposante birmane Aung San Suu Kyi.
Une scène inimaginable il y a quelques mois encore. Ce vendredi, Hillary Clinton s'est entretenue avec Aung San Suu Kyi chez elle, à Rangoun (Birmanie), où elle a passé la majeure partie des vingt dernières années assignée à résidence. Objet de cette rencontre historique : faire approuver par l'opposante birmane la stratégie américaine de rapprochement avec le nouveau régime birman. La secrétaire d'Etat américaine doit quitter le pays aujourd'hui, au troisième jour de sa visite, après ces discussions capitales avec la lauréate du prix Nobel de la paix.
Sous les yeux des journalistes, Hillary Clinton a embrassé Aung San Suu Kyi sur les deux joues en arrivant vendredi dans sa maison délabrée. Les deux femmes s'étaient déjà rencontrées jeudi pour un dîner en tête-à-tête. L'Américaine lui a remis une lettre de Barack Obama l'assurant du soutien indéfectibles des Etats-Unis et l'a informée de ses entretiens à Naypyidaw, la capitale birmane, au sortir desquels elle s'est montrée prudemment optimiste. La veille, Hillary Clinton s'est en effet entretenue avec le président Thein Sein, à qui elle a également remis une lettre du président Obama dans laquelle il se dit prêt à «une nouvelle ère» avec la Birmanie si elle maintient le cap des réformes.
«Elle soutient tout ce que nous avons prépar黫Les Etats-Unis sont prêts à marcher à vos côtés sur le chemin des réformes si vous décidez de continuer dans cette direction. Et il n'y a aucun doute que cette direction est la bonne pour le peuple», a déclaré la secrétaire d'Etat. Mercredi, Aung San Suu Kyi avait espéré que ce voyage profiterait à «l'avancée des réformes» et ouvrirait «la voie à une relation meilleure». A la différence de certains partis de l'opposition, elle n'a cependant pas appelé à la levée des sanctions occidentales.
Selon un haut responsable américain, celle qui personnifie la résistance aux militaires depuis plus de vingt ans a demandé à Washington de donner du temps à Thein Sein et soutenu la stratégie américaine de motiver le régime par des gestes comme le rehaussement des relations diplomatiques. «Elle soutient tout ce que nous avons préparé. Elle nous a même encouragé à faire plus de choses que nous pensions à ce stade», a-t-il indiqué.
La première visite en 50 ans s'un chef de la diplomatie USCe voyage est le premier d'un chef de la diplomatie américaine en Birmanie depuis plus d'un demi siècle. Il intervient après huit mois de réformes spectaculaires, depuis la dissolution en mars de la junte, qui a transmis ses pouvoirs à un gouvernement dit «civil». La secrétaire d'Etat n'a offert aucune concession majeure au nouveau régime, évoquant juste l'éventualité de nommer un ambassadeur à part entière dans le pays et d'assouplir les sanctions, en place depuis la fin des années 1990, étape qui nécessite l'approbation du Congrès.
Hillary Clinton doit également rencontrer vendredi des représentants des minorités ethniques, qui représentent un tiers des 50 millions d'habitants du pays, et dont certains n'ont jamais pacifié leurs relations avec le pouvoir central depuis l'indépendance en 1948.
Vers un retour en politique de «The Lady»Dans un pays toujours dominé par les militaires, le président Thein Sein, ancien général et ancien Premier ministre de la junte, a encouragé le retour dans le jeu politique d'Aung San Suu Kyi, qui a annoncé son intention de se présenter aux prochaines élections partielles.
Les Etats-Unis ont également insisté pour la libération de tous les prisonniers politiques. Quelque 200 d'entre eux ont été libérés en octobre, mais de 500 à 1.600 restent derrière les barreaux.
La résistance d'Aung San Suu Kyi au régime militaire est le sujet du dernier film de Luc Besson, «The Lady», actuellement sur les écrans, avec Michelle Yeoh dans le rôle principal.