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Hollande dévoile son cabinet
Mis à jour le 16/05/2012 à 10:58 | publié le 16/05/2012 à 09:57
Le préfet Pierre-René Lemas a été désigné secrétaire général de l'Élysée.
Le président a nommé à l'Élysée cinq énarques, dont deux issus de sa promotion.
Ce sont les premiers noms communiqués mardi après-midi par l'Élysée, qui a ainsi dévoilé l'ossature du cabinet de la présidence de la République. Huit personnalités ont été nommées, parmi lesquelles cinq énarques, dont deux issus de la fameuse promotion Voltaire (1980), celle de François Hollande. Le chef de l'État y a tissé des réseaux solides et des amitiés durables, comme en témoignent les nominations de Sylvie Hubac, directrice de cabinet, et de Pierre-René Lemas, le nouveau secrétaire général de l'Élysée. Un poste stratégique pour cet ancien préfet, fin connaisseur de l'appareil d'État, qui a dû prendre congé de Jean-Pierre Bel, président socialiste du Sénat, dont il était le directeur de cabinet depuis novembre.
Appelé à s'étofferEux aussi passés sur les bancs de l'ENA, Emmanuel Macron a été désigné secrétaire général adjoint, Alain Zabulon, directeur de cabinet adjoint, et Aquilino Morelle, plume du candidat socialiste pendant la campagne présidentielle, conseiller politique.
Le haut fonctionnaire Nicolas Revel, fils de l'académicien Jean-François Revel et de la journaliste Claude Sarraute, a été promu secrétaire général adjoint. Et Pierre Besnard, qui officiait lui aussi auprès de Jean-Pierre Bel, rejoint l'Élysée en tant que chef de cabinet.
Enfin, François Hollande a choisi de maintenir le général Benoît Puga dans les fonctions qu'il occupait sous la présidence de Nicolas Sarkozy: il sera également son chef de l'état-major particulier.
Ce cabinet, qui oscille ordinairement entre 40 et 60 membres, est appelé à s'étoffer dans les prochains jours.
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L'heure du préfet LemasSecrétaire général de l'Élysée Il y eut autrefois au poste de secrétaire général de l'Élysée Pierre Bérégovoy, Édouard Balladur, Dominique de Villepin, Claude Guéant… Cette fonction stratégique échoit désormais au préfet Pierre-René Lemas, 61 ans, né à Alger, et intime de François Hollande, avec qui il fit ses classes dans la promotion Voltaire de l'ENA (1980), côtoyant Ségolène Royal, Michel Sapin, Jean-Pierre Jouyet, Henri de Castries ou Dominique de Villepin…
Jusqu'alors directeur de cabinet du président socialiste du Sénat, le préfet Lemas dirigera directement plus de 300 personnes, entre les conseillers, les administrateurs et autres personnels hautement qualifiés du palais présidentiel. Aura-t-il la main sur la diplomatie, comme son presque déjà lointain prédécesseur le préfet Guéant? Une chose est certaine: c'est un profil «classique» qui va prendre ses marques dans ce nouvel habit de collaborateur numéro un du président.
De ses responsabilités antérieures, en région ou comme numéro deux de la délégation interministérielle à l'aménagement du territoire (Datar), sous Charles Pasqua, voire, plus récemment, à la tête de l'office public de l'habitat, Paris Habitat, ce haut fonctionnaire laisse l'image d'un «technicien hors pair». Nommé en Corse, de 2003 à 2006, par Nicolas Sarkozy, ce grand commis connut l'épreuve du feu en 2005, en gérant le détournement du ferry Pascal Paoli, échappant miraculeusement, cette année-là, à un tir de roquettes des autonomistes encagoulés du FLNC.
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Aquilino Morelle, la plumeConseiller politique C'est une petite main agile, et davantage encore. Plume de François Hollande, qu'il a rejoint après sa victoire dans la primaire socialiste, Aquilino Morelle, 50 ans le 5 juin prochain, s'est rapidement imposé dans le cercle rapproché du président. Nommé mardi conseiller politique de celui-ci, il ne découvre pas les ors de la République: il écrivait déjà les discours de Lionel Jospin à Matignon, entre 1997 et 2002.
Fils d'ouvrier espagnol immigré en France, Aquilino est le seul des sept enfants de la famille Morelle à avoir fait des études. À 16 ans, le bac en poche, cet adolescent d'origine modeste, qui a grandi à Belleville, découvre la rive gauche. Il choisit la médecine, au sein de la faculté des Saints-Pères. Dans la foulée, il intègre Sciences Po, puis l'ENA. C'est là que Pierre Moscovici le remarque et lui présente Lionel Jospin, son premier mentor.
