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Mort de l'ancien président du Mrap, Mouloud Aounit
10 août 2012 à 14:33 (Mis à jour: 20:53)
Mouloud Aounit, le 26 avril 2007 à Paris.
Mouloud Aounit, ancien président du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), ex-participant de la Marche des Beurs, est mort vendredi à l'âge de 59 ans, le monde associatif saluant un «homme de conviction», «têtu», «souvent contesté mais libre».
Le militant associatif et politique, marié et père de deux enfants, a succombé aux suites d’une tumeur au cerveau à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris.
La première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry a exprimé sa
«grande tristesse», saluant un militant parmi
«les plus engagés en faveur de l’intégration».«Le mouvement antiraciste perd un de ses combattants», a commenté Julien Dray, co-fondateur avec Harlem Désir de SOS Racisme en 1984 et vice-président de l’association jusqu’en 1988.
Le cinéaste Jean-Michel Riera, qui avait commencé à réaliser un documentaire sur cette grande figure de l’anti-racisme, a dit que Mouloud Aounit
«était malade depuis 18 mois et était dans le coma depuis plus d’une semaine».Né le 23 février 1953 à Timezrit, à l'époque de l’Algérie française, Mouloud Aounit était arrivé très tôt à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), ville où il a fait toute sa carrière.
M. Aounit avait adhéré au MRAP en 1979, présidant le mouvement de 2004 à 2008 mais avait été contesté en raison de son engagement dans la campagne de la candidate communiste à l'élection présidentielle Marie-George Buffet, puis pour son engagement privilégiant la lutte contre l’islamophobie.
«Souvent contest黫Il aura marqué de manière profonde l’association antiraciste par son intense intérêt pour la vie et pour les gens, par sa curiosité intellectuelle, une vaste culture, une grande capacité de travail et un inlassable dévouement», a salué le MRAP dans un communiqué.
Mouloud Aounit avait participé à la Marche des beurs pour l'égalité contre le racisme en 1983 et avait été élu au conseil régional d’Ile-de-France de 2004 à 2010, à la tête de la liste présentée par le PCF en Seine-Saint-Denis. Pour Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, Mouloud Aounit
«a été un des premiers à dénoncer, avec courage, l’islamophobie montante».Le président socialiste du conseil régional d’Ile-de-France Jean-Paul Huchon a rendu hommage à un
«homme de conviction» et un
«homme de coeur».«Souvent contesté mais libre de ses opinions, Mouloud Aounit a marqué par sa personnalité, et ses convictions, le combat inlassable qu’il faut mener contre le racisme», a commenté Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme et son
«ami personnel».«Il était d’origine kabyle, comme moi, donc têtu avec beaucoup de caractère!», a dit Malek Boutih, vice-président de SOS Racisme de 1985 à 1992. Pour le député de l’Essonne, Mouloud Aounit
«n'était pas très connu du grand public mais il a écrit une petite ligne (dans l’histoire du mouvement antiraciste)».Avec Alain Jakubowicz, le président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), Mouloud Aounit
«s’est souvent opposé, de façon violente. Nous avons eu des points d’opposition extrêmement forts sur la question du port du voile, de la laïcité, du Proche-Orient», a rappelé M. Jakubowicz.
Mais pour le président de la Licra, M. Aounit était aussi «un homme particulièrement attachant».
«Il a marqué le Mrap pendant de nombreuses années. Sa mort pose la question du renouvellement des cadres de cette association.»