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Tunisie : Marzouki défend sa politique devant les députés français
Publié le 18.07.2012, 18h45 | Mise à jour : 19h23
Dans l'hémicycle, Moncef Marzouki s'est livré à un vibrant plaidoyer en faveur de l'alliance que son parti de centre-gauche a scellé avec le parti islamiste Ennahda.
C'est un honneur que n'avait reçu aucun dirigeant étranger depuis 2006. Mercredi, le président tunisien Moncef Marzouki a prononcé un discours devant l'Assemblée nationale française. Rappelant devant une assemblée désertée par la droite «qu'une fraction de la France officielle a soutenu, directement ou indirectement, la dictature qui nous a opprimés», le président tunisien a défendu son alliance avec le parti islamiste Ennahda.
Le premier président de la Tunisie démocratique effectue de mardi à jeudi une visite destinée à lever les malentendus créés par le soutien de Paris à l'ancien régime du président Ben Ali et à recadrer les relations bilatérales. «On me pose souvent la question : est-ce que la Tunisie est tombée dans l'escarcelle de l'islamisme ? La réponse est non, la Tunisie est tombée dans l'escarcelle de la démocratie», a-t-il assuré sous les applaudissements des députés nettement plus nourris à gauche qu'à droite. Dans l'hémicycle où il était reçu après un entretien et un déjeuner avec Claude Bartolone, président socialiste de l'Assemblée, Moncef Marzouki s'est livré à un vibrant plaidoyer en faveur de l'alliance que son parti de centre-gauche a scellé avec le parti islamiste Ennahda.
A propos d'Ennahda, il a souligné que, «de la même façon qu'il existe en Occident des chrétiens-démocrates, il y a et il y aura dans le monde arabe des partis islamo-démocrates dont Ennahda n'est que le prototype tunisien». «C'est la force de la démocratie d'avoir su apprivoiser des forces qui lui étaient au départ hostiles», a-t-il ajouté.
«Une fraction de la France a soutenu la dictature»Alors qu'une partie de l'opposition de droite avait boudé sa venue, Moncef Marzouki a rappelé «qu'une fraction de la France officielle a soutenu, directement ou indirectement, la dictature qui nous a opprimés», une référence au régime de Ben Ali. «Mais la partie essentielle de la France, celle des partis et des syndicats, des organisations de la société civile, la France des médias, des intellectuels et des simples citoyens, la France qui m'a donné asile, ne nous a jamais fait défaut et nous a soutenus autant qu'elle le pouvait», a-t-il ajouté.
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La droite a-t-elle boudé Marzouki ?Le député UMP Pierre Lellouche avait déclaré mardi qu'il n'assisterait pas à la réception du président tunisien, jugeant que «le processus démocratique n'est pas encore stabilisé» dans ce pays. Le président du groupe UMP à l'Assemblée, Christian Jacob, avait estimé que la position de Pierre Lellouche n'engageait que lui. Au final, durant le discours de Moncef Marzouki, les bancs de la droite, sans être déserts, étaient nettement moins fournis que ceux de la gauche.
Jean-Luc Laurent, président du Mouvement républicain citoyen, a estimé que «la quasi-absence de la droite dans l'hémicycle marque une continuité avec les errements des années Ben Ali puis de la révolution de Jasmin». Pour sa part, Didier Julia, ancien député UMP, s'est déclaré «consterné par l'attitude de certains représentants de l'UMP à l'égard du Président Monzef Marzouki qui, dans son pays et pour le monde entier, incarne la laïcité, la tolérance et le besoin de justice». «J'appelle tous mes compagnons de route à s'informer sur le terrain et à rendre hommage à ce que l'on peut appeler le modèle tunisien», a-t-il déclaré.
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Le discours au Palais-Bourbon, un honneur rareEn accueillant le président Marzouki, Claude Bartolone a affirmé que «l'islam et la démocratie peuvent et doivent se conjuguer» tout en prévenant que la France «restera vigilante» sur le respect de «la liberté d'expression et des droits des femmes» en Tunisie. Rappelant être le deuxième président de l'Assemblée nationale, après le gaulliste Philippe Seguin, à être originaire de Tunis, Claude Bartolone a célébré «l'amour réciproque entre nos deux pays».
Les députés n'avaient accueilli aucun autre responsable étranger depuis José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, en 2006. Parmi les 17 dirigeants étrangers qui se sont exprimés devant les députés sous la Vème République figurent le président américain Bill Clinton, le roi Hassan II du Maroc, le Premier ministre britannique Tony Blair, le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, le chancelier allemand Gerhard Schröder et le président algérien Abdelaziz Bouteflika.