LE QUOTIDIEN BRITANNIQUE THE TELEGRAPH PROFANE KASSAMAN :Quand l'humour british perd ses racines
Mardi 31 Juillet 2012
Par Idir TAZEROUT
Le quotidien londonien The Telegraph
Quand on accueille des invités en l'occurrence ceux des JO, on n'insulte pas les symboles de leur nation qui plus est, l'année du Cinquantenaire de leur Indépendance.
Les Britanniques ne semblent plus avoir l'esprit de l'hospitalité, sinon comment expliquer l' «accueil» qu'a réservé un quotidien britannique aux Algériens. Dans son édition du jeudi 26 juillet, The Telegraph, quotidien londonien a publié un improbable palmarès «Jeux olympiques de Londres 2012: les 10 pires hymnes nationaux». The Telegraph a dressé une liste de 10 pires hymnes nationaux sur les 205 hymnes de toutes les nations qui participent aux Jeux olympiques de Londres. Et dans ce «top ten» figure en toute vraisemblance le symbole de la Nation au million et un demi de martyrs à savoir notre hymne national, Kassaman.
En effet, l'hymne nationale a été bien ancré au milieu de ce peu glorieux classement «dominé» par la Corée du Nord, lequel a été adopté en 1947, suivi de celui de l'Uruguay «Uruguayens, la Patrie ou la Mort», inspiré d'un opéra du compositeur italien Domenico Gaetano Maria Donizetti (1797-1848), puis de l'hymne national de la Grèce, «Hymne à la Liberté», écrit par Dionýsios Solomós en 1823, ensuite La Marcha Real (La Marche Royale) de l'Espagne, le plus vieil hymne au monde composé vers 1761. L'hymne algérien arrive donc en 5eme position. Les explications de ce canard concernant cette «profanation» sont les suivantes: «Le compositeur de l'hymne national de l'Algérie, le poète Mufdi Zakaria, a écrit les paroles avec le sang sur les murs de sa cellule dans une prison coloniale française en 1956», avant d'ajouter: «En plus de glorifier les mitrailleuses et la poudre à canon, l'hymne est celui parmi les quelques-uns au monde à faire référence à un autre Etat, à savoir la France».
Pour son argumentation, The Telegraph, a expliqué qu'il ne faisait que de l'humour british, soulignant le fait qu'il ne s'est pas privé de se moquer des athlètes britanniques, écossais, irlandais, etc. Quel rapport peut-il y avoir entre se moquer d'un athlète et brocarder le symbole d'un peuple? Ce qu'a éructé le Télégraph qui ne pouvait être assimilé à de l'humour a indigné et blessé les Algériens de cette attaque gratuite contre l'hymne de l'une des plus grandes révolutions qu'a connues le XXe siècle. Quand on accueille des invités, en l'occurrence ceux des JO, on ne les insulte pas en établissant un listing des pires hymnes. Ce n'est pas ça l'esprit olympique, Messieurs du Telegraph... Pourquoi autant de haine contre le symbole d'un peuple qui a souffert de plus de 130 ans de colonialisme et qui plus est l'année du cinquantenaire de son indépendance?.
C'est sans surprises que les réactions coté Algériens ont fusé de tout part tel les premiers coup de feu de Novembre 54. L'ambassade d'Algérie à Londres a élevé une «vive protestation» auprès du directeur de la publication du Daily Telegraph a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, dans une déclaration. «Réagissant à l'article paru le 26 juillet dans la version online du Daily Telegraph qui porte atteinte aux symboles de l'Etat algérien, particulièrement à son hymne national, l'ambassade d'Algérie à Londres a élevé une vive protestation auprès du directeur de cette publication, assortie d'une mise au point à insérer dans ce quotidien», a précisé le porte-parole. «Une démarche sera effectuée auprès des autorités compétentes pour attirer leur attention sur la teneur de cet article qui bafoue l'esprit et l'idéal olympique, porte atteinte aux longues souffrances endurées par le peuple algérien pour recouvrer son indépendance et sa dignité de nation souveraine et qui attente à son hymne national qui est une conquête immuable de la glorieuse Révolution du 1er novembre 1954», a-t-il ajouté.
L'Organisation nationale des enfants de chouhada (Onec), pour sa part aussi, a dénoncé avec vigueur les provocations émanant du journal britannique. «Nous dénonçons et condamnons avec la plus grande vigueur cette attitude hostile, immorale et criminelle qui s'inscrit dans l'esprit néocolonialiste britannique», a souligné l'Onec dans un communiqué. Pour cette organisation, «Daily Telegraph feint ignorer le contenu de l'hymne de son pays et ceux de nombreux autres pays au passé colonialiste». «Cet hymne est le symbole de notre souveraineté, il représente notre Etat. Bien d'autres peuples ayant lutté contre le colonialisme s'en sont inspirés», rappelle le communiqué qui met l'accent sur la nécessité pour les hommes dignes de dénoncer ces viles attitudes. Pour l'Onec, l'Etat devrait mettre fin à ces attitudes en «usant de tous les moyens pour amener ce journal à présenter des excuses pour cet acte criminel».
Cette histoire a également provoqué l'indignation général sur les réseaux sociaux. Les réactions sont des plus virulentes. «Ce n'est pas de l'humour british mais du mépris, de l'indécence, de l'impolitesse british. Le journal aurait pu établir un listing de ce qu'il juge être les beaux hymnes mais pas l'inverse», lit-on sur un mur d'un Facebookeur algérien. «L'humour british qui juge que notre hymne est haineux et dangereux et demain ils jugeront que notre drapeau est inadéquat?», s'interroge un autre. Pourtant, l'hospitalité et la classe british sont reconnu de par le monde tout comme leur ouverture d'esprit et leur sens de l'intégration, en témoigne la cérémonie d'ouverture qui a mis en scène les différentes cultures qui vivent en Grande Bretagne.