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Confidences d'un président en campagne
Publié le 22/11/2011 à 22:28 Nicolas Sarkozy salue la foule massée autour de la place Clémenceau, à Paris, pour les célébrations du 11 Novembre.
Nicolas Sarkozy dévoile petit à petit sa stratégie de candidat auprès des cercles qu'il réunit à l'Élysée.
De plus en plus bavard. Jusqu'au G20 de Cannes, début novembre, Nicolas Sarkozy ne disait presque rien de la campagne à venir devant ses interlocuteurs. Mais il a entendu les demandes venues de tous côtés pour qu'il s'implique plus. Tout en refusant de se déclarer, il distille maintenant devant les élus des remarques et des recommandations qui attestent clairement sa future candidature. Ces «cercles horizontaux» et cloisonnés, qu'il reçoit chaque semaine à l'Élysée, lui offrent l'occasion de montrer qu'il est à son affaire, qu'il sait où il va pour la campagne de 2012.
«J'ai des idées très précises de ce que je proposerai aux Français», a-t-il confié, en expliquant qu'il préparait un «gros coup» pour son entrée en campagne, «quelque chose de choc». «Quand je serai candidat, je monterai sur le ring», a-t-il ajouté en refusant d'en dire plus : «Je ne veux pas que ça fuite.» En attendant, il demande à tous de marteler qu'il est le seul à vraiment «protéger» les Français. «Ce n'est peut-être pas le mot de la campagne, mais c'est le mot de la précampagne», confirme un conseiller.
«Je ferai les choses différemment»
Devant la jeune garde UMP, qu'il reçoit désormais le jeudi à l'Élysée, le chef de l'État a évoqué pour la première fois l'hypothèse d'une défaite : «Si je perds, la droite explosera, a-t-il prophétisé. Mais si je gagne, vous en serez. Vous avez tout à gagner de ma victoire. Ce qui n'est pas forcément le cas de tous… Parmi vous, certains s'imposeront, d'autres, non.»
Le président a confié qu'il «gérait» les «éléphants», réunis chaque mardi à l'Élysée : Alain Juppé, François Fillon, Jean-François Copé, Jean-Pierre Raffarin notamment. «Ils ne se feraient pas tuer pour moi, je ne suis dupe de rien», a-t-il ajouté. Sarkozy a déploré les «querelles» au sein de la majorité et laissé entendre qu'il mettrait en place une organisation totalement différente, s'il était réélu. «Quand un président entame son second mandat, il lui faut beaucoup renouveler le Conseil des ministres», a-t-il souligné. De même pour le parti : «Je ferai les choses différemment», a-t-il encore confié.
Sur le plan matériel, il est aussi très au clair sur sa campagne. Il souhaite une organisation a minima. Il s'est récemment moqué de l'équipe de «l'armée mexicaine» de François Hollande. «C'est ce que je ne veux pas, a-t-il lâché. Quand je pense qu'il y en a qui veulent m'enfermer dans un organigramme. Je n'ai pas besoin de donner des titres. J'ai besoin de soldats pour bombarder un peu le terrain.»
Sarkozy estime que les différents «cercles» (poids lourds, ministres, jeune garde, société civile, etc.) peuvent «rayonner» : «Ça évite de s'enfermer dans des schémas préétablis», a-t-il précisé. «Personne ne peut, seul, se prévaloir de ma parole», a-t-il prévenu. «Sur la forme, nous restons dans le flou. Hollande, lui, reste flou sur le fond», résume le président. Il a raillé les socialistes, Aurélie Filippetti, «responsable des intellectuels », et Michel Sapin, qui «a négocié avec les Verts sans savoir ce qu'était le MOX». «On sait désormais pourquoi Mitterrand ne l'a jamais nommé ministre en quatorze ans», a-t-il conclu au sujet de Hollande. Avant d'ajouter : «Ne lâchez pas Hollande quand il fait de mauvaises propositions. Sur le droit de vote des étrangers, par exemple, attaquez !»
Le chef de l'État a expliqué qu'il n'accordait aucune importance au siège de campagne : «En 2007, je n'y avais quasiment pas mis les pieds», a-t-il rappelé. Il n'empêche qu'il choisira bien des bureaux en dehors de l'Élysée et du parti. Même si le chef de l'État ne souhaite pas déposséder l'UMP de l'animation de la campagne, comme cela avait été le cas en 2007.
Son entrée en campagne ? «Au plus tôt mi-février, s'il n'y a pas aggravation de la crise», a-t-il confié. «Trois mois de campagne, c'est déjà long» , a-t-il ajouté, en rappelant qu'en 2007, il avait quitté le ministère de l'Intérieur le 26 mars pour se consacrer à sa campagne. Et que déjà, à l'époque, beaucoup d'élus lui demandaient de devenir candidat à plein temps dès le mois de décembre.