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Hollande investit le terrain de la sécurité
Mis à jour le 13/08/2012 à 19:47 | publié le 13/08/2012 à 18:30
En compagnie du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, (à droite) lors d'un déplacement, samedi en Isère, François Hollande a fait une visite à l'hôpital pour réconforter le bijoutier victime d'un hold-up à Grenoble.
Le chef de l'État rend hommage mardi à deux femmes gendarmes tuées en juin.Reprendre la main. Occuper le terrain cent jours exactement après son élection. François Hollande se rend mardi matin à Pierrefeu-du-Var, une commune située à une trentaine de kilomètres du Fort de Brégançon où il passe ses premières vacances présidentielles. Accompagné du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, le président de la République rencontrera la brigade de gendarmerie endeuillée par la mort des deux femmes gendarmes, abattues le 17 juin au cours d'une intervention banale. Une «déclaration à la presse» est prévue dans la foulée. «Le président va saluer la mémoire des deux femmes gendarmes et rendre hommage à toutes les forces de sécurité qui, parfois au péril de leur vie, assurent la sécurité de nos concitoyens», indique un conseiller élyséen. Mais celui-ci prévient: «Il n'est pas question de parler d'autre chose. Le président n'évoquera pas la Syrie ou les campements de Roms.»
C'est la deuxième fois en moins d'une semaine que Hollande interrompt sa pause estivale pour investir le champ de la sécurité. Samedi déjà, il avait profité d'un déplacement en Isère, où il présidait l'hommage national au 88e militaire français tué en Afghanistan, pour se rendre au chevet du bijoutier blessé et de la femme prise en otage lors d'un braquage à Grenoble. Sur place, il avait demandé que cette ville soit classée zone de sécurité prioritaire.
Répliquer à la droiteLe président de la République veut-il répliquer à la droite qui l'accuse d'inertie et d'attentisme sur le dossier syrien en occupant le terrain de la sécurité? Souhaite-t-il, en cette période de crise, le jour où sera connue la croissance du deuxième trimestre, donner autre chose à voir aux Français que les unes de plusieurs magazines le montrant en maillot de bain?
Dans l'entourage du chef de l'État, on balaie ces hypothèses, en se défendant de tout «cynisme». «Le président de la République n'avait pas pu se rendre à l'hommage aux deux femmes gendarmes en juin. Le Fort de Brégançon est à côté de Pierrefeu. Il souhaitait y aller durant ses vacances. Il y va mardi. C'est un geste de sincérité et d'humanité à l'égard des personnes qui donnent leur vie à l'État et au pays», confie un conseiller élyséen. Ce même conseiller enfonce le clou. «François Hollande ne fait pas ce calcul des 100 jours. Ce calcul, c'est vous qui le faites», ajoute-t-il à destination des journalistes.
Depuis quelques jours, les nuages s'amoncellent dans le ciel présidentiel. Alors que Hollande bénéficiait non pas d'un état de grâce mais d'un état d'indulgence depuis le 6 mai, un sondage Ifop pour
Le Figaroest venu jeter une ombre sur ses premiers mois de sa présidence. 54 % des Français se disent «mécontents» de son action. En outre, le président se retrouve débordé sur sa droite et sur sa gauche. L'UMP lui reproche violemment son attentisme sur le dossier syrien. Des élus de gauche et même du PS menacent de ne pas voter le projet de loi ratifiant le traité européen et des associations critiquent sévèrement les évacuations de campements de Roms.
«Effets d'annonce»Hollande est-il sous pression? Son ministre du Travail, Michel Sapin, assure que non. «La droite est impudente. Elle tape sur un clou, mais de façon désordonnée et inefficace.» Le déplacement à Pierrefeu-du-Var a pourtant été décidé en toute fin de semaine dernière. Et, lundi matin, les équipes de l'Élysée en étaient encore à régler les modalités, ne sachant pas encore si le président aurait la possibilité de s'entretenir avec les familles des deux femmes gendarmes tuées en service.
Depuis la Corse où il est en vacances, le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé observe le président: «Il y a toujours un contraste majeur entre son hypercommunication et l'ampleur de son inaction. François Hollande pense que rendre visite aux forces de sécurité tient lieu de politique. Au-delà des effets d'annonce, Hollande est en train de détricoter toute notre politique en matière de sécurité et de justice.»