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Mali : les islamistes poursuivent la destruction de sites religieux
Publié le 03.07.2012, 07h40 | Mise à jour : 09h12
Les islamistes qui contrôlent Tombouctou (nord du Mali) depuis trois mois ont poursuivi la destruction de biens religieux en brisant la porte sacrée d'une mosquée du XVème siècle, après avoir démoli pendant le week-end sept des seize mausolées de saints musulmans de la ville.
Les islamistes qui contrôlent le nord du Mali depuis trois mois ont poursuivi lundi la destruction de lieux religieux musulmans à Tombouctou et posé des mines autour de la ville de Gao pour se protéger d'éventuelles attaques de rivaux touareg ou de soldats d'une force ouest-africaine. Leur objectif : imposer la charia (loi islamique) à tout le Mali.
A Tombouctou (nord-ouest), après avoir démoli pendant le week-end sept des seize mausolées de saints musulmans, les islamistes du groupe armé Ansar Dine (Défenseurs de l'islam) ont franchi une étape supplémentaire en brisant la porte d'entrée d'une des trois plus grandes mosquées de la ville. La porte en bois de Sidi Yahia a été détruite à coups de pioches, selon des témoins. Cette mosquée fait partie, avec celles de Djingareyber et Sankoré, des trois grands lieux saints de Tombouctou; elles figurent sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Sidi Yahia était fermée depuis des décennies car, selon des croyances locales, son ouverture éventuelle porterait malheur. Des saints sont enterrés dans les mosquées de Djingareyber et Sidi Yahia, selon un expert malien.
Ces destructions ont suscité des condamnations en série, notamment de Washington et Moscou. La Russie a qualifié la destruction des sites historiques de «barbare» et appelé à redoubler d'efforts au niveau international pour restaurer l'intégrité territoriale du Mali. Même condamnation par l'Algérie, pour qui les saints et savants inhumés dans les mausolées ont «contribué à l'épanouissement de l'islam dans la région et à la diffusion des valeurs de tolérance et de spiritualité». Fatou Bensouda, procureur de la Cour pénale internationale (CPI), avait déclaré dimanche à Dakar que la destruction de biens religieux pouvait être considérée comme «crime de guerre».
Alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)
Moins d'une semaine après de violents combats avec la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui ont fait au moins 35 morts le 27 juin à Gao (nord-est), les islamistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) ont disposé des mines aux alentours de la ville, selon le MNLA, pour empêcher une contre-offensive.
Ansar Dine et le Mujao, qui contrôlent désormais les trois grandes villes et régions administratives du nord du Mali - Tombouctou, Gao et Kidal (extrême nord-est) - sont alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), présente dans la région depuis plusieurs années. «Beaucoup de gens cherchent à fuir, à prendre des bus pour gagner Bamako, mais les islamistes les empêchent de quitter la ville», a déclaré Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA basé à Paris.
Selon lui, «après les destructions criminelles de mausolées de saints musulmans, ils (les islamistes) utilisent maintenant la population comme otage, comme bouclier humain, pour se protéger d'une contre-offensive du MNLA». Les dirigeants de la Cedeao ont exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à adopter une résolution permettant l'envoi d'une force régionale au Mali. «Nous ferons tout pour récupérer notre territoire», a déclaré le ministre malien des Affaires étrangères Sadio Lamine Sow à l'issue d'une visite de deux jours à Alger. Interrogé plus précisément sur un possible engagement d'Alger dans l'option militaire, le ministre s'est refusé à toute réponse.