Election présidentielle égyptienne : Souleimane et les leaders islamistes écartés

ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE ÉGYPTIENNE :

Souleimane et les leaders islamistes écartés

Lundi 16 Avril 2012

Par Nardjes FLICI


Le Frère musulman Khairat al-Chater, Omar Souleimane et le salafiste Hazem Abou Ismail écartés par la commission électorale égyptienne.

Le candidat des Frères musulmans Khairat al-Chater, l'ancien vice-président Omar Souleimane et le salafiste Hazem Abou Ismaïl ont fait appel de leur exclusion.

Décidément, les Frères musulmans ont bien pris leurs dispositions. La commission électorale égyptienne a annoncé samedi soir avoir écarté dix des 23 candidats à la présidentielle du 23 et 24 mai, dont l'ancien vice-président Omar Souleimane, le salafiste Hazem Abou Ismaïl ainsi que le candidat des Frères musulmans Khairat al-Chater. Toutefois, les candidats ont 48 heures pour faire appel auprès de la commission électorale de la décision de les exclure. Alors que des responsables écartés ont indiqué qu'ils iraient en appel, les Frères musulmans ont d'ores et déjà pris les devants. S'attendant à cette décision, les Frères musulmans, première force politique d'Egypte, ont annoncé il y a une semaine, avoir décidé de présenter un second candidat à la présidentielle, au cas où son premier choix serait invalidé. C'est Mohammed Morsi, le président du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), qui est présenté en tant que candidat alternatif, pour garantir leur présence dans la course. La candidature de Khairat al-Chater, le numéro deux de la confrérie islamiste, a finalement été rejeté. La cause, M. Al-Chater est sorti de prison en mars 2011 après avoir été condamné par un tribunal militaire à sept ans de réclusion pour des accusations de terrorisme et de blanchiment d'argent. Or, la loi stipule que toute personne ayant été condamnée à de la prison doit attendre six ans à partir de la fin de sa peine ou de la date de sa grâce avant de pouvoir retrouver ses droits politiques. Les chances de l'appel d'al-Chater sont donc très minces. Concernant les autres candidats écartés, M.Souleimane, un proche du président déchu Hosni Moubarak, a été disqualifié parce qu'il n'a pas réussi à obtenir les signatures d'électeurs de 15 gouvernorats du pays comme requis par la loi, a affirmé un responsable de la commission. M.Abou Ismaïl ne peut quant à lui être candidat en raison de la nationalité américaine de sa mère. Rappelons que la loi électorale stipule que tout candidat à la magistrature suprême doit être uniquement égyptien, de même que ses parents et son épouse. Quant à la décision de disqualifier l'opposant Ayman Nour, elle a été annoncée la semaine dernière. Il l'a été pour les mêmes raisons que M. Chater. Bien que ses droits politiques lui aient été rendus par le pouvoir militaire, la justice administrative égyptienne lui a récemment interdit de se présenter. Plusieurs poids-lourds restent cependant en lice: l'ex-membre des Frères musulmans Abdelmoneim Aboul Foutouh, l'ex-patron de la Ligue arabe Amr Moussa (longtemps ministre des Affaires étrangères de Hosni Moubarak) et le dernier chef de gouvernement de M. Moubarak, Ahmad Chafiq. Le Conseil suprême des forces armées, au pouvoir depuis la chute du Raïs en février 2011, s'est réuni hier avec les chefs des partis pour examiner la situation sur la scène intérieure. Le maréchal Hussein Tantaoui, président du Conseil suprême a présidé une réunion avec les chefs de 17 formations, dont le Parti de la Liberté et de la Justice (Frères musulmans) et al-Nour (salafiste), ainsi qu'avec des députés. Si elle est maintenue, la décision de la commission électorale transformerait le paysage électoral en faisant disparaître les candidatures les plus en vue et les plus controversées. La liste définitive des candidats doit être publiée le 26 avril, et le premier tour de l'élection présidentielle est prévu pour les 23 et 24 mai prochains, et un éventuel deuxième tour doit avoir lieu les 16 et 17 juin.