La défaite du 21 avril 2002 douche ses ambitions politiques. Sa flamme vacille. Il s'essaie à la communication, à l'agence Euro RSCG, mais cela ne lui convient pas. Il revient alors à la politique, toujours dans l'ombre. Partisan du non à la Constitution européenne aux côtés de Laurent Fabius, Aquilino Morelle brigue la députation en Seine-Maritime, aux législatives de 2007, sans succès. Inspecteur général des affaires sociales (Igas), il rédige en 2011 un rapport sur le Mediator.
La primaire PS lui permet de sortir de l'ombre: il est choisi par Arnaud Montebourg pour diriger sa campagne. Avant de retrouver sa place dans la coulisse, cette fois aux côtés de François Hollande.
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Sylvie HubacDirectrice de cabinet Issue de la célèbre promotion Voltaire (1980) de l'ENA, où elle a rencontré François Hollande, Sylvie Hubac, 56 ans, est une amie fidèle du nouveau président. Elle est aussi rodée à l'appareil d'État: en 1988, elle intègre le cabinet de Michel Rocard à Matignon, qu'elle quitte en 1991, avant de rejoindre, entre 1992 et 1993, celui de Jack Lang à la Culture. Elle rejoint ensuite la direction générale des services de la région Ile-de-France. Nommée mardi directrice de cabinet, elle présidait jusqu'alors, depuis le 9 septembre 2010, le Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique.
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Nicolas RevelSecrétaire général adjoint Fils de l'académicien Jean-François Revel et de la journaliste Claude Sarraute, petit-fils de l'écrivain Nathalie Sarraute, ce haut fonctionnaire a d'abord officié à la Cour des comptes, en tant que conseiller référendaire. Enrôlé par Bertrand Delanoë dès 2001, il est nommé porte-parole du maire de Paris. En mars 2008, il prend la direction de son cabinet.
Alors qu'il célébrera son 36e anniversaire dans dix jours, Nicolas Revel a été recruté mardi par François Hollande pour épauler l'ancien préfet Pierre-René Lemas à l'Élysée.
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Emmanuel MacronSecrétaire général adjoint Il est l'un des inspecteurs des finances les plus brillants de sa génération. Cet énarque de 34 ans, associé-gérant de la banque Rothschild, incarne l'aile libérale du PS. Ancien assistant du philosophe Paul Ricœur, il a quitté Bercy en 2007 pour faire carrière dans le monde des affaires. Son carnet d'adresses étoffé représente un atout pour François Hollande, qui devrait le consulter sur les questions économiques (régulation financière notamment). Emmanuel Macron a été rapporteur de la commission Attali sur la croissance, mise en place par Nicolas Sarkozy en 2007.
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Alain ZabulonDirecteur de cabinet adjoint Alain Zabulon était préfet de Corrèze quand François Hollande en est devenu président et a quitté le Limousin l'été dernier, nommé préfet des Landes. Originaire du Vésinet, l'énarque de 56 ans s'est spécialisé dans les questions de banlieue et d'égalité des chances. Il a travaillé sur le logement social de 1988 à 1992 au ministère de l'Équipement. Il rejoint ensuite le corps préfectoral et est affecté en Martinique, d'où sont originaires ses parents, puis devient sous-préfet de Haute-Garonne (1994-1997) et sous-préfet de Lot-et-Garonne (1997-2000).
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Pierre BesnardChef de cabinet Sous-préfet hors classe âgé de 46 ans, il était jusqu'ici chef de cabinet de Jean-Pierre Bel au Sénat. Nommé au même poste à l'Élysée, il gérera l'emploi du temps et les déplacements de François Hollande. Ce Breton de Saint-Brieuc entre au secrétariat général du gouvernement en 1992. En 1997, il rejoint le cabinet de Daniel Vaillant, alors en charge des Relations avec le Parlement. Il suit Vaillant quand celui-ci est nommé à l'Intérieur.
Depuis 2002, Pierre Besnard a, tour à tour, été en poste en Ile-de-France, dans l'Aisne, en Côte-d'Or et dans l'Aveyron.
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Benoît PugaChef d'état-major Assurant la continuité de la République, le général Puga, nommé chef d'état-major particulier de Nicolas Sarkozy le 5 mars 2010, se voit conforter dans ses fonctions par François Hollande. À 59 ans, cet ancien élève-officier de Saint-Cyr a fait carrière dans l'armée de terre, commandant le 2e régiment étranger de parachutistes en 1996, lors des opérations «Almandin» en République centrafricaine et «Pélican» au Congo. Il a aussi dirigé les opérations spéciales en 2004 et pris la direction du renseignement militaire en 2008.