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Paris pourrait équiper les rebelles syriens
Mis à jour le 15/06/2012 à 14:19 | publié le 15/06/2012 à 12:43
De la fumée s'échappe de ce quartier de Homs. Jeudi, au moins 84 personnes ont été tuées à travers la Syrie.
La France envisage de fournir des moyens de communication qui les aideraient à prendre le dessus sur le régime et déclare évoquer avec Moscou l'après el-Assad, ce que la Russie dément.«La France promet d'être à la pointe de l'action en Syrie», assurait mercredi Laurent Fabius. Une implication qui pourrait passer par une aide matérielle à l'opposition, une première. Le ministre des Affaires étrangères songe à fournir aux rebelles des moyens de communication qui les aideraient à prendre le dessus sur les forces du régime de Bachar el-Assad. «Il y a à la fois la démarche de Kofi Annan (en charge d'une médiation internationale) et il est envisagé de donner non pas des armes mais des moyens de communication supplémentaires», a résumé, vendredi, le ministre. Les États-Unis ont fait de même, et ont notamment transmis aux rebelles des téléphones satellitaires GPS, afin qu'ils puissent «répertorier les emplacements des atrocités».
Outre les efforts diplomatiques, une autre issue au conflit serait «une victoire claire et nette de l'opposition», a admis le patron du Quai d'Orsay sur la radio France Inter. Le ministre français estime que la rébellion gagne des soutiens dans la population syrienne. «Des groupes entiers qui, au départ n'étaient pas nécessairement hostiles à Bachar, le deviennent maintenant».
Sur le plan diplomatique, Laurent Fabius a suggéré des avancées, cependant vite démenties par Moscou. Le ministre des Affaires étrangères a assuré que des discussions étaient en cours avec la Russie, alliée de la Syrie et opposée à toute intervention militaire, pour préparer l'après Bachar el-Assad si jamais il était chassé du pouvoir. «Les Russes ne sont pas aujourd'hui attachés à sa personne et voient que c'est un tyran et qu'eux-mêmes en s'enchaînant à ce dictateur vont s'affaiblir», voulait croire Laurent Fabius. Mais son homologue russe a rapidement réfuté toute évolution. «De telles discussions ne peuvent avoir lieu. Cela est en totale contradiction avec notre position», a déclaré Sergueï Lavrov. La diplomatie russe a également réfuté les informations américaines selon lesquelles elle aurait livré des hélicoptères de combats à la Syrie. «Nous n'avons fait que des réparations d'usage sur des appareils livrés il y a des années.»
Des compromis à accepter pour l'après el-AssadÀ la question de qui pourrait succéder au président syrien, Laurent Fabius s'est montré pragmatique. «Il faut distinguer quels vont être les responsables de l'opposition et puis il y aura probablement, même si c'est déplorable, un certain nombre de gens qui ont appartenu aux anciennes équipes mais qui ne sont pas en première ligne.» L'opposition syrienne tente d'ailleurs de remédier à son morcellement politique. Des représentants du Conseil national kurde et du Conseil national syrien ont entamé vendredi à Istanbul une réunion de deux jours pour «unifier»leur vision.
Des représentants de plusieurs pays arabes et occidentaux assistent au début de leurs travaux et vont les rencontrer. Une nouvelle conférence pourrait également rassembler la communauté internationale à Genève le 30 juin, a annoncé Laurent Fabius. Cette réunion correspondrait au «groupe de contact» que souhaite former Kofi Annan, un moyen de s'affranchir des contraintes du Conseil de sécurité de l'ONU.
Sur le terrain, les combats se sont intensifiés, malgré la présence de quelque 300 observateurs de l'ONU. Jeudi, au moins 84 personnes - 48 civils (dont certains combattants), 22 soldats et 14 déserteurs - ont été tuées à travers le pays. 2300 Syriens auraient péri en un mois. En quinze mois d'insurrection, plus de 14.400 personnes ont trouvé la mort.