WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ International
Les Français de Tunisie en veulent à Charlie Hebdo
Mis à jour le 20/09/2012 à 20:45 | publié le 20/09/2012 à 19:49
des barbelés ont été installés autour de l'ambassade de France de Tunis pour parer à toute attaque qui pourrait survenir après la grande prière de vendredi.
Avant la journée test de ce vendredi, beaucoup d'expatriés ont pris des précautions contre d'éventuels incidents.Cette journée de vendredi va être longue pour les quelque 30.000 Français de Tunisie, qui ne sont pas près de s'abonner à
Charlie Hebdo . Ceux qui n'ont pas d'obligations professionnelles à remplir resteront sans doute à la maison, avec leurs enfants, dont les écoles ont été fermées à la demande de l'ambassade de France.
Après la grande prière hebdomadaire, selon la tonalité des prêches dans les mosquées, on se risquera peut-être dehors dans l'après-midi. Mais les courses ont généralement été faites pour ne pas avoir à s'aventurer dans Tunis si d'aventure un imam enflamme les esprits, si les salafistes réinvestissent la rue, si ces extrémistes se mettent en tête, après avoir attaqué l'ambassade et l'école américaine, de punir maintenant la France, parce qu'un journal parisien a publié des caricatures du prophète de l'islam. L'ambassade de France, qui n'a pas pris la menace à la légère, préférant «surréagir que sous-réagir», constatait qu'à la veille de cette journée, les autorités tunisiennes, complètement débordées lors de l'attaque du 14 septembre contre les intérêts américains, semblaient cette fois-ci vouloir prendre la mesure des événements.
Des barbelés ont été érigés et des estafettes de policiers supplémentaires ont été positionnées devant la représentation française, au bout de l'avenue Bourguiba, en plein centre de la capitale. Une protection policière a également été mise en place devant les différents établissements scolaires français. À La Marsa, banlieue de Tunis aux allures de village chic et francophone, juste à côté du lycée Flaubert, Anne-Marie Bellon et Xavier Solse, deux professeurs de philosophie, pestent contre
Charlie Hebdo. «On n'est plus en Mai 68, dit Xavier. Ce n'est pas la liberté d'expression qui est en jeu, c'est notre sécurité», explique-t-il dans un texte qu'il compte poster sur Internet. Xavier cite le Code pénal français qui prévoit des peines pour «le fait d'exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures». Une pétition circule déjà sur un groupe Facebook de Français de Tunis condamnant «l'irresponsabilité» du journal satyrique. «Cette histoire est un épiphénomène, souligne Julien Lafrance, mais elle ajoute une nouvelle inquiétude. Le problème de fond est la montée en puissance du salafisme en Tunisie, que le gouvernement, souvent par calcul, agite comme un chiffon rouge. Au-delà de la peur immédiate pour la journée de vendredi, il y a une vraie inquiétude à moyen et long terme.»
Certains envisagent le départAprès quinze années passées en Tunisie, Ludovic Leloup avoue envisager pour la première fois de partir, avec sa femme et ses trois enfants. «À cause de cette petite provoc gratuite de petits journalistes cherchant à vendre un peu plus de journaux, nous devons, nous, subir des mesures de sécurité contraignantes.»
«La liberté d'expression, nous savons ce que c'est: nous en avons été privés, comme tous les Tunisiens, pendant cinquante ans!, s'exclame Lyes Bouattour. Le pire, c'est que le parti actuellement au pouvoir, Ennadah, va se servir de cette provocation pour faire passer une loi contre l'atteinte au sacré.»