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Sida : forte transmission dans les lieux de drague gay à Paris
Publié le 29/06/2012
Chaque année 4 % des hommes fréquentant ces bars, boîtes et saunas se contaminent.
Mauvaise nouvelle pour les hommes qui fréquentent des établissements gays conviviaux, type bars, clubs, saunas ou backrooms. L'étude Prévagay, menée en 2009 dans 14 établissements parisiens volontaires par l'Institut de veille sanitaire (InVS) et l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), vient d'estimer à 3,8 %, l'incidence de l'infection par le virus du sida.
Explication de Stéphane Le Vu, épidémiologiste à l'InVS et premier auteur de l'étude publiée ce 29 juin dans la revue scientifique internationale en ligne, PLoS ONE: «Si l'on considère un groupe de 100 hommes séronégatifs qui fréquentent ces lieux, on estime qu'environ 4 d'entre eux seront infectés au bout d'un an.» Inquiétant, car révélateur d'une dynamique de contamination importante.
Dans l'étude Prévagay, où près de 60 % des hommes sollicités ont accepté de se faire prélever une goutte de sang au bout du doigt, 157 échantillons sur 886 se sont révélés séropositifs pour le virus du sida, soit près de 18 %. Une prévalence élevée qui n'a pas surpris les investigateurs. «Il s'agissait là d'un groupe sexuellement très actif, ayant un nombre important de partenaires», souligne Stéphane Le Vu. La moitié des hommes testés et interrogés avait en effet plus de 10 partenaires par an et un tiers en avait même plus de 20.
Il ne faudrait cependant pas généraliser ce résultat à l'ensemble de la population homosexuelle masculine. Si l'on réalise une modélisation de tous les hommes qui ont eu un rapport sexuel avec un homme au cours de l'année écoulée, l'incidence n'est plus que de 1 %. Ce qui reste tout de même très largement supérieur à celle de 0,017 % calculée pour les hétérosexuels.
En valeur absolue, le nombre de contaminations suite à un rapport hétérosexuel reste cependant majoritaire, comme le rappelait le Bulletin épidémiologique hebdomadaire(BEH) du 29 novembre 2011: «Parmi les personnes ayant découvert leur séropositivité en 2010, on estime que 57 % ont été contaminées par rapports hétérosexuels (97 % des femmes et 38 % des hommes), 40 % par rapports sexuels entre hommes et 1 % par usage de drogues injectables.»
Si, dans la population générale, le nombre de personnes qui découvrent chaque année leur séropositivité est important (6 300 en 2010), on s'aperçoit que de nombreux homosexuels séropositifs (un sur cinq dans l'étude Prévagay) ignorent qu'ils sont infectés, alors qu'ils appartiennent à un groupe très exposé et réputé bien informé sur les risques. Là encore, il faut se garder de généraliser, certains d'entre eux pouvant simplement ignorer leur statut tout en sachant avoir pris des risques. Plus généralement le taux de gays séropositifs se pensant séronégatif est inférieur à 2 %.
Au moment où s'amorce en France une révision des stratégies de lutte contre le sida, l'enquête Prévagay montre la nécessité de renouveler les actions menées notamment auprès des groupes les plus exposés. Un chiffre illustre l'ampleur de l'effort qui reste à accomplir: dans l'enquête Prévagay, un homme sur quatre reconnaissait avoir eu au moins une pénétration anale non protégée - dont on sait pourtant le risque élevé - avec un partenaire de statut VIH inconnu ou différent du sien.