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Les faiblesses françaises qui inquiètent Standard & Poor's
Publié le 06/12/2011 à 12:02L'agence de notation envisage de dégrader de deux crans la note de la France. En cause, des prévisions de croissance officielles trop optimistes et un secteur bancaire qui pourrait avoir besoin d'aide en 2012.
Tous les pays tremblent devant l'avertissement de l'agence de notation Standard &Poor's. Mais en cas de sanction, tous ne seraient pas affectés de la même façon. Certains, comme l'Allemagne, risquent de voir leur note dégradée d'un cran. D'autres, comme la France, directement de deux crans.
L'agence s'explique en quatre points sur cette différence de traitement. En comparaison, l'argumentaire concernant l'Allemagne est beaucoup plus concis et se résume aux impacts négatifs que pourrait avoir la crise de la zone euro sur la croissance du pays et sur son déficit public.
Les quatre points faibles de la France• L'impact de la crise de la zone euro. Si la France se retrouve dans le viseur de l'agence de notation, c'est d'abord parce que le pays pourrait être pénalisé par les remous de la crise de la zone euro. «Dans la mesure où les problèmes de la zone euro entraînent une restriction du crédit, les perspectives de l'économie française pourraient être affectées», analyse Standard & Poor's dans un communiqué.
• La baisse du déficit incertaine. «Les mesures budgétaires annoncées jusqu'à présent par le gouvernement sont, à notre avis, insuffisantes pour atteindre son objectif de déficit de 4,5% l'année prochaine si la croissance est inférieure au 1%», assènent les analystes de l'agence. Standard & Poor's estime que la croissance serait plutôt de l'ordre de 0,5% et le déficit de 4,8%, en 2012. Il existe également des risques importants que la prévision de croissance officielle de 2% pour les années de 2013 à 2016 ne se réalise pas. Le cas échéant, cela requerrait de nouvelles mesures de rigueur, poursuit-elle. Ce que le ministre de l'Économie François Baroin réfute. Seul point positif relevé sur ce chapitre par l'agence : le gouvernement a fait preuve de sa détermination à combattre le dérapage des finances publiques.
• La faiblesse des banques. Voilà peut-être l'explication du risque de la dégradation de deux crans, et non d'un seul, de la note de la dette française. Si Bercy affirme que les banques n'auront pas besoin de l'aide de l'État, Standard & Poor's craint le contraire. Le secteur financier doit emprunter à des taux d'intérêts toujours plus élevés, relève l'agence. Or, elles vont devoir lever des sommes «considérables» sur les marchés internationaux en 2012, ajoute-t-elle. Même si les banques cherchent à réduire ces derniers temps leurs besoins de fonds. Ces problèmes de financement, couplés à la baisse de la valeur des titres de dettes d'États qu'elles détiennent, «accroissent les risques de besoins d'injection de capital par l'État -ou d'opérations du même ordre», estime Standard & Poor's.
• L'intervention de la Banque centrale européenne. La BCE rachètera-t-elle en masse de la dette d'État afin d'éteindre l'incendie dans la zone euro? Suivant le comportement de la gardienne de la zone euro, la note de la France pourrait être affectée, prévient l'agence de notation : «Si nous concluons que la politique de la BCE ne résoudra pas les problèmes que pourrait connaître la France, alors cela pèsera sur la note.»