WEB - GOOGLE - ÉCONOMIE ACTU-ECO Conjoncture
Allemagne : les faiblesses du géant de la zone euro
Mis à jour le 24/07/2012 à 14:51 | publié le 24/07/2012 à 13:39
La chancelière allemande Angela Merkel et son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble.
L'avertissement de l'agence de notation Moody's à l'Allemagne éclaire les quelques failles de la première économie d'Europe. Son talon d'Achille: son implication dans la zone euro.1. Le pays qui prête le plusPremière économie de la zone euro, c'est elle qui verse le plus d'argent pour alimenter les prêts internationaux aux pays en difficulté. Actuellement, l'Allemagne est exposée à hauteur de 353 milliards d'euros via les prêts accordés aux 4 pays sous perfusion (Grèce, Irlande, Portugal, Espagne) et via ses participations auprès des pare-feu européens, selon les calculs de Christian Ott, économiste à Natixis. En clair, si tous les États en difficulté faisaient faillite, le pays perdrait l'équivalent de 15% environ de son produit intérieur brut (PIB). De quoi alourdir, dans ce cas très hypothétique, une dette qui s'élevait fin 2011 à 81,2% de son PIB (contre 85% pour la France), bien au-delà de la limite de 60% fixée par les traités européens.
2. Une économie très dépendante à la zone euroL'Allemagne est une puissance exportatrice sans équivalent en zone euro. Problème, 40% de ses ventes industrielles à l'étranger sont à destination de la zone euro. «Les faiblesses de ses plus proches partenaires économiques, comme la France, les Pays-Bas ou l'Italie, ont un impact négatif sur l'économie allemande», souligne Catherine Stephan, économiste à BNP Paribas. Le ralentissement de la croissance observé dernièrement dans les grands pays émergents comme la Chine, gros acheteurs de produits allemands, inquiète également. L'Allemagne pourrait même connaître une petite récession, à en croire l'indicateur économique avancé PMI publié ce lundi par l'institut Markit.
3. Des banques exposées à l'Espagne et à l'Italie«La vulnérabilité du système bancaire allemand» est une des principales inquiétudes de l'agence de notation Moody's. Elle souligne que les banques allemandes ont une forte présence en Espagne et en Italie, toutes deux fortement chahutées par la crise. Elles y ont investi respectivement 139 et 133 milliards d'euros. Or, s'inquiète Moody's, les établissements allemands n'ont «qu'une capacité limitée d'absorption des pertes et des revenus structurellement faibles, ce qui les rend plus sensibles à une aggravation de la crise».
4. Un secteur des services à la traîneSi l'Allemagne est la championne des exportations de marchandises, elle reste à la peine dans les services (l'exact contraire de la France). Dans ce secteur, elle accusait un déficit commercial de 29,1 milliards d'euros en 2010, effacé il est vrai par l'excédent de 204,3 milliards enregistré par l'industrie, selon les chiffres de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE). «Les services ne sont pas un élément déterminant pour l'économie allemande», nuance ainsi Catherine Stephan. Toutefois, l'OCDE s'inquiète du manque de productivité dans le secteur des services aux entreprises, bien en dessous des moyennes internationales, ce qui est lié selon elle à une régulation trop stricte.
5. Une démographie en déclinIl s'agit de la principale faiblesse de fond de l'Allemagne. Sa population totale a reculé pendant huit ans, avant de progresser de 50.000 personnes en 2011 sous l'effet de l'immigration en provenance de l'Union européenne et des pays de l'Est. Malgré cette année d'exception, l'OCDE prévoit une baisse continue de la population active à long terme à partir de 2013. Conséquence, des difficultés de financement du système de retraite pourraient survenir, malgré le relèvement de l'âge légal pour partir à taux plein à 67 ans. «D'autres réformes seront nécessaires, il faut encore résoudre ce problème à long terme», prévient Christian Ott.