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Mali : les islamistes se vengent en Algérie
Mis à jour le 17/01/2013 à 09:00 | publié le 16/01/2013 à 20:25
Le site gazier exploité par l'entreprise nationale Sonatrach avec la compagnie britannique BP et la norvégienne Statoil dans le champ d'In Amenas, au sud de l'Algérie, où a eu lieu l'attaque du commando islamiste mercredi.
INFOGRAPHIE - Une quarantaine d'Occidentaux ont été pris en otages sur un site gazier par un commando armé. Londres a confirmé la mort d'un Britannique.Une quarantaine d'otages occidentaux étaient mercredi soir encore entre les mains d'un groupe islamiste armé qui a attaqué dans la nuit de mardi à mercredi la base de vie d'un site gazier d'In Amenas, à 1500 km au sud-est d'Alger, à la frontière avec la Libye. Les kidnappeurs ont annoncé à deux sites d'information mauritaniens détenir, entre autres, des Américains, des Français, des Britanniques et des Japonais travaillant pour le groupe Japan Gas Corp.
Le ministère français des Affaires étrangères a activé une cellule de crise, mais le président français, François Hollande, a déclaré qu'il n'y avait pas de certitude concernant la présence de ressortissants français sur le site, ce qu'à répété ce jeudi matin la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem. Washington a en revanche confirmé que des Américains figuraient parmi les captifs.
D'après l'APS, l'agence de presse algérienne, deux étrangers, un Britannique et un Algérien, seraient décédés tandis que six autres auraient été blessés dans l'attaque. Le ministère britannique des Affaires étrangères a confirmé dans la nuit de mercredi à jeudi la mort de ce ressortissant britannique, la qualifiant de «meurtre de sang-froid». Sur les quelque 400 personnes retenues, dont 150 employés algériens de la société française CIS Catering (hôtellerie, logistique), des travailleurs algériens ont déjà été relâchés par petits groupes. Jointe par téléphone, une de ces personnes retenues par les djihadistes raconte avoir vu un expatrié «se faire tuer à bout portant» avant de préciser que tous les otages ne se trouvaient pas au même endroit.
RTL affirme ce jeudi matin que la quasi-totalité du personnel algérien aurait été relâché dans la nuit par les islamistes. Les ravisseurs souhaiteraient se concentrer sur leurs otages occidentaux.
Alger refuse de négocierUn combattant a affirmé à l'AFP que les attaquants étaient des membres d'al-Qaida venus du Mali. «Nous appartenons à la brigade Khaled Aboul Abbas, Mokhtar Belmokhtar», a-t-il dit, en rappelant que Belmokhtar avait «menacé de riposter à toute intervention militaire au Mali». Le porte-parole des ravisseurs a indiqué que l'opération venait «en réaction contre l'Algérie qui a ouvert son espace aérien aux Français», qui mènent au Mali «une guerre génocidaire contre le peuple de l'Azawad».
Les terroristes ont réclamé la libération de 100 islamistes, l'arrêt de «l'agression au Mali», et demandent aux autorités algériennes 20 véhicules 4×4 avec des réservoirs pleins pour pouvoir rejoindre la frontière malienne via un passage sécurisé, ils menacent d'exécuter leurs otages s'ils n'obtiennent pas satisfaction. Le ministre algérien de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, a prévenu de son côté qu'il ne répondrait pas à ces revendications et refusait toute négociation. Selon lui, les terroristes ne sont entrés «ni du Mali ni de Libye», mais sont bien «issus de la région» et ont agi sous les ordres et les instructions de Mokhtar Belmokhtar.
Un otage joint par le FigaroJointe par téléphone par
Le Figaro, une des quelque 400 personnes retenues a déclaré que les assaillants étaient «équipés de lance-roquettes». «Les islamistes nous ont dit qu'ils avaient miné la base», indique cet otage algérien. «lls sont équipés d'armes lourdes. Ils détiennent une quarantaine d'otages étrangers, mais nous ne nous trouvons pas tous au même endroit», poursuit ce témoin. Après une matinée tendue, où plusieurs coups de feu ont été tirés, les preneurs d'otages seraient désormais «plus calmes». «Ils ont demandé de l'eau et de la nourriture pour une soixantaine de personnes et ont chargé des véhicules appartenant à British Petroleum.» D'après le témoin captif, les terroristes auraient hissé un drapeau sur ­lequel est inscrit «Katiba al moulataamoun (ceux qui ont le visage caché)».
Un autre otage, qui serait de nationalité française, a également été joint par France 24. Il affirme être détenu avec des Britanniques, Japonais, Philippins et Malaisiens. Ses ravisseurs seraient lourdement armés et auraient contraint certains otyages à porter une ceinture d'explosifs. La chaîne de télévision précise qu'elle ne «peut pas garantir que ce témoignage n'a pas été fait sous la contrainte».
Un important dispositif militaire algérien encercle le site. Toujours d'après les informations recueillies sur place, les assaillants, vêtus d'uniformes militaires et de tenues afghanes, «s'expriment en arabe classique avec un fort accent libyen». Ces combattants assuraient mercredi soir avoir repoussé un assaut de l'armée algérienne, affirmation qui n'a pu être confirmée par ailleurs.
Il s'agit de la première attaque de ce type contre une exploitation gazière en Algérie, des zones pourtant très protégées et très difficiles d'accès. L'assaut, en deux temps, a d'abord visé vers 5 heures du matin un bus parti de la base-vie d'une installation énergétique à Tiguentourine, complexe exploité par les Britanniques de BP, les Norvégiens de Statoil et les Algériens de Sonatrach.