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Battue, Royal cite Hugo : «Toujours la trahison trahit le traître»
Publié le 17.06.2012, 16h46 | Mise à jour : 18.06.2012, 01h29
Ségolène Royal, ici avec le maire de La Rochelle Maxime Bono, a été battue par Olivier Falorni dans la 1ère circonscription de Charente-Maritime.
D'une voix blanche, elle déclare : «Je n'ai pas gagné cette élection, mais je garde intacte ma volonté de continuer à servir notre territoire que je sers depuis huit ans à la tête de la région.» Le score est sans appel. Olivier Falorni engrange 62,97% des voix contre seulement 37,03% à Ségolène Royal.
Comme l'avait fait le maire de La Rochelle, Maxime Bono avant elle, Ségolène Royal assure que «ce soir, c'est un député de droite qui est élu puisqu'il recueille 75% des voix de droite et 25% des voix de gauche». Et de pointer une
«utilisation malhonnête de l'étiquette majorité présidentielle». «Je regrette de ne pas leur donner une belle victoire qui était possible pour la gauche dès le premier tour s'il n'y avait pas eu de candidat dissident», glisse également la candidate à la présidentielle de 2007. Et de citer Victor Hugo : «Toujours la trahison trahit le traître. Jamais une mauvaise action ne vous lâche sans rémission pour les coupables et le jour vient où les traîtres sont odieux même à ceux qui profitent de la trahison.»
Interrogée sur la possibilité de briguer la tête du PS à l'automne, elle précise : «Je n'exclus rien.» «Je réfléchis et je veux de toutes mes forces continuer à mettre mon expérience, mon savoir-faire et mon amour de la France au service des Français», ajoute-t-elle. Interrogée sur l'éventuel impact du tweet de soutien de Valérie Trierweiler à Olivier Falorni durant l'entre-deux tours, Royal répond : «Ça n'a pas arrangé les choses.»
Son rival, Olivier Falorni, dit pour sa part ressentir «une émotion très forte ce soir». Selon lui, sa victoire est une «victoire de la démocratie». «On avait voulu imposer un député aux citoyens de ce territoire», souligne-t-il ajoutant qu'il a «été élu par les électeurs de cette circonscription sur le programme de la majorité présidentielle». «Je siègerai donc dans cette majorité», indique-t-il.
Mais Martine Aubry, interrogée sur TF1 sur la possibilité d'un retour d'Olivier Falorni dans les rangs du parti de Solférino, répond : «Bien sûr que non, il a été élu avec les voix de la droite et d'extrême-droite et alors qu'il était second, il s'est maintenu.» Réponse de l'intéressé : il est «consternant» de voir «l'appareil» socialiste «parisien s'enfermer dans son aveuglement».
Retour sur le duel Royal - Falorni à La Rochelle.Pas de vote interne : l'affront originel. Cette bataille pour la 1ère circonscription de Charente-Maritime aura été l'une des plus rudes et des plus médiatisées de ces élections législatives. Jamais, Olivier Falorni ne digérera l'affront originel : Ségolène Royal est désignée candidate du PS sans vote interne. Fin mars, le premier secrétaire fédéral de Charente-Maritime annonce sa candidature. Il sera exclu du PS. Et devient alors le dissident le plus connu de France. Il faut dire qu'il fait ainsi barrage à l'une des figures du parti, promise à la présidence de l'Assemblée nationale en cas de victoire. Les injonctions de la rue de Solférino et des ténors de la majorité n'y changeront rien, il sera coûte que coûte sur la ligne de départ.
En tête au premier tour, Royal est néanmoins en difficulté. «Sans cette dissidence, j'aurais été élue dès le premier tour.» Au soir du 10 juin, Ségolène Royal est en tête avec 32,03% des voix devant Olivier Falorni (28,91%). Mais la partie est loin d'être gagnée pour la présidente de la région Poitou-Charentes. Faisant fi de «la main tendue», Falorni décide de se maintenir. Et bénéficie d'un front anti-Royal qui fait recette jusque dans les rangs de l'UMP.
Les ténors se mobilisent pour sauver le soldat Royal. L'heure est grave pour la candidate à la présidentielle de 2007, qui joue ici sa survie politique. A Paris, on comprend vite qu'il faut se mobiliser pour
sauver le soldat Royal. Outre les appels au désistement lancés par les ténors de la majorité, dès le mardi, les patronnes du PS et d'EELV, Martine Aubry et Cécile Duflot débarquent à La Rochelle pour soutenir la candidate en difficulté. Renfort supplémentaire, François Hollande soutient Ségolène Royal par un message imprimé sur sa profession de foi. Il rappelle qu'elle est «la seule candidate qui peut se prévaloir de la majorité présidentielle», alors même qu'Olivier Falorni répète à l'envi qu'il est de ces Hollandais historiques, présents à l'époque où l'actuel chef de l'Etat était surnommé «Monsieur 3%».
Le Trierweilergate. Las, en un tweet, la première dame rompt l'image d'unité forgée autour de Royal. «Courage à Olivier Falorni qui n'a pas démérité, qui se bat aux côtés des Rochelais depuis tant d'années dans un engagement désintéressé», écrit Valérie Trierweiler, sur Twitter. La suite est connue. Stupeur et déflagration médiatique. Falorni se félicite de ce «beau message d'amitié». «Meurtrie», Royal «demande le respect». Jusqu'au bout, les deux candidats battent la campagne dans une ambiance tendue. Ultime incident de cette lutte à couteaux tirés, Ségolène Royal accuse l'équipe de son adversaire d'avoir collé une affiche de campagne stipulant «Ici c'est Falorni» sur la porte de son domicile. Plainte de la candidate. «Watergate de l'affichette», moque Falorni avant de dénoncer une stratégie de «victimitude».