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Luka Magnotta, «l'assassin de la génération Facebook»
Mis à jour le 06/06/2012 à 12:02 | publié le 06/06/2012 à 10:15
La dernière photo connue du «dépeceur de Montréal».
Luka Rocco Magnotta a pensé son crime et tenté de construire son personnage pour attirer l'attention des médias. Pétri des clichés de la «culture Web», il est l'un des premiers tueurs connus de la «génération Facebook».
Sans le Web, «le dépeceur de Montréal» n'existerait pas. Ce personnage de tueur narcissique et déviant est un «avatar», l'une des nombreuses identités virtuelles inventées par Eric Clinton Newman, le vrai nom de Magnotta, afin de se forger une célébrité dans l'opprobre général.
C'est même une particularité de ce criminel: ses intentions et son identité étaient bien connues avant le passage à l'acte qui lui est prêté. En juin 2012, un mois avant le meurtre dont il est suspecté, il n'hésite pas à faire figurer sur l'un de ses blogs la mention «Tueur en série nécrophile Luka Magnotta» et décrit ses penchants: «Je suis naturellement attiré par les morts, je n'ai pas honte.»
Si l'on en croit la grande quantité de photos et de vidéos de lui-même qu'il a diffusées, ce qui a motivé Luka Rocco Magnotta n'est pas tant la volonté de multiplier les crimes que celle d'être reconnu - et accessoirement célébré. Pour parvenir à ses fins, cet obsédé de la dissimulation s'est construit une multitude d'identités virtuelles aux descriptions souvent contradictoires.
Construction d'une icône morbide Selon la presse canadienne, le jeune homme ne devient légalement Luka Rocco Magnotta qu'à partir de 2006 et entame dès lors une quête de notoriété frénétique et constellée d'échecs.
Magnotta voudrait surfer sur la vague de la téléréalité et des réseaux sociaux. Mais l'acteur porno reste cantonné aux séquences «bas de gamme» à l'heure où fleurissent les «tubes» de streaming pornographique.
Ces sites d'hébergement de vidéos, similaires à YouTube et qui ont banalisé la pornographie sur Internet, ont également favorisé l'apparition d'une pornographie amateur «low-cost» de laquelle Magnotta peine à sortir. Il explique même en 2007, dans une interview pour le site Naked News, qu'il peine à dissocier son travail d'acteur, ses relations privées et la prostitution.
La même année, il tente de participer à l'émission de téléréalité canadienne
CoverGuy mais sera recalé au casting. Magnotta ne baisse pas les bras pour autant et entreprend en décembre 2010 d'atteindre la célébrité en révoltant les internautes.
Tout usager assidu d'Internet connaît le succès des Lolcats, ces photos montages et vidéos comiques ou mignonnes de chats qui font fureur sur les sites de partage de vidéos. Magnotta commet à dessein une série de «blasphèmes» afin de susciter colère et fascination, à la manière du musicien fantasque et controversé Marylin Manson.
Le Canadien se met par exemple en scène pantalon ouvert, mimant des actes sexuels avec un chat mort et fait l'apologie de pratiques sexuelles déviantes. Il diffuse ensuite une vidéo dans laquelle il étouffe des chatons à l'aide d'un sac plastique puis une autre dans laquelle il nourrit un serpent avec un autre petit félin vivant.
Le pervers narcissique fait mouche et les vidéos font le tour du Web aussi vite qu'un clip de Justin Bieber. Début 2011, la police de Toronto ouvre une enquête alors que diverses associations de défense des animaux lancent une croisade contre lui. L'association Rescue Inc. offre même 5000 dollars pour sa capture, alors que le groupe ABProject monte un dossier pour trouver sa trace. C'est une première consécration.
Parmi les innombrables réactions hostiles qu'il suscite, Magnotta entretient un groupe de fans auquel il s'adresse régulièrement en faisant l'apologie de divers crimes et pratiques sexuelles déviantes. Ces fans supposés gratifieront l'insoutenable vidéo du meurtre de Jun Lin de «600 likes», visibles sur la page Facebook où elle fut initialement postée.
Pour ancrer son succès, il n'hésite pas faire du «teasing» à la manière des producteurs des séries Web ou TV qui font fureur notamment sur Internet. En 2009, le Canadien publie une note sur le Digital Journal dans laquelle il détaille ses réflexions et ses méthodes pour «disparaître complètement et ne jamais être retrouvé».
Le 10 décembre 2011, il écrit même au tabloïd anglais
The Sun: «Une fois que vous avez goûté au sang, c'est impossible d'arrêter. Cette envie irrésistible est trop forte pour ne pas continuer.» Il ajoute dans sa lettre qu'il ne montrerait plus à l'avenir la mort de chatons mais celle d'êtres humains.
Un «meurtre culte» Dans la nuit du 24 au 25 mai 2012, Magnotta est semble-t-il passé à l'acte et poste la fameuse vidéo de meurtre sur un site spécialisé pour amateurs de films gores. Il espère probablement -et à raison- qu'elle restera en ligne suffisamment longtemps pour que les amateurs aillent la télécharger, la reproduire et la diffuser massivement.
N'ayant pu accéder aux feux de la rampe, le tueur a tenté de créer son propre «film culte» et de s'inventer en star. Il parsème à cette fin la vidéo de son crime de références cinématographiques, accessible aux seuls passionnés.
Utilisant parfois sur des forums le pseudonyme de Catherine Tramell (le personnage de Sharon Stone dans
Basic Instinct), Magnotta choisit le pic à glace pour tuer sa victime et mime dans la vidéo des postures célèbres du film. Il choisit d'accompagner le montage de son crime avec la chanson
True Faith du groupe anglais New Order, qui figure sur la bande-son du film
American Psycho .
Même le titre de son film «One Lunatic One Icepick» rappelle une vidéo scatophile mondialement célèbre sur les forums Internet: «Two girls one cup». Par le biais de ces éléments, il sait qu'il peut attiser la curiosité d'une catégorie d'internautes assidus, prompts à tout regarder et à tout partager.
Le tueur présumé ne néglige rien, même pas l'autopromotion. Les enquêteurs canadiens le soupçonnent d'avoir posté une vidéo à sa propre gloire le vendredi 1er juin dans laquelle il se décrit comme «le tueur qui ressemble à James Dean. Un homme, une icône».
Le «dépeceur de Montréal» a donc d'ores et déjà atteint son objectif: reléguer aux oubliettes l'anonyme Eric Clinton Newman pour que Luka Rocco Magnotta accède à la postérité, sur Internet comme dans tous les médias. Il restera probablement son propre plus grand fan. Dans l'une de ses notes de blog, retrouvée par Radio Canada, le jeune homme affirme: «Je ne suis pas homosexuel, mais si je l'étais, je m'épouserais et serais obsédé par moi.»
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Salam,
J'évite de vous mettre en ligne cette insoutenable vidéo qui montre Luka Rocco Magnotta dépeçant sa victime Jun Li, initialement postée sur Facebook.
J'ose juste insérer dans ce message, avec beaucoup de retenue, une photo de l'étudiant chinois la gorge tranchée et ce sera tout.
On le soupçonne d'ailleurs d'avoir perpétrer d'autres crimes du même acabit.
Amicalement et avec toutes mes excuses,
JAMEL