e Monde.fr avec AFP | 06.03.2014 à 02h02 • Mis à jour le 06.03.2014 à 07h05
Une chercheuse du centre pour enfants John-Hopkins de Baltimore, spécialisée dans la lutte contre le sida.
Alors qu'une conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) se tient du 3 au 6 mars à Boston, des travaux consacrés à la lutte contre l'infection par le VIH, ou à la guérison des patients infectés, ont été rendus publics. Les résultats sont encourageants.
Un traitement précoce efficace pour un nouveau-né séropositif
Des médecins de l'université de Californie (Los Angeles) ont annoncé, mercredi 5 mars, qu'une petite fille née infectée par le virus du sida ne portait désormais aucune trace d'infection après onze mois de traitement avec des antirétroviraux.
Les médecins ont dit avoir commencé à lui donner des antirétroviraux seulement quatre heures après qu'elle fut née d'une mère séropositive. Le traitement n'a pas cessé depuis.
« Ce qui est le plus remarquable avec ce bébé, c'est la rapidité avec laquelle le virus a disparu, les tests d'ADN étaient négatifs quand elle avait 6 jours et le sont restés depuis », a expliqué Dr Yvonne Bryson, professeur de pédiatrie qui a participé aux soins de l'enfant.
« A ce stade, nous ne parlons pas encore de guérison mais de rémission. Cependant la seule façon de [savoir si elle est guérie] serait d'arrêter le traitement antirétroviral », a-t-elle dit, soulignant que la charge virale restait indétectable.
Le premier cas d'un nouveau-né séropositif apparemment guéri à la suite d'un traitement après la naissance avait été rendu public en mars 2013. La petite fille née dans le Mississippi avait reçu des antirétroviraux moins de trente heures après sa venue au monde.
Elle a ensuite été traitée jusqu'à ses 18 mois. Aucun des tests sanguins effectués ensuite n'a détecté la présence du VIH. Seules des traces du virus ont été détectées par des analyses génétiques, mais pas suffisantes pour sa réplication.
Des cellules immunitaires génétiquement modifiées
Des chercheurs américains sont parvenus à modifier génétiquement des cellules immunitaires de 12 malades infectés par le VIH pour créer une résistance naturelle au virus. Cela a permis à certains d'arrêter jusqu'à trois mois leur thérapie antirétrovirale, explique une étude publiée mercredi 5 mars dans The New England Journal of Medicine.
« Il est possible de modifier en toute sûreté et efficacement les cellules immunitaires, les lymphocytes T, d'un patient séropositif pour créer une résistance naturelle au VIH », y affirme Dr Carl June, professeur d'immunothérapie à l'université de Pennsylvanie.
« Ces cellules modifiées transfusées dans l'organisme des malades ont persisté dans leur corps et permis potentiellement de réduire la charge virale sans utiliser d'antirétroviraux », poursuit le principal auteur de ces travaux.
Pour cette étude clinique, Dr June et son équipe ont modifié des cellules T de ces patients afin de reproduire une mutation rare dans le gène CCR5, qui empêche le VIH de pénétrer dans les cellules immunitaires. Cette mutation, présente seulement chez 1 % de la population, confère une résistance naturelle au virus du sida.
« [L'étude] renforce notre conviction que des cellules immunitaires T sont la clé pour éliminer le besoin de prendre des antirétroviraux toute sa vie, ce qui peut potentiellement conduire à une forme de guérison », explique Dr June.
Protection contre le VIH grâce à des injections mensuelles
Des injections mensuelles d'antirétroviraux contre le virus responsable du sida ont totalement empêché plusieurs singes d'être infectés par le VIH pendant plusieurs semaines, selon des études dévoilées mardi 4 mars et menées par deux équipes différentes de virologues.
Des essais cliniques conduits depuis ces dernières années avaient montré que chez des personnes prenant quotidiennement de petites doses d'antirétroviraux, le risque d'être infecté par un partenaire sexuel séropositif pouvait réduire de plus de 90 %, une approche appelée « prophylaxie avant exposition ».
Mais certains de ces essais cliniques ont eu un taux de succès nettement moindre du fait qu'un grand nombre de participants ne prenaient pas leurs antirétroviraux quotidiennement. Les recherches rendues publiques mardi ouvrent la perspective d'une protection efficace grâce à des injections mensuelles, voire trimestrielles.
Au cours de ces deux études, menées par les centres fédéraux américains de contrôle et de prévention des maladies et le Centre de recherche sur le sida Aaron-Diamond à l'université Rockefeller, les chercheurs ont donné une injection mensuelle d'un antirétroviral expérimental à effet prolongé, appelé GSK744, à plusieurs macaques femelles.
Après simulation de plusieurs simulations de rapports sexuels avec un mâle infecté, aucune des femelles traitées n'est devenue séropositive. Les femelles du groupe témoin traitées avec un placebo ont quant à elles toutes été infectées rapidement.
Un premier essai clinique avec 175 personnes devrait commencer plus tard cette année aux Etats-Unis, au Brésil, en Afrique du Sud et au Malawi avec ce même antirétroviral, qui a déjà été approuvé par la Food and Drug Administration, l'Agence américaine des produits alimentaires et pharmaceutiques.
mal à p