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L'Europe s'active pour éteindre l'incendie espagnol
Mis à jour le 25/07/2012 à 23:01 | publié le 25/07/2012 à 20:18
Luis de Guindos, ministre des Finances espagnol.
Les responsables politiques excluent un sauvetage global de l'État espagnol, trop coûteux et risqué. À court terme, le Fonds européen de stabilité financière pourrait intervenir sur les marchés avec le soutien de la BCE.Les dirigeants européens s'activent pour éteindre l'incendie espagnol qui embrase depuis vendredi les marchés, marchés qui ont connu une petite accalmie ce mercredi sur le front des dettes souveraines.
François Hollande plaide pour une mise en application, au plus vite, des décisions du sommet européen de fin juin. «Le message du président a été de dire que les États devaient avoir une réactivité à peu près équivalente à celle des marchés», a précisé la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. Même teneur du côté des ministres des Finances, après les visites successives à Berlin et à Paris du ministre espagnol, Luis de Guindos, auprès de ses homologues, Wolfgang Schäuble et Pierre Moscovici. «Nous considérons que le niveau actuel des taux d'intérêt ne reflète pas les fondamentaux de l'économie espagnole, son potentiel de croissance et la “soutenabilité” de sa dette publique», ont-ils indiqué dans deux communiqués séparés quasi identiques.
Tous excluent à court terme un plan de sauvetage de l'État espagnol sur le modèle grec, irlandais ou portugais. Pour au moins trois raisons. L'assistance promise il y a moins d'une semaine aux banques du royaume - jusqu'à 100 milliards d'euros - est bien trop fraîche pour en tirer un bilan sans appel. Mettre l'Espagne sous perfusion reporterait la spéculation vers l'Italie, qui pèse un cinquième de l'euro. Et pour finir, le fonds de sauvetage provisoire (FESF) voit ses moyens déjà bien entamés, en attendant que son successeur, le MES - doté de 500 milliards -, obtienne la bénédiction de la Cour constitutionnelle allemande, prévue le 12 septembre.
Vu de Bruxelles, le patient espagnol souffre moins du poids de sa dette que de taux d'intérêt anormalement élevés. «À la différence de la Grèce, l'Espagne n'est pas menacée de banqueroute, affirme le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders. Mais elle ne pourra pas tenir plus de trois ou quatre mois avec des taux d'intérêt à 7 %. Cette charge anormale vient tout simplement réduire à néant les coupes budgétaires décidées par le gouvernement. On tourne en rond.»
Entre les lignes, une solution se profile, discutée à Berlin et à Paris avec le ministre espagnol Luis de Guindos: ramener les taux à un niveau plus réaliste, grâce à des interventions du FESF, voire de la Banque centrale européenne, sur le marché secondaire des obligations d'État. C'est précisément ce qu'a recommandé le sommet de la zone euro le 29 juin, a rappelé hier avec insis­tance le président Hollande.
Rempart de l'euroDans le cas espagnol, cette voie restait fermée du fait d'une incertitude «systémique» sur la santé des banques. La signature officielle, mardi, du plan de recapitalisation et le feu vert définitif de la Commission mercredi ont opportunément levé l'obstacle. «Rien ne s'oppose plus à ce que Madrid demande au FESF d'entrer en lice sur les marchés», confirme un responsable au fait du dossier.
Le fonds de sauvetage pourrait surtout entraîner dans son sillage la BCE, rempart de l'euro, dont la crédibilité reste intacte. C'est en effet à la banque centrale que revient le rôle de recommander l'intervention du FESF, l'Eurogroupe donnant ensuite un feu vert politique à l'unanimité. La BCE se trouverait de facto liée par l'avis rendu, poursuit-on de source européenne. Pour finir, un soutien du FESF sur les obligations permettrait à la BCE de revenir sur le marché secondaire et d'acheter à son tour à moindre risque.