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Les accusés du 11-Septembre devant la justice américaine
Publié le 05/05/2012 à 12:03
Khaled Cheikh Mohammed en 2003
Les cinq accusés vont être formellement mis en accusation devant le tribunal militaire de Guantanamo ce samedi. La procédure s'annonce longue et les débats centrés sur l'usage de la torture par les services secrets américains.
Près de onze ans après les faits, les cinq accusés des attentats du 11-Septembre sont renvoyés ce samedi devant la justice américaine. Contrairement aux souhaits du président Obama, les accusés seront jugés devant une commission militaire capitale, et non devant la justice civile. Cela «signifie que les cinq accusés pourront être condamnés à mort s'ils sont reconnus coupables», avait expliqué le mois passé le ministère de la Défense américain.
La procédure s'annonce longue. Lors de la journée de samedi, les cinq prisonniers seront formellement mis en accusation, mais le procès en lui-même ne devrait pas débuter avant plusieurs mois, auxquels il faudra ajouter de probables appels. Selon Andrea Prasow, experte en contre-terrorisme pour l'ONG Human Rights Watch interrogée par Libération, «il faudra encore compter cinq, six ou sept ans avant d'arriver à un verdict final».
Un point devrait être au coeur des débats: l'usage de la torture. Khaled Cheikh Mohammed, le cerveau autoproclamé des attentats, a ainsi subi 183 simulations de noyade et 7 jours et demi de privation de sommeil dans une prison secrète de la CIA avant de rendre ses premiers aveux, selon un rapport du renseignement américain. Sur la chaîne CBS, un ancien responsable de la CIA se justifie. «Khaled Cheikh Mohammed était l'un des détenus les plus durs et il n'aurait pas parlé sans nos techniques rigoureuses», explique-t-il. «Nous avons fait ce qu'il fallait pour de bonnes raisons».
«Instiller un sentiment de désespoir au détenu»Le Koweïtien d'origine pakistanaise, âgé de 47 ans, a été capturé le 1er mars 2003. Il a passé les trois années suivantes dans une prison secrète de la CIA, avant d'être transféré à Guantanamo en septembre 2006. «Le programme visait à instiller un sentiment de désespoir au détenu pour qu'il puisse conclure de lui-même qu'il ferait mieux de coopérer», a expliqué l'ancien interrogateur de la CIA. Selon lui, l'homme «n'avait pas peur de mourir, et a perdu 22 kilos».
Si Khaled Cheikh Mohammed a eu le droit au «menu complet» en terme de torture, selon les mots du procureur en chef à Guantanamo en 2006, les quatre autres accusés ont pu goûter à «quelques plats». «Tous les cinq ont été torturés de manière différente: manipulation de l'environnement, privation de sommeil, températures extrêmes», assure Anthony Romero, directeur de l'Union américaine pour les libertés civiques (ACLU).
L'usage de telles méthodes va servir d'argument à la défense pour éviter la peine de mort aux accusés. En effet, une des règles des tribunaux militaires d'exception réformés stipule qu'il est «interdit d'utiliser des éléments de preuve recueillis sous la torture». L'accusation a vu venir cette difficulté, et a réussi à obtenir légalement des preuves contre les cinq accusés. Un ancien acolyte de Khaled Cheikh Mohammed a ainsi accepté de témoigner contre lui en échange d'une réduction de peine.