Attentats à la voiture piégée en Syrie : Des accusations hypothétiques

ATTENTATS À LA VOITURE PIÉGÉE EN SYRIE :

Des accusations hypothétiques

Samedi 11 Fevrier 2012

Par Nardjes FLICI


Deux attentats suicides ont soulevé hier matin la ville syrienne d'Alep, occasionnant de nombreuses victimes

Les militaires déserteurs de l'ALS accusent le régime Assad d'être derrière les attentats d'hier à Alep.

Deux attentats à la voiture piégée ont fait hier, selon un bilan dressé par le ministère de la Santé syrien, 25 morts et 175 blessés à Alep, deuxième ville de Syrie. Les attaques non revendiquées, seraient, selon les déclarations des autorités syriennes, l'oeuvre des «gangs terroristes» qu'il accuse des violences que subit le pays depuis le début de la révolte populaire en mars dernier.

Pour une fois depuis des mois, les autorités syriennes ne peuvent être montrées du doigt. Et pour cause! Les deux attentats ont visé le siège des renseignements militaires et le QG des forces de l'ordre. «Un terroriste s'est fait exploser avec sa voiture à 100 mètres du portail» du siège des forces de l'ordre, a affirmé la télévision syrienne en montrant le cratère occasionné par l'explosion.

Avançant un scénario quelque peu surréaliste, la Commission générale de la Révolution syrienne (Cgrs), un groupe d'opposition, a accusé les autorités des attentats d'Alep dans «une nouvelle mise en scène réalisée par le régime comme celle à Damas». Faisant allusion aux attentats suicides qui avaient été perpétrés à Damas en décembre et janvier dernier, contre les services de renseignements, ayant fait des dizaines de morts et de blessés, selon les autorités qui les avaient imputés aussi à des «groupes terroristes armés», alors que l'opposition avait elle, accusé le régime. Dans le brouillard qui entoure les événements meurtriers auxquels fait face la Syrie, une certitude vient néanmoins dissiper les spéculations autour des attentats d'hier: le président Al Assad ne peut être le commanditaire de ces violences pour la simple et unique raison que cela n'a aucun sens.

Homs (centre) a elle aussi fait l'objet de violences durant la matinée d'hier où des militants pro-démocratie faisaient état d'un assaut des chars contre un quartier de la ville, un haut-lieu de la contestation contre le régime du président Bachar Al Assad. La situation dans cette localité est telle que les ONG, dont Amnesty International, ont annoncé craindre une crise humanitaire «majeure» à Homs où, selon les militants, les communications téléphoniques et l'électricité sont coupées, les infrastructures détruites, les médicaments et la nourriture rares. Toutes ces violences ont également eu lieu avant des manifestations prévues hier, comme chaque vendredi depuis le début de la révolte, pour cette fois-ci, dénoncer le veto russe. «La Russie tue nos enfants. Ses avions, ses chars et son veto aussi tuent nos enfants», est-il écrit sur la page Facebook «Syrian Revolution 2011».

Le bilan des victimes a continué de s'alourdir hier lorsque «quatre soldats dissidents ont été tués dans des affrontements avec l'armée régulière qui se sont déroulés vendredi matin» à Dmeir, au nord-est de Damas, a indiqué l'Obser-vatoire syrien des droits de l'homme (l'Osdh, basé à Londres). En outre, dans la région de Deraa (sud), un soldat au moins a été tué dans des affrontements avec des déserteurs à Inkhel, a affirmé la même source. Des combats similaires se sont déroulés dans la ville de Zabadani, à 40 km au nord de la capitale, «toujours pilonnée» par l'armée syrienne, selon toujours l'Osdh, dont les affirmations ne sont pas recoupées par des sources indépendantes.

Actuellement réuni au Qatar sous la présidence de Burhan Ghalioun, le Conseil national syrien (CNS) attend beaucoup des réunions de la Ligue arabe et du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui se réuniront demain au Caire. «Il devrait y avoir une reconnaissance officielle du CNS par plusieurs pays du Golfe», a déclaré à l'AFP Imad Houssari, un membre du CNS et également porte-parole des Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent la mobilisation sur le terrain. Seul le Conseil national de transition (CNT, pouvoir libyen qui a chassé Mouâmar El Gueddafi avec l'aide de l'Otan et de l'Occident) reconnaît actuellement le CNS comme seul interlocuteur légitime en Syrie.

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Syrie : la tension monte à Alep après le double attentat

Publié le 11.02.2012, 14h40 | Mise à jour : 15h05


Archives - A Homs (centre),«capitale de la révolution» qui subit une offensive des forces armées depuis une semaine, quatre personnes, dont une femme, ont été tuées samedi dans le pilonnage continu du quartier de Baba Amr ainsi que dans des tirs de mitrailleuses lourdes.

Au moins une dizaine de civils ont été tués ce samedi, ainsi qu'un général du régime, à priori abattu. Une flambée de violences confessionnelles dans le Liban voisin fait parallèlement craindre un débordement de la crise hors des frontières.

4 morts à Homs, 2 à Deraa et Damas, 3 à Zabadani.

A Homs (centre),«capitale de la révolution» qui subit une offensive des forces armées depuis une semaine, quatre personnes, dont une femme, ont été tuées samedi dans le pilonnage continu du quartier de Baba Amr ainsi que dans des tirs de mitrailleuses lourdes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Des membres des forces de sécurité et des soldats se livrent dans cette ville à une campagne de «pillage à grande échelle» dans le quartier d'Inchaat, où résident des familles aisées, a affirmé Hadi Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne. Ailleurs, deux personnes ont été tuées samedi à Deraa (sud) et Damas, et trois autres à Zabadani, a affirmé l'OSDH, précisant que l'armée déployée massivement poursuivait le bombardement de cette ville proche de Damas.

Un général abattu à Damas.

Dans la capitale Damas, un général de l'armée syrienne a été abattu samedi matin par un «groupe terroriste», selon les médias officiels, un fait rarissime, si confirmé. «Un groupe terroriste armé a assassiné ce matin le général de brigade et médecin Issa al-Khawli, directeur de l'hôpital (militaire) de Hamich, devant sa maison», a rapporté l'agence officielle Sana. L'assassinat d'un militaire de ce rang est un fait rare dans la capitale depuis le début, en mars 2011, de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad.

La tension monte à Alep.

À Alep (nord), frappée vendredi pour la première fois depuis le début de la révolte par un double attentat qui a fait 28 morts selon les autorités, les quartiers anti-régime connaissent «un important déploiement des forces de sécurité», a indiqué l'OSDH. La tension est de plus en plus palpable dans cette ville, poumon économique du pays. Un militant sur place a confirmé à l'AFP que les mesures de sécurité avaient été renforcées, avec un déploiement de blindés et des «snipers partout». Les deux attentats à la voiture piégée ont visé le siège des renseignements militaires et le QG des forces de l'ordre. Le pouvoir syrien les a imputés à des «gangs terroristes» tandis que les rebelles ont accusé le régime d'avoir perpétré les attaques "pour détourner l'attention de ce qu'il fait à Homs", selon l'Armée syrienne libre (ASL), qui rassemble des milliers de soldats déserteurs.

Des djihadistes entrent en Syrie?

Des jihadistes et des armes entrent en Syrie par l'Irak, a annoncé Bagdad en milieu d'après-midi, une information qui reste à confirmer. Sur le front diplomatique, les pays de la Ligue arabe qui se retrouvent dimanche au Caire pourraient prendre des décisions importantes sur la Syrie, avec la création d'un groupe des «Amis de la Syrie» et la désignation d'un envoyé spécial dans le pays, selon des sources diplomatiques. La Turquie va demander à l'ONU le lancement d'une campagne d'aide humanitaire à destination des populations victimes de la répression en Syrie. L'ONU est restée impuissante jusque là, bloquée par un veto de la Russie à une résolution du Conseil de sécurité condamnant la répression.

La crise s'étend au Liban.

La crise syrienne menace de s'étendre vers le Liban voisin: des heurts entre Libanais pro et anti-Assad ont fait deux morts et 21 blessés samedi à Tripoli, la grande ville du nord du pays. Des habitants du quartier de Jabal Mohsen (alaouite, pro-Assad) et d'autres de Bab el-Tebbaneh (sunnite, anti-Assad) s'affrontent depuis vendredi à coups de tirs et de roquettes RPG, selon un responsable des services de sécurité.

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Le poète «Adonis» critique l'opposition syrienne

Par ailleurs, le poète syrien exilé Adonis (Ali Ahmad Saïd Esber) porte ce samedi un regard très critique sur l'opposition syrienne au président Bachar al-Assad, dénonçant l'appel aux pays occidentaux pour soutenir la révolte, dans un entretien accordé au magazine autrichien Profil à paraître lundi. «Je ne soutiens pas l'opposition» au président Al-Assad, indique le poète vivant le plus connu du monde arabe. Pour lui, une intervention militaire occidentale aurait les mêmes conséquences que la guerre déclenchée en Irak en 2003: «Le pays serait alors détruit». Adonis tire également un bilan très négatif du «Printemps arabe». S'il reconnaît avoir été impressionné par le début du mouvement, il critique son évolution, avec l'arrivée au pouvoir des islamistes en Tunisie et en Egypte, après les élections organisées à l'automne 2011.