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La panne d'Orange devient une affaire d'État
Mis à jour le 08/07/2012 à 22:28 | publié le 08/07/2012 à 19:06
Pierre Louette, secrétaire général de France Télécom, et Arnaud Montebourg, vendredi, à la cellule de crise d'Orange installée à Paris.
INFOGRAPHIE - Après la grande panne qui a privé 28 millions de clients de France Télécom de leur téléphone mobile, le gouvernement se mobilise pour renforcer son rôle dans le secteur des télécoms.C'est déjà l'heure du bilan et des conséquences, après la gigantesque panne du réseau d'Orange, qui a privé les 28 millions de clients de l'opérateur de l'usage de leur téléphone mobile, en France, à partir de vendredi après-midi pendant une douzaine d'heures.
Le gouvernement, en mobilisant trois ministres, Arnaud Montebourg (ministre du Redressement productif), Fleur Pellerin (ministre des PME et du Numérique) et Benoît Hamon (ministre de l'Économie sociale et de la Consommation), a rappelé le caractère crucial des télécoms dans la vie courante des Français et dans l'économie du pays. Par leur intervention, ils ont transformé cette grande panne en affaire d'État. L'exécutif a ainsi marqué des points face au régulateur indépendant, l'Arcep, pourtant chargé de la surveillance de la qualité des réseaux. Mieux, Fleur Pellerin, ministre de l'Économie numérique, a déclaré au
Journal du dimanche qu'elle pourrait rapidement prendre un décret l'autorisant à lancer «un audit sur la sécurité des réseaux des opérateurs». En fait, dès la mi-juin, la ministre avait saisi l'Arcep sur ce projet de décret et le régulateur a émis un avis favorable, ce qui permettra la signature du décret rapidement. C'est la première offensive d'un gouvernement soucieux de reprendre la main sur le secteur des télécoms, stratégique pour l'économie et l'emploi. «Nous avons rétabli de bonnes relations avec l'Arcep mais c'est au gouvernement que doit revenir la définition de la politique à long terme des télécoms», explique Fleur Pellerin. Elle souhaite par exemple que «la question de l'emploi soit davantage prise en compte alors que le régulateur avait plutôt mis l'accent sur le consommateur», ajoute-t-elle. Pendant la durée de la panne, l'Arcep a été étrangement absente, même si Stéphane Richard a régulièrement tenu informé Jean-Ludovic Silicani, le président du régulateur.
Enfin, c'est au ministère de l'Économie numérique que Stéphane Richard devra présenter d'ici à la fin de la semaine son rapport d'expertise sur la grande panne. Il ne sera pas le seul à faire le déplacement ; SFR et Bouygues Telecom viendront aussi cette semaine présenter à Fleur Pellerin leurs propres plans de gestion crise. «Nous voulons aussi avoir les résultats de l'audit, savoir ce qui s'est passé réellement. Les gens ont le droit de savoir si leur opérateur est fiable ou pas», indique Édouard Barreiro, responsable d'UFC-Que choisir.
Opération de maintenance deux jours avantQue s'est-il passé vendredi après-midi? L'opérateur a été «touché par une panne logicielle sur un équipement essentiel du réseau mobile», a expliqué Orange. Le matériel incriminé est un équipement de nouvelle génération, déployé par l'opérateur il y a un an seulement, baptisé HLR, «Home Location Register». Cet équipement «sert de base de données de localisation instantanée de tous les téléphones mobiles actifs sur le réseau», explique Francis Jutand, directeur scientifique de l'institut des Mines-Télécoms. Comme une tour de contrôle pour un aéroport, le HLR sert à localiser, en direct, les numéros de téléphones des appelants et de leurs correspondants.
Il est encore trop tôt pour tirer les conclusions de la panne mais Orange fait remarquer que le logiciel incriminé avait fait l'objet d'une opération de maintenance deux jours auparavant. Le suédois Ericsson et le français Alcatel-Lucent, les deux fournisseurs de ce type d'équipement pour France Télécom, ont travaillé en coopération étroite avec l'opérateur. «Une centaine de personnes d'Alcatel-Lucent sont mobilisées, dont une dizaine chez l'opérateur», précise l'industriel.