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Syrie : le ton monte entre Washington et Moscou
Mis à jour le 13/06/2012 à 17:43 | publié le 13/06/2012 à 17:36
le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
La Russie a ouvertement accusé mercredi les États-Unis de vendre des armes aux rebelles syriens. De son côté, la France veut que le conseil de sécurité rende «obligatoires» les dispositions du plan Annan.
• Moscou accuse Washington d'armer l'oppositionAccusée par les États-Unis de vendre des armes au régime de Bachar el-Assad, la Russie leur a retourné la politesse mercredi. Pour la première fois, un haut responsable russe a ouvertement accusé Washington d'armer les rebelles syriens.
«Les États-Unis fournissent à l'opposition des armes qui sont utilisées dans les combats contre le gouvernement syrien», a ainsi affirmé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en visite à Téhéran. Lavrov, dont le pays est un allié du régime syrien, a en revanche justifié les ventes d'armement russe qui «ne violent aucune loi internationale» et porteraient sur «des équipements défensifs». La veille, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton avait fait part de son inquiétude concernant «l'envoi d'hélicoptères d'attaque vers la Syrie depuis la Russie».
Critiquant ceux qui prônent «le modèle libyen» pour renverser le régime syrien, le chef de la diplomatie russe a toutefois réaffirmé que Moscou «ne soutient aucune personne ou gouvernement particulier en Syrie» mais agit en faveur «du peuple syrien».
Il a précisé que 15 pays avaient déjà accepté de participer à la conférence internationale que Moscou a décidé de réunir pour tenter de faire appliquer le plan Annan. La Russie souhaite que cette conférence rassemble les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, les pays de la Ligue arabe et les voisins de la Syrie. L'Iran, principal allié du régime de Damas dans la région, a appuyé cette conférence à laquelle il a été invité malgré les réserves de certains pays occidentaux et arabes qui accusent Téhéran d'aider les forces syriennes à réprimer l'opposition.
• Paris demande l'arrêt des livraisons d'armes à DamasDe son côté, la France a demandé l'arrêt «total» des exportations d'armes au régime de Bachar el-Assad mercredi. «Nous réitérons notre plein soutien et notre respect scrupuleux à l'embargo total sur les armes contre la Syrie que l'Europe a imposé», a ajouté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.
«Quand la France vend des armes, elle veille à ce que celles-ci ne puissent pas être retournées contre les peuples», a par ailleurs souligné Valero, répondant aux critiques émises la veille par Human Rights Watch au sujet de la signature par le groupe français Thales d'un contrat avec le russe Rosoboronexport pour équiper les chars russes de caméras thermiques. HWR s'inquiétait de leur possible exportation vers la Syrie, ce que Thales dément.
• Paris veut durcir les sanctionsLa France va par ailleurs proposer aux autres pays du Conseil de sécurité de rendre «obligatoires» les dispositions du plan Annan, en les plaçant sous le «chapitre 7» de l'ONU, a déclaré mercredi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Ce chapitre 7 permet d'imposer des mesures à un pays, sous peine de sanctions ou même d'usage de la force.
Laurent Fabius, qui a estimé que le pays se trouvait en situation de «guerre civile», a également affirmé que Paris allait proposer «un nouveau train de sanctions encore plus dures», visant non seulement l'entourage du dirigeant syrien, mais aussi «les cadres de l'armée».
• La région de Haffé «purgée» des bandes «terroristes»Sur le terrain, les autorités syriennes ont assuré avoir «purgé» la région de Haffé (nord-ouest) des «bandes terroristes armées», alors que l'opposition parlait plutôt d'un repli «tactique» de l'Armée syrienne libre (ASL) pour épargner la vie de civils dans cette zone pilonnée depuis une semaine par les forces gouvernementales.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a demandé aux observateurs de l'ONU d'«aller à Haffé pour se rendre compte de la situation» sur le terrain où «les terroristes avaient commis des assassinats et des vols». La veille, une équipe d'observateurs qui tentait de s'y rendre en avait pourtant été empêchée par des habitants d'un village voisin partisans du président Assad. Des véhicules de l'ONU avaient même essuyé des tirs.
Dans le reste du pays, 18 personnes, en majorité des civils, ont péri mercredi dans les violences à travers le pays, notamment dans la région de Homs, selon l'OSDH. Mardi, au moins 80 personnes ont été tuées. Depuis le début de la révolte contre le régime en mars 2011, la répression et les combats entre rebelles et forces gouvernementales ont fait plus de 14.100 morts, selon l'OSDH